Bien que le titre n'y fasse pas directement référence, le premier
long-métrage de la réalisatrice norvégienne Emilie Blichfeldt The
Ugly Stepsister
s'inspire de l'un des plus célèbres contes
occidentaux dont on retrouve certaines similitudes sur d'autres
continents et à travers d'autres récits. En France, c'est
l'écrivain Charles Perrault qui fit connaître son personnage
central à travers le conte Cendrillon ou la Petite Pantoufle de
verre qui depuis à été adapté
de nombreuses fois et sous divers ''supports'' tels que le théâtre
ou le cinéma. L'une des adaptations les plus célèbres demeurant
celle de 1950 produite par les studios Disney,
réalisée par Clyde Geronimi, Wilfred Jackson, Hamilton Luske et qui
d'ailleurs emprunte autant à la version de l'écrivain français
qu'à celle des frères Grimm intitulée Aschenputtel
qui fut publiée quant à elle pour la première fois en 1812 !
Parmi les principaux protagonistes, l'on retrouve donc le personnage
de Cendrillon mais aussi ceux de l'odieuse Madame de Trémaine et de
ses deux filles Javotte et Anastasie, toutes renommées. Quant aux
rats qui furent intégrés au récit de l'adaptation américaine de
1950 Cendrillon,
ils semblent être lointainement évoqués à travers quelques plans
montrant la jeune femme les nourrir... Élément fondamental, le
Prince dit ''Charmant''
apparaît dans The Ugly Stepsister
sous les traits d'Isac Calmroth et sous le nom de Prince Julian...
Ceux qui connaissent bien l'histoire de cette pauvre enfant vivant
sous le même toit que sa tyrannique belle-mère et ses deux
belles-sœurs ne seront pas vraiment perdus au moment d'assister à
la projection de cette version réécrite par la réalisatrice
norvégienne elle-même. Alors que les studios Disney
semblent s'être fait un honneur depuis quelques années d'adapter
certains de leurs grands classiques dans des versions en prise de vue
réelle et que leur Cendrillon
est passé par là en 2015 avec la version réalisée par le cinéaste
britannique Kenneth Branagh, The Ugly Stepsister
dévie quelque peu du format classique pour se rapprocher
ostensiblement de certaines références mises au pilon de la
bien-pensance et de la ''protection
enfantine''
et au profit des amateurs (peu exigeants) de cinéma d'horreur.
C'est ainsi que sous la houlette de producteurs peu scrupuleux nous
vîmes surgir ces dernières années des œuvres aussi improbables
que les adaptations sanguinolentes de Peter
Pan (Peter
Pan's Neverland Nightmare
de Scott Chambers), Winnie
l'ourson
(Winnie-the-Pooh:
Blood and Honey
de Rhys Frake-Waterfield), Bambi
(Bambi:
The Reckoning de
Rhys Warrington) ou encore Popeye
(Popeye
the Slayer Man
de Robert Michael Ryan). Si vous avez eu le malheur de tomber un jour
sur l'un ou l'autre de ces projets, soyez rassuré : The
Ugly Stepsister
n'a de commun avec ces quelques exemples que la transformation
d'histoires à l'attention du jeune public en films gore pour adultes
consentants !
Avec
son premier long-métrage, Emilie Blichfeldt retourne donc comme un
gant l'histoire de Cendrillon et des mégères sous le même toit
desquelles la jeune femme tente de survivre. Contrainte à des tâches
de basse besogne depuis qu'elle a été découverte entre les bras
d'un séduisant palefrenier (ou plutôt balancée par l'une de ses
belles-sœurs qui la vit s'adonner aux plaisirs de la chair dans la
grange de la propriété), on connaît déjà la suite, ses
conséquences ainsi que sa conclusion. Mais tandis que dans
l'histoire telle qu'on la connaît, le récit tourne essentiellement
autour de Cendrillon (incarnée par la magnifique Thea Sofie Loch
Næss sous le prénom d'Agnès), Emilie Blichfeldt préfère
majoritairement concentrer son attention autour de l'une des deux
belles-sœurs prénommée Elvira qu’interprète la formidable Lea
Myren qui pour son premier rôle sur grand écran incarne avec
justesse celle que la cinéaste fait tout d'abord passer pour la
victime. Non pas Cendrillon, mais une jeune femme disgracieuse qui
sur exigence de son avare de mère va notamment subir des
transformations physiques afin de plaire suffisamment au Prince
Julian pour qu'il l'épouse et ainsi mette à l'abri du besoin son
infâme génitrice (excellente Ane Dahl Torp dans le rôle de
Rebekka) ! Elvira qui en lieu et place de Javotte de Trémaine
apparaît tout d'abord comme une jeune femme fragile et si
scrupuleusement méprisée et humiliée par sa prof de danse que l'on
ne peut s'empêcher de la prendre en pitié est donc la véritable
héroïne de ce conte à l'esthétisme indéniablement remarquable.
Alors que l'hégémonique David Cronenberg domina le Body
Horror
durant de longues décennies, certains se sont depuis engouffrés
dans la brèche. À commencer par son propre fils Brandon. Les femmes
aussi s'y sont mises. Avec plus ou moins de réussite (la française
Julia Ducourneau signant le très intéressant Grave
en 2016 avant de signer le très pénible Titane
cinq ans plus tard). Certes, The
Ugly Stepsister
contient quelques séquences horrifiques plutôt convaincantes qui
auront des effets divers sur les spectateurs selon leur sensibilité
(perso, la séquence du ténia a, sans mauvais jeu de mots, presque
failli me retourner l'estomac). Mais tout ceci demeure en réalité
relativement raisonnable. Le film ne baignant jamais véritablement
dans un bain de sang. À dire vrai, le film est surtout riche d'un
visuel parfois ébouriffant mais aussi et surtout d'une incarnation
juste de la part de l'ensemble du casting mais surtout de la
véritable vedette du long-métrage qu'est la jeune Lea Myren...
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