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mercredi 18 avril 2012

Peeping Tom de Michael Powell (1960)



Célibataire et propriétaire d'une grande demeure dont il loue plusieurs chambres, Mark Lewis est un jeune homme relativement introverti, qui rase les murs et évite de croiser ses locataires. Caméraman dans le cinéma, il lui arrive d'arrondir ses fins de mois en photographiant de jeunes femmes dénudées dans l'arrière boutique d'une librairie. Passionné d'image, il voue une véritable passion pour sa caméra portative qu'il ne quitte jamais. Qu'il soit chez lui, au travail ou bien même dans la rue, il la fait suivre en bandoulière et filme à peu prêt tout ce qui attire son attention.

D'un physique agréable, et particulièrement sympathique quoique toujours aussi peu ouvert sur les autres, il apparaît comme un homme somme toute assez banal. Cependant, derrière ce masque se cache un individu de la pire espèce: Un tueur. Et qui ne s'en prend qu'aux femmes. De celles sur le visage desquelles se lit la peur alors qu'elles vont bientôt mourir.


L'arme de Mark Lewis: sa caméra. Prolongement de son œil droit, l'un des pieds du support est muni d'une sorte de baïonnette que le tueur enfonce dans le corps de ses victimes alors qu'elles assistent elle-mêmes en tant que témoin de leur propre mort à travers le miroir fixé sur la caméra. Une fois son méfait accompli, le meurtrier retourne chez lui développer la pellicule afin de regarder ensuite le film retraçant toute l'horreur de l'acte qu'il vient de commettre.

Un soir, Helen Stephens, l'une des locataires de la maison, invite Mark à venir assister à son anniversaire. Mais comme ce dernier décline l'invitation, c'est plus tard dans la soirée que la jeune femme vient frapper à sa porte, une part de gâteau dans les mains. Mark la fait entrer et lui fait découvrir sa passion pour le cinéma. Dès lors, une relation d'amitié nait entre les deux jeunes gens. Ne parvenant malgré tout pas à réfréner ses obsessions, Mark continue à errer quand vient la nuit à la recherche de proies potentielles. Attirée par l'étrange propriétaire, Helen s'invite régulièrement chez lui sans imaginer la part sombre du personnage. La mère d'Helen est aveugle. Ce qui ne l'empêche pas de "percevoir" le comportement ambigu de Mark. Au point de refuser à sa fille tout rapport avec le jeune homme...


"Le Voyeur" fait partie de ces œuvres longtemps boudées par la presse. Ne dérogeant pas à cette règle, le film de Michael Powell dérange. Surtout qu'à l'époque, rares sont les films à aborder des thèmes aussi dérangeants que la scoptophilie (pratique morbide consistant à épier et se nourrir de la peur des autres). Les années soixante participant très certainement à l'aspect relativement sobre des méfaits perpétrés par Mark (l'excellent Karl Bohem), on pourra se demander aujourd'hui ce qui put tant choquer les médias de l'époque. Et pourtant, plus de cinquante ans plus tard, il arrive lors de certaines scènes d'être effectivement troublé. Plus qu'un simple film d'horreur, il s'agit surtout d'un drame terrible. Et ce ne sont pas les quelques meurtres auxquels on assiste (bien qu'exécutés hors champs) qui donnent le tournis mais bien l'emprise du souvenir d'un père lui-même obsédé par la peur au point d'utiliser son fils comme cobaye. Le frisson qui parcourt l'échine de Mark lorsqu'il se trouve dans une phase obsessionnelle et le rapport qu'il entretient avec sa caméra donnent à cette dernière l'image d'un objet sexuel sans lequel Mark ne peut ressentir aucun désir.

Lorsque le père de Mark disparaît, ce dernier prend la relève et se lance dans un projet insensé qui démontre bien à quel point il semble déconnecté de la réalité. Plutôt que de renier une enfance de cauchemar, Mark travail sur la création d'un documentaire lié aux folles obsessions de son père. Alors il tue, filmant chacun de ses actes. Mais pour combler son expérience, il va jusqu'à emporter sa caméra sur les scènes de crimes et filmer la réaction des passants et toujours dans l'espoir de pouvoir assister aux enquêtes de police.


Un autre aspect déstabilisant de l'œuvre de Powell, c'est l'implication du spectateur durant les nombreuses scènes pendant lesquelles ce dernier est "obligé" de regarder lui-même à travers l'objectif de la caméra. L'interposant entre Mark et son "outil" de travail, le spectateur se retrouve alors "coincé" au beau milieu d'actes qu'il réprime.

Visuellement, "Le Voyeur" est une merveille. Profitant d'un style lié à une époque lointaine, la musique elle-même est un voyage aux tréfonds du septième art, lorsque prédominait le piano et que la parole n'était encore pas de mise. Il y a dans le film de Powell, un hommage flagrant au cinéma muet en général et à l'expressionnisme allemand en particulier. Une très grande œuvre.

1 commentaire:

  1. Super analyse d'un film que je ne connaissais pas.
    1960 dis-tu ? A cette époque là, même les scènes "chocs"devaient être tournées avec finesse, sans surenchère d'effets spéciaux, avec un côté plus psychologique...enfin, c'est le sentiment que j'en ai; et puis j'aime bien les couleurs, les atmiosphères et les décors de cette époque là.
    Je crois que j'aimerais bien voir ce film :-)

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