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lundi 8 décembre 2025

Bugonia de Yórgos Lánthimos (2025) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Artiste réservé et peu enclin à se livrer lors des quelques rares interviews qu'il consent à donner dans les différents médias, le réalisateur, scénariste et producteur athénien Yórgos Lánthimos a bâtit une œuvre qui semble évoquer un cinéaste très sûr de lui, narcissique, voire peut-être même un brin orgueilleux. Et pourtant, il est tout le contraire. Il faut dire que certaines de ses œuvres, et à commencer par Canine en 2009, Alps en 2011 et The Lobster en 2015, ne furent pas du genre à ménager leur public. C'est pourquoi l'on peut considérer qu'en 2025 l'homme a enfin choisi de lâcher la bride même si encore une fois il aborde un thème à priori des plus simple avec son savoir-faire personnel. En effet, Bugonia parlera avant tout à celles et ceux qui sont coutumiers de certains concepts en vogue comme le complotisme, le capitalisme, le post-traumatisme et l'idée aussi folle que passionnante s'agissant de la présence parmi nos concitoyens d'individus venus d'une autre planète. Yórgos Lánthimos joue d'ailleurs sur cette ambiguïté tout au long d'un récit qui frôle les cent-vingt minutes et qui met tout d'abord en scène l'égérie du cinéaste Emma Stone avec laquelle Yórgos Lánthimos signe sa quatrième collaboration. Dans Bugonia, la jeune femme incarne Michelle Fuller, Présiente Directrice Générale de l'entreprise pharmaceutique Auxolith Biomedical. Une femme ambitieuse, reconnue pour ses talents et dont l'un des projets portant sur un traitement anti-opioïde s'est pourtant soldé par un échec. Face à elle, l'acteur Jesse Plemons, vu chez Steven Spielberg, Paul Thomas Anderson, Jane Campion ou Martin Scorsese et qui après avoir collaboré une première fois avec le cinéaste grec l'année dernière pour Kinds of Kindness apparaît ici sous les traits de Teddy Gatz. Un homme déboussolé, effondré, paranoïaque et complotiste qui s'est fichu dans la tête que la PDG de Auxolith Biomedical est une extraterrestre qui est venu au titre d'une espèce que le jeune homme appelle les andromédiens pour préparer l'invasion de notre planète. Une idée farfelu à laquelle, pourtant, adhère son cousin Don, un jeune homme à la santé mentale fragile incarné à l'écran par l'acteur américain autiste Aidan Delbis. Aussi fou et criminel que puisse paraître le projet des deux hommes, Teddy et Don vont kidnapper Michelle, l'enfermer dans la cave de la demeure familiale, lui faire avouer qu'elle fait bien partie d'une espèce extraterrestre et exiger de sa part qu'elle convainque ses supérieurs de la nécessité de les emmener à bord du vaisseau-mère...


Ouais, rien que cela ! Bugonia est un jeu de confrontations entre un homme, Teddy, accablé par un drame dont les répercussions montrent encore aujourd'hui des signes plus qu'inquiétants, et une femme, Michelle, ambitieuse patronne d'une entreprise florissante qui croit très probablement que l'argent' peut tout résoudre. L'affrontement entre les deux personnages est passionnant et l'on ne sait jamais vraiment de quel côté se ranger. Car l'un et l'autre, sous une forme indépendante qui leur appartient, apparaissent tantôt touchants, tantôt glaçants. Mais le piège avec ce genre de scénario écrit ici par Will Tracy est d'éveiller rapidement certains soupçons chez ceux qui sont rompus à ce genre d'exercice. D'autant plus que le dernier long-métrage de Yórgos Lánthimos est en fait le remake du film de science-fiction sud-coréen Jigureul Jikyeora ! de Jang Joon-hwan plus connu chez nous sous le titre Save the Green Planet ! Et donc, la messe est dite. Si Emma Stone continue à développer une carrière remarquable, il est probable que l'on retienne ici surtout la performance de Jesse Plemons, dont le personnage de Teddy est sans doute la nouvelle référence en matière de paranoïa et de complotisme sur grand écran. Quatorze ans après Curtis LaForche (Michael Shannon) dans Take Shelter de Jeff Nichols et sept après Sam (Andrew Garfield) dans Under the Silver Lake de David Robert Mitchell, il incarne un individu crédible, dont l'obsession et l'instabilité ne l'empêchent absolument pas d'être méthodique et très intelligent. Enfin, c'est avec un certain cynisme que Yórgos Lánthimos abordera l'issue du récit. Une conclusion que l'on peut d'ailleurs juger à différents échelons sur une échelle de valeur allant de un à cinq. Après s'être inspiré du scénario du sud-coréen Jang Joon-hwan, cette fois-ci, l'athénien paraît vouloir rendre hommage au mythes et légendes ancestrales de son propre pays. En effet, comment ne pas penser aux écrits qui à une époque firent les beaux jours d'un genre très particulier: le péplum mythologico-fantastique. On pense alors évidemment à Jason et les argonautes de Don Chaffey ou au Choc des titans de Desmond Davis. Mais de là à dire que l'idée de reprendre certains de ces concepts en 2025 pour clore une oeuvre jusque là plutôt brillante fut la meilleure qu'ait eu le réalisateur de Bugonia, il est possible d'en douter...


 

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