Cinéaste culte très
apprécié des amateurs de séries B, Z et surtout de nanars, le
réalisateur, scénariste et monteur italien Bruno Mattei fut
l'auteur de plus d'une cinquantaine de longs-métrages, qu'il signa
sous son vrai nom mais aussi sous ceux de Jordan B. Matthews, Stefan
Oblowsky, George Smith, Gilbert Roussel, Werner Knox, Bob Hunter,
Michael Cardoso, Pierre Le Blanc, Frank Klox, Herik Montgomery,
William Snyder, Martin Miller, David Hunt mais aussi et surtout sous
celui de Vincent Dawn. Homonyme sous lequel il signa quelques œuvres
depuis devenues mythiques pour qui sait raisonnablement faire la
différence entre un classique du septième art et une œuvre fauchée
mais cependant tournée avec toute la générosité et la sincérité
du monde ! Parmi elles, Virus Cannibale
en 1980 et Les rats de Manhattan
en 1984 demeurent sans doute les plus connues et les plus réussies.
Reprenant en fin de chemin son fameux pseudonyme, Bruno Mattei mettra
un terme à sa carrière en mettant en scène deux films de zombies :
L'isola dei Morti Viventi
et Zombi: La creazione
tous deux réalisés en 2007. Quant à Bruno Mattei lui-même, il
nous quittera le 21 mai de cette année-là après nous avoir offert
tant et tant de plaisirs coupables... Pourtant, parmi ses
cinquante-sept projets qui constituèrent sa carrière de cinéaste,
l'italien n'a pas toujours été au rendez-vous lorsqu'il s'agissait
de proposer un projet certes bancal mais profondément touchant de
part son ouverture d'esprit et son indifférence s'agissant du
''qu'en dira-t-on''... Parmi les quelques exemples qui pourraient
être évoqués à ce sujet, Bruno Mattei signa en 2003 un Snuff
killer - La Morte in Diretta beaucoup
plus proche de la série Z que du nanar auquel les fans du cinéaste
préfèrent généralement rapprocher sa carrière. Une œuvre qui
mérite cependant d'être découverte en ce sens où elle évoque
étrangement le Taken
de Pierre Morel qui pourtant ne sortira que cinq ans plus tard. Au
point que l'on peut se demander si Luc Besson et Robert Mark Kamen,
alors à l'écriture de cet excellent thriller d'action ne se
seraient pas inspirés du long-métrage de Bruno Mattei lors de la
conception de leur script. Une boutade, bien entendu puisque en
réalité, dans le domaine de l'hypothétique plagiat, c'est bien
Snuff killer - La Morte in Diretta
que l'on pourrait accuser d'avoir osé pompé le scénario d'une
œuvre beaucoup plus ancienne réalisée et écrite en 1978 par
l'américain Paul Schrader sous le titre Hardcore...
Dans
celui-ci, l'acteur George C. Scott incarnait le rôle du calviniste
Jake CanDorn. Un individu qui découvrait avec effroi que sa fille
tournait dans des films pornographiques avant de se lancer à sa
recherche. S'agissant de Snuff killer - La Morte
in Diretta,
Bruno Mattei met en scène l'actrice Carla Solaro (Paprika
de
Tinto Brass) dans le rôle de Michelle, épouse d'un politicien et
mère d'une jeune femme kidnappée par un réseau de pornographie
extrême dans lequel les victimes sont violées, torturées puis
assassinées. Alors qu'à l'époque le concept de Snuff
Movie
n'est encore qu'une légende, Bruno Mattei met donc en scène une
mère désespérée qui entre Paris et Hambourg se lance à la
recherche de sa fille disparue. Mariée à un homme qui n'est que le
beau-père de celle-ci et qui ne veut surtout pas sacrifier sa
carrière et refuse donc que les autorités soient mises au courant
de sa disparition, Michelle va devoir enquêter seule jusqu'à
trouver l'organisation criminelle qui détient sa fille. Une
organisation à la tête de laquelle se trouve le Docteur Hadès
qu'incarne à l'écran l'actrice Anita Auer dont la carrière se
résumera à ce seul long-métrage ainsi qu'à douze épisode de la
série Capri
créée en 2003 par l'italien Carlo Rossella et produite par la Rai
Fiction.
En comparaison des deux longs-métrages cités plus haut, comme on
s'en doute, Snuff killer - La Morte in Diretta
jette ses personnages et ses interprètes dans une œuvre plus bas
que terre. D'une indigence artistique qui renvoie l'ensemble dans ce
qui aurait pu être le pire de la production pornographique si
seulement Bruno Mattei avait choisit de tourner un film X plutôt que
ce drame dans lequel l'interprète principale se déplace à la
vitesse d'un paresseux. Montage approximatif (un plan montre Michelle
se précipiter du haut d'un escalier tandis que le suivant la voit
descendre les marches à l'allure d'un escargot), photographie
désastreuse, interprétation calamiteuse, Snuff
killer - La Morte in Diretta
n'a vraiment rien pour attirer le chaland en dehors de quelques
maladives séquences de tortures peu crédibles empruntant le concept
du Torture-Porn.
Bref, l'on tient là sans doute l'un des pires films de Bruno Mattei.
Celui que l'on gardera au mieux sous le coude en cas d'état de
manque.... Un film que l'on réservera donc aux plus courageux ou aux
fans purs et durs du cinéaste italien...
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