En cet instant crucial où
il est temps de choisir ses mots pour ne pas froisser la santé
fragile de certains, j'ai mis beaucoup d'énergie et de mental à
faire le choix entre deux films dont ni l'un ni l'autre ne
m'inspirèrent. D'un côté, Papamobile
du journaliste, écrivain et réalisateur français Sylvain Estibal
qui avec ce second long-métrage réalisé onze ans après Le
Cochon de Gaza
ne pensait tout de même pas, espérons-le, remporter une nouvelle
palme après celle du Meilleur Premier Film en 2012 ? Et de
l'autre, le moyen-métrage Necrophobia
des cinéastes néerlandais Frank van Geloven et Edwin Visser qui
tournèrent à nouveau ensemble Slaughter Night
onze ans plus tard, en 2006. Depuis ? Rien, nada... Une carrière
courte, et qui donc fut marquée par un projet hors-norme et dont on
ne retrouve l'audace que dans des productions obscures dont certaines
ont parfois la chance d'émerger de l'ombre grâce à leur propos.
Compagnon presque idéal des deux Nekromantik
réalisés en 1987 et 1991 par le réalisateur et scénariste
allemand Jörg Buttgereit, j'ai donc choisi d'aborder Necrophobia.
Et puisque contrairement au long-métrage de Sylvain Estibal que
j'ai abandonné en cours de route je suis parvenu à atteindre les
soixante minutes du curieux film de Frank van Geloven et Edwin
Visser, pourquoi ne pas en évoquer le contenu ? Proche du
diptyque du cinéaste allemand, Necrophobia,
dont le titre cache très mal les intentions de ses auteurs, est
parfaitement calqué sur le style visuel de la décennie au cœur de
laquelle il a été enfanté. Racontant l'histoire dramatique de deux
personnages amenés à se rencontrer entre les tombes d'un cimetière
où a été enterrée la veuve de Mark (Martijn Oversteegen), le
jeune homme, anéanti, se laisse happer par la beauté de cette jeune
inconnue qu'il semble également intéresser. Ayant remarqué à
plusieurs reprises la présence de cette femme très séduisante,
Mark finit par l'aborder. Confirmant ainsi qu'il a perdu sa femme
tandis que l'inconnue dévoile son identité et témoigne de la mort
de son conjoint. Bientôt, celle qui se fait appeler Colette Morbeck
(l'actrice Gerry Verhoeven) et Mark entretiennent une relation
charnelle. Mais ce que ne sait pas le jeune veuf, c'est que sa
nouvelle compagne consulte un psychiatre du nom de Bernhardt (Rutger
Weemhoff) dont les méthodes très particulières vont causer de
graves troubles psychologiques chez la jeune femme. Hantée par des
cauchemars de plus en plus fréquents, Colette déterre des cadavres
qu'elle transporte chez elle et place dans le sous-sol de sa demeure.
Et parmi ces derniers, celui de la défunte épouse de Mark, Rebecca
(l'actrice Grietje Besteman)...
Aussi
puérile que soit la mise en scène. Aussi bancale que puisse être
l'interprétation. Aussi grandiloquente que soit la bande musicale
composée par Habbo Beem. Enfin, aussi fauché soit-il, Necrophobia
ne peut laisser indifférent. Qu'on le range immédiatement dans la
catégorie Z ou qu'on lui pardonne ses défauts pour préférer louer
le courage de ses auteurs à aborder le sujet de la mort sous un
angle peu courant, le moyen-métrage de Frank van Geloven et Edwin
Visser est une curiosité qui à l'époque de sa sortie n'aurait sans
doute pas dépareillé s'il avait été distribué chez nous sous la
houlette du distributeur français Haxan
Films.
Les deux cinéastes néerlandais pallient l'évident manque de moyens
par l'usage de séquences parfois percutantes. Des plans gore rares
mais efficaces et un sous-sol décoré de manière grotesque et
morbide puisque sont suspendus à des chaînes, des cadavres dont
l'aspect illustre le remarquable travail des concepteurs
d'effets-spéciaux prosthétiques Maurice van Draanen et Twan
Mickers. Le montage du film étant relativement curieux, le
déroulement du récit passe du temps présent aux visions
cauchemardesques de Colette. Une jeune femme dont la beauté
contraste avec ses nouvelles obsessions nécrophiliques nées de
l'intention chez son psychiatre de faire disparaître sa peur de la
mort. Autant dire que pour le docteur Bernhardt, l'echec est cuisant.
Comme l'est l'interprétation de Rutger Weemhoff qui dans le rôle du
psychiatre en fait des tonnes, donnant ainsi dans une forme de
théâtralité relativement grotesque ! Les problèmes qui
émergent de cet étrange poème morbide accès sur la mort,
l'absence, la psychiatrie et une certaine forme de passion amoureuse
ne permettent pas tout à fait de s'attacher aux personnages,
lesquels semblent incarnés tels des automates récitant leur texte.
Bref, Necrophobia
est une curiosité qui malheureusement ne fera probablement pas
l'unanimité en raison de son sujet et de ses très rares qualités...
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