Curieuse comédie qu'est
Papamobile
de Sylvain Estibal... Quatorze ans après Le
cochon de Gaza
qui permit au cinéaste de remporter le Prix du Public au festival
international du film de Tokyo en 2011 ainsi que le César du
meilleur premier film l'année suivante, son auteur revient avec ce
que l'on peut supposer être effectivement une comédie mais que son
auteur choisit de traiter sur le ton de la satire. Sans prise de
risque aucune puisque choisissant de mettre en avant la première
figure du Christianisme en la personne du Pape qu'il est tellement
plus aisé de moquer que n'importe quelle autre religion, un signe,
un seul aurait dû éveiller les inquiétudes du public s'agissant de
l'intérêt d'aller voir le film en salle ou non. Plus que la
présence de Kad Merad dont l'image au cinéma s'éteint au fil
d'interprétations plus miteuses les unes que les autres, c'est bien
la réaction tout d'abord étonnante de l'un des producteurs de
Papamobile
qui pousse à la réflexion. Principal contributeur aux finances du
long-métrage, Jean Bréhat avoue que le film est raté, qu'il s'agit
d'une comédie pas drôle, justifiant pour terminer que cela arrive
dans le métier ! Ouf ! Nous voilà donc rassurés....
Puisque ça
arrive !!!
N'empêche, reste à savoir si le producteur qui à son compte
produisit tout ou partie des œuvres signées de Bruno Dumont et
Rachid Bouchareb est responsable des calamiteux résultats obtenus au
box-office par le second film de Sylvain Estibal. Sans doute, en
partie, puisque en dénigrant d'emblée le film, son distributeur a
ensuite enchaîné derrière lui en réduisant les risques de pertes
financières. Comment ? En offrant une promotion restreinte à
la portion congrue. Une bande-annonce de trente secondes seulement et
pas la moindre campagne nationale. Pire : la sortie de
Papamobile
n'a bénéficié que de sept salles de cinéma. ''Profitant'' d'un
budget minimaliste d'un million et deux-cent milles euros, le film se
ramasse totalement dans les salles tandis que son distributeur
indique très officiellement que la comédie de Sylvain Estibal n'a
attiré que trois-cent soixante-douze spectateurs. Jusque là, Adieu
Jean-Pat
de Cecilia Rouand détenait le record du plus petit nombre d'entrées
effectué cette année avec environ quatre-vingt mille entrées mais
depuis, Papamobile
a renversé la suprématie de son concurrent en érigeant un nouveau
modèle de naufrage artistique en ne parvenant même pas à obtenir
ne serait-ce que la moitié d'un millier de spectateurs !
Maintenant, en tant que spectateurs, soyons objectifs.
La
comédie de Sylvain Estibal est réellement mauvaise. Arrivant
presque au niveau d'indigence du premier long-métrage de Michèle
Laroque en tant que réalisatrice, Brillantissime,
qu'elle réalisa en 2018, des purges infâmes que sont Les
naufragés,
Le dernier mercenaire et
Le jardinier
de ce véritable ''escroc du septième art'' qu'est David Charhon ou
encore du catastrophique Brutus Vs César
de Kheiron dans lequel vinrent notamment se compromettre Thierry
Lhermitte, Gérard Darmon, Pierre Richard ou encore Artus et Ramzy
Bédia, le long-métrage de Sylvain Estibal invoque un nouveau
concept : la comédie déprimante. Pire qu'une comédie noire
capable de faire sourire et même hurler de rire bien que le sujet
puisse être d'une très grande noirceur (on se souvient encore du
féroce Oranges sanguines
de Jeran-Christophe Meurisse en 2021 pour n'évoquer qu'une œuvre
récente), Papamobile file
le bourdon. Kad Merad lui-même, dans le double emploi du Pape
Barnabé et de son sosie semble ne jamais y croire. Le problème du
film provenant certainement du fait qu'entre l'humour et les quelques
passages plus sérieux, la frontière entre les deux se distingue
avec si peu de clarté que l'on ne sait jamais s'il faut rire ou
ressentir de la compassion pour les personnages. Face à lui, le
réalisateur et scénariste lui oppose l'actrice Myriam Tekaïa que
l'on avait déjà pu découvrir dans le premier long-métrage de
Sylvain Estibal. Dans Papamobile
elle
incarne une cheffe de cartel qui veut profiter de la venue du Pape
pour l'enlever et faire ouvrir au Vatican un compte en banque qui lui
permettra de blanchir l'argent de la drogue ! Sauf que rien ne
se déroulera évidemment comme prévu.... Si l'idée de faire
interpréter à l'ancien complice d'Olivier Baroux le double-rôle du
Pape et de son sosie est plutôt séduisante, le résultat à l'image
est véritablement navrant. Le scénario, écrit par Sylvain Estibal
et sa principale interprète féminine offre en réalité très peu
d'intérêt. On ne se passionne jamais pour ce duo de personnages
inédits dont l'interaction est loin de satisfaire les spectateurs en
matière de rires ! L'un des principaux soucis que rencontre le
cinéaste avec son projet est tout d'abord son budget. La totalité
des décors, entre Mexique et Vatican se résume à quelques décors
minimalistes. Kad Merad donne l'impression de s'ennuyer aussi ferme
que nous. Seule la charmante Myriam Tekaïa tente de vitaliser le
tout mais c'est bien peu en comparaison des tares qui pullulent au
sein du projet. Et à commencer par cette imbuvable bande musicale,
totalement ringarde et commise par ce qui semble être un parfait
inconnu du nom de Adeo... Bref, à fuir...



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