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vendredi 23 octobre 2015

Ennemis Intimes de Werner Herzog (1998)



Le cinéaste Werner Herzog revient dans cet incroyable documentaire, sur les rapports qu'il entretenait avec l'extraordinaire acteur Klaus Kinski. De la crise de folie ahurissante durant laquelle l'acteur détruisit le mobilier de l'appartement dans lequel il vécut avec la mère et les deux frères de Werner ainsi que ce dernier durant trois mois, pour une simple histoire de chemises mal repassées. Jusqu'à leur collaboration qui vit les deux hommes tourner ensemble cinq films dont au moins deux sont des chefs-d’œuvre, "Aguirre, La Colère De Dieu" et " Fitzcarraldo".

A vingt-huit ans Werner Herzog tourne son sixième film. Ce sera pour Kinski et lui l'occasion de tourner ensemble pour la première fois. Un budget minime et un Kinski encore imprégné du rôle de Jésus qu'il interpréta dans de grandes salles devant un public qui allait le voir pour assister avant toute chose à ses crises de colère firent du tournage un projet difficile à mener à bien. Se voulant proche de la nature et dans un besoin de la conquérir, Kinski exigeait pourtant l'absence de moustiques et surtout qu'il ne pleuve pas. Première nuit et première crise, il s'énerva avant d'aller s'installer finalement au seul hôtel présent dans la région. Au début du tournage, la pluie fit des siennes et un épais brouillard recouvrit les montagnes alentours dont se servit Herzog pour l'enivrante introduction du film. Kinski se plaint très vite de ne pas être suffisamment mis en avant dans le projet et traita Werner de mégalomane. Ce dernier n'hésita pas alors un seul instant à lui rétorquer qu'ils étaient deux à l'être.

Mais pourquoi donc Werner Herzog a-t-il fait le choix de s'imposer la présence d'un homme aussi difficile à maîtriser que Klaus Kinski?

Herzog revient pour répondre à cette question sur son passé. A quinze ans, il a vu l'acteur interpréter le rôle d'un officier allemand qui emmène des enfants sur le front. La veille, tous s'endorment, les soldats ainsi que les mères des enfants. Kinski lui-même s'endort, la tête plongée dans le creux de ses bras. Ce qui va marquer Werner Herzog à vie, c'est la façon dont le personnage (Kinski donc) est réveillé le lendemain matin. Un détail qui va influencer plus tard le cinéaste dans son métier...

Klaus Kinski, acteur souvent moqué, exhibé et incompris était avant tout un acteur de génie qui s'investissait corps et âme dans ses projets ainsi que dans ceux des autres. Et notamment dans ceux de Werner Herzog qui lui offrit les plus beaux rôles de sa vie. Les deux films cités plus haut que l'on peut considérer comme un diptyque sur la folie de l'homme et son combat contre une nature hostile et merveilleuse. Le fleuve amazone sert de décor à un Brian Sweeney Fitzgerald rêvant d'édifier un opéra en plein cœur de la forêt amazonienne et à un Lope de Aguirre épris de pouvoir et fantasmant sur un hypothétique eldorado.

Kinski montre combien il est à l'image de la nature qui les entourent lui et le reste des équipes de tournage. Impossible à contrôler, d'une énergie débordante mais d'un caractère absolument ingérable, il peut se montrer d'une tendresse et d'une douceur infinies comme lors de la touchante scène du papillon comme devenir un fauve dangereux face à des techniciens habitués à le voir sortir de ses gonds pour n'importe quelle espèce de raison. Le document traite aussi et surtout des rapports qu'ils entretenaient Werner Herzog et lui. Le premier, courageux, donne à l'acteur la chance de pouvoir exprimer son talent dans des rôles qui lui collent à la peau et qui marquent profondément la conscience de ceux qui ont le bonheur de contempler d'aussi somptueuses, grandioses et dantesques mises en scène. Woyzeck et Nosferatu, Fantome De La Nuit, tout deux réalisés en 1979 ainsi que Cobra Verde tourné en 1988 soit trois ans avant la disparition de Klaus Kinski, viendront compléter la collaboration entre les deux hommes. Ennemis Intimes quand à lui est l'hommage vibrant d'un cinéaste pour son acteur fétiche. Un témoignage qui montre combien l'acteur n'a pas volé sa sulfureuse réputation d'insupportable mégalomane mais qui démontre combien il aura marqué le cinéma mondial en général et celui de Werner Herzog en particulier...

A voir, absolument.

2 commentaires:

  1. Ou peux-t'on le voir ? Merci.

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  2. Celui-ci, je l'avais vu lors d'un passage sur Arte il y a un certain nombre d'années...

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