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vendredi 23 septembre 2016

4H44 d'Abel Ferrara (2011)



Lui, c'est Cisco, elle, Skye. Deux amants, deux artistes qui pour cette dernière journée sur Terre ont décidé de rester unis, seuls dans leur appartement, afin d'affronter ce qui va sceller le sort de l'humanité et de toute vie sur terre : la fin du monde. Parce que l'homme n'a jamais su véritablement prendre conscience du danger, demain matin, à 4h44 très précise, la couche d'ozone aura totalement disparue et avec elle, l'absorption des rayons solaires ultraviolets ne sera plus possible.

« Pourquoi tu t'rases ? » Skye
« Pour toi. Je l'fais pour toi, je sais qu't'aime pas quand ça pique. » Cisco

Tout ou presque est contenu dans ces deux phrases récitées par les deux principaux acteur de 4H44, un drame de science-fiction sorti en 2011 et réalisé par Abel Ferrara. Willem Dafoe et Shanyn Leigh. Lui veut encore y croire, et pour cela, il n'a pas changé ses habitudes. Même s'il va connaître des hauts et des bas, mettant à rude épreuve les espoirs qu'il a fondé sur l'hypothétique idée que tout pourrait finalement se dérouler autrement le moment venu. Elle, a déjà abandonné. Et pour passer ces quelques heures qui les séparent de la mort, elle peint. Encore et toujours. Ressenti et vision apocalyptiques s'entremêlent dans son œuvre.
Dix ans après les événements du 11 septembre 2001, le fantôme des victimes des attentats qui ont causé la mort de milliers de personnes et la chute du World trade Center hante le film d'Abel Ferrara. C'est du moins ce que semblent ressentir Cisco et Skye. Trois ans plus tôt, le cinéaste Roland Emmerich sortait le prophétique 2012 qui n'était en fait que l'un des nombreux augures de tout un pan du cinéma américain basant son œuvre sur une épouvantable surenchère en matière d'effets-spéciaux.

En 2011, curieusement, deux projets coïncident. Comme coïncidèrent en 2009 deux œuvre portées par deux univers post-apocalyptiques saisissants (La Route de John Hillcoat et Le Livre d'Eli de Albert et Allen Hughes). Deux œuvres qui s'éloignent du style ravageur et ravagé imposé par le tout Hollywood. D'un côté, le Melancholia de Lars von Trier. Une œuvre riche, mais tellement ennuyeuse qu'elle laissait craindre le pire concernant le versant underground imposé par la présence d'Abel Ferrara sur le projet 4H44. Tout comme Lars von Trier, lui non plus n'abuse d'aucun effet de surenchère. Tout s'y déroule comme n'importe quel quotidien de n'importe quel individu sur Terre. L'environnement est au cœur du sujet. La famille également. La religion n'est peut-être pas la principale préoccupation du cinéaste cette fois-ci mais elle a elle aussi droit à sa part du gâteau.

Abel Ferrara signe curieusement l'un des plus beaux films sur le sujet de la fin du monde. Comme l'un des derniers soubresauts d'un ancien génie du septième art qui se serait un peu trop dilué avec le temps. Encore une fois, c'est pratiquement son acteur fétiche Willem Dafoe qui fait tout le travail. Car d'une manière générale, et c'est peut-être aussi ce qui fait son charme, Abel Ferrara n'a pas l'air très à l'aise avec sa caméra et la laisse fouiner à peu près partout dans le décor, semblant n'avoir pas vraiment d'emprise sur elle. Le cinéaste continue d'explorer l'âme humaine mais cette fois-ci avec davantage de retenue. Comme s'il fallait respecter ceux qui bientôt ne seraient plus. Le film aurait pu être ennuyeux, pourtant, Ô miracle, le charme agit sur le long terme. On regretterait presque qu'il ne dure pas davantage car en moins d'une heure trente, Abel a décidé que le tour de la question était fait. Et pourtant, il y en aurait eu des choses à raconter. Des destins promis au meilleur, comme d'autres au pire et dont la caméra a choisi de laisser la vie en suspens.
D'où l'on reconnaît le cinéma de Ferrara, qui avec cette fin sans chichi laisse la place à l'imaginaire et fait preuve d'un immense respect pour ses interprètes et leur personnage. Un vrai grand et beau film...

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