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mardi 7 octobre 2025

Pozegnania de Wojciech Has (1958) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Auteur de plus d'une dizaine de courts-métrages tournés entre 1947 et 1955, le réalisateur et scénariste polonais Wojciech Has s'est ensuite absenté avant de revenir avec un premier long-métrage intitulé Petla en 1958. La même année, le cinéaste retrouve pour la seconde fois celui qui deviendra son acteur fétiche en la personne de Gustaw Holoubek. Homme aux multiples casquettes, vu au cinéma et au théâtre ainsi que sur la scène politique puisqu'il sera député à la Diète de la république de Pologne entre 1976 et 1982 avant de devenir sénateur au début des années quatre-vingt dix ! Mais le véritable héros de Pozegnania (Les adieux), second long-métrage réalisé par Wojciech Has en 1958, n'est pas incarné par Gustaw Holoubek mais par Tadeusz Janczar. Lequel interprète le rôle de Pawel, fils d'une famille aisée, promis à un riche avenir mais qui devant l'étouffante ambition de ses parents choisi de prendre la fuite au bras de Lidka (Maria Wachowiak), jeune et jolie danseuse de cabaret, fatiguée de devoir tenir la chandelle à de vieux hommes fortunés. L'occasion pour les deux jeunes gens d'aller prendre l'air à la campagne et pourquoi pas, s'avouer leurs sentiments réciproques... ? Mais cette adaptation du roman éponyme de l'écrivain Stanisława Dygata s'affranchit des conventions propres au romanesque pour inscrire cette curieuse aventure ''amoureuse'' au sein d'une bourgeoisie polonaise d'après-guerre où les valeurs seront inversées. Pawel, jeune homme un brin rebelle, refusant sa condition de nanti peut ainsi apparaître comme un sale garnement, à qui tout est offert, et qui malgré tout préfère aller jusqu'à vivre dans une chambre d'hôte miteuse et nouer une étrange relation avec une jeune femme de peu de vertu que de suivre le chemin tout tracé par son statut et ses parents. Durant quarante minutes, le spectateur a droit à un étrange jeu du chat et de la souris entre un Pawel d'abord entreprenant, puis étrangement réticent. Un jeu auquel se prête Lidka en inversant elle-même le concept en se montrant tout d'abord méfiante avant de procéder à un jeu de séduction qui laisse froid le jeune homme. Filmé en noir et blanc, Wojciech Has ironise à travers Pozegnania comme il le fera bien des années plus tard avec le formidable Nieciekawa Historia...


Retrouvant donc notamment l'excellent Gustaw Holoubek, qui dans le rôle de Mirek, l'amant de Lidka vit au sein d'une famille et d'une propriété ''reconvertie'' en ''Arche de Noé'' pour anciens membres de la bourgeoisie polonaise réduits à quémander une petite place au chaud chez la tante de ce dernier. Férocement ironique, Pozegnania traite toutes les couches de la société. Du mépris des nantis qui voient d'un mauvais œil la relation d'un ''gosse de riche'' avec une danseuse de cabaret (l'attitude de Pawel faisant à minima figure de provocation adolescente vis à vis de ses géniteurs) jusqu'à ces curieux personnages de restaurateur ou d'hôtelière que le cinéaste ne ménage pas toujours, en passant par ces anciens riches se disputant comme des couples de classe moyenne depuis qu'ils ont perdu leur rang consécutivement à l'arrivée des troupes allemandes sur le territoire polonais... Tourné entre Varsovie et Podkowa Leśna, Pozegnania est encore timide... Surtout si on le compare aux chefs-d’œuvre que son auteur s'apprêtait à signer par la suite. Si l'ironie s'est déjà faite une place importante dans le cinéma de Wojciech Has, visuellement, on est encore loin d'atteindre la maestria d’œuvres telles que Nieciekawa Historia, Osobisty Pamiętnik Grzesznika Przez Niego Samego Spisany ou de celle de l'incroyable Sanatorium Pod Klepsydrą tourné en 1973... Notons que si le film est l'adaptation du roman du même nom de son compatriote Stanisław Dygat, Wojciech Has en a changé certains concepts. Alors que son futur Nieciekawa Historia sera porté par l'excellent monologue intérieur de son principal personnage incarné par Gustaw Holoubek, le principe est ici abandonné alors même qu'il s'agissait de l'une des principales forces du récit. Le cinéaste a en outre choisit de raconter son histoire à travers celle de son jeune couple, traduisant ainsi sa volonté de transformer le roman d'origine en une œuvre mélodramatique qui depuis a tout de même pris un petit coup de vieux. Il faudra donc envisager Pozegnania comme une œuvre mineure dans la carrière du cinéaste polonais...

 

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