J'avoue, lorsqu'a été
annoncé le tournage de Welcome to New-York d'Abel
Ferrara, et connaissant le bonhomme, j'ai ressenti comme une forte
douleur à la poitrine. Merde, ce grand homme, des traumatiques Bad
Lieutenant et MS 45 allait donc vendre son âme
au Diable. Et puis l'affaire DSK s'est dissipée, et avec elle, le
souvenir de cette annonce tapageuse d'un tournage s'en inspirant.
Frileuse, la France éclipse sa sortie en cinéma, et n'étant pas un
adepte du VOD, j'oublie même jusqu'à l'existence du dernier né
d'Abel Ferrara. Et puis, il y a quelques jours, l'irrépressible
envie d'écrire sur The Addiction (ça y est, le titre
est lâché), l'un des meilleurs films de son auteur, m'a donné une
autre envie : celle de découvrir quelques-unes des œuvres que
j'avais volontairement évité de regarder jusqu'à maintenant. GO GO
Tales, 4H44, et maintenant Welcome to New-York.
Et si dans le titre New-York n'apportera pas autant de bonheur et de
gloire à Abel Ferrara que lors de la sortie de son excellent King
of New-York,
on peut se demander dans quelles mesures les critiques négatives à
l'encontre de Welcome to New-York ne
seraient pas exagérées.
Car
en fin de compte, et malgré tous ceux qui ont tenté d'empêcher le
tournage ou de nuire à sa réputation, même bien avant sa sortie en
VOD ou en DVD, l’œuvre de Ferrara n'est pas aussi mauvaise que
tant de personnes l'affirment. Évidemment mal reçu dans notre pays,
le film passe à Cannes en marge du festival. Gilles Jacob affirmant
sur RTL que les producteurs du film ont pris en otage le prestige et
l'image de marque de Cannes en parasitant, comme « des coucous dans
un nid », les œuvres présentées en compétition (Wikipedia).
Grotesque.
Welcome to New-York
n'est
certes pas le meilleur film d'Abel Ferrara. Mais il n'est pas non
plus le moins réussi de sa carrière. En abandonnant logiquement
Willem Dafoe pour un Gérard Depardieu dont la silhouette colle mieux
à celle de celui dont le scénario s'inspire, le cinéaste offre à
notre Gégé national un rôle à la mesure de son talent. Prêt à
tout sacrifier, jusqu'à même sa nudité pour l’œil voyeur de la
caméra, Gérard Depardieu se fout à poil. Isabelle Adjani, quant à
elle prend la fuite sans même être montée sur le plateau de
tournage. Aurait-elle réellement été déçue par le scénario ou
aurait-elle eu peur de nuire à sa carrière d'actrice ?
Peut-être nous délivrera-t-elle la clé du mystère sur son lit de
mort, toujours est-il que c'est l'actrice américaine Jacqueline
Bisset qui prend sa place et incarne l'alter ego fictionnel d'Anne
Sinclair.
Si
Welcome to New-York a
déçu une part du public (je ne parle même pas de ceux qui l'on
assassiné sans même l'avoir vu), c'est peut-être aussi parce
qu'Abel Ferrara aborde le sujet sous un angle inattendu. Le cinéaste
n'a pas eu l'intention d'en faire un show spectaculaire mais plutôt
une œuvre intimiste suivant la trace d'un individu sur lequel
beaucoup d'espoirs en matière de politique sont fondés (son épouse
le rêve président de la république française). La caméra de
Ferrara suit scrupuleusement Depardieu et son personnage d'homme
public accro au sexe qui a eu la malencontreuse idée d'agresser
sexuellement une femme de ménage qui elle, n'a pas hésité à
porter plainte. S'ensuivent donc l'arrestation et l'emprisonnement
(qui donnent quand même lieu à de très intéressants moments de
cinéma), et de très timides passages consacrés au harcèlement
médiatique et au procès. Deux éléments fondamentaux qui ici,
demeurent très largement éludés. En tant que Biopic, Welcome
to New-York se
révèle assez décevant, mais en tant qu'oeuvre personnelle, le film
demeure plutôt agréable à suivre. Comme écrit plus haut, le film
n'est pas le pire qu'ait tourné son auteur. Et retrouver l'immense
Depardieu est toujours un plaisir. Un Gérard qui pourtant à affirmé
plus tard avoir regretté de tourner auprès d'Abel Ferrara...
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