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vendredi 3 octobre 2025

Nieciekawa Historia de Wojciech Has (1983) - ★★★★★★★★★★


 

 

Le cinéma de Wojciech Has demande un certain niveau d'exigence. D'écoute, d'attention, de concentration. Et celui-ci sans  doute plus encore que pour son chef-d'œuvre, Sanatorium pod klepsydrą. Sans doute parce que rien ne vient nous divertir autant que tel fut le cas au travers des stupéfiant décors naturels de son sanatorium naturellement tombé en ruines. Et pourtant, dans un cas comme dans l'autre, au delà de ce livre ouvert qui nous est conté à travers les mots prononcés en voix-off par le personnage principal, Nieciekawa Historia est sans aucun doute visuellement aussi marquant que Sanatorium pod klepsydrą. Comme une collection de tableaux qui prennent vie et au centre desquels hommes et femmes se meuvent avec cette même langueur qui caractérise la régurgitation de dialogues extrêmement concis.. Une écriture que l'on aurait pu croire réservée à des dialoguistes hexagonaux mais qui prouve qu'ailleurs aussi l'on se préoccupe de leur teneur au sein d'un récit. La source provenant de la nouvelle Skoutchnaïa historia de l'écrivain et dramaturge russe Anton Tchekhov, l'on comprend d'où provient la précision chirurgicale des dialogues adaptés à l'écran par Wojciech Has lui-même. Réalisateur rusé qui joue avec son environnement et le texte pour emmener le spectateur vers ce que celui-ci pourrait éventuellement considérer comme un drame, sous couvert de démonter tout ce qui se rattache à l'existence de son personnage, Wojciech Has possède surtout un sens inné de la formule qui transforme n'importe quel moment dramatique en pur instant de jouissance lors duquel les zygomatiques sont à la fête. Un humour ravageur, grinçant, pince-sans-rire, truculent, dont on découvre pourtant sans véritable éclat de rire, toute la portée philosophique. De cette simple réflexion qui lorgne du côté de la régression intellectuelle ('' Je donnerais cher pour savoir comment ce fossile fait l'amour à sa femme'' exprime au fond de lui le héros au détour d'une conversation avec l'un de ses disciples) en passant par ce repas dont le monologue intérieur prononcé par le héros semble infiniment plus savoureux que le contenu des assiettes, Nieciekawa Historia est un plaisir que l'on peut considérer de coupable tant il verse dans une certaine forme de cynisme décomplexé ! Ici, sobriété rime avec austérité. Et si le tempo semble vouloir renvoyer les incultes et les impatients à d'autres préoccupations, Nieciekawa Historia est sans doute l'objet cinématographique le plus drôle et le plus inattendu que j'ai pu découvrir depuis très longtemps !


Contraint au double menton à force de poser un regard lointain sur sa propre existence, le visage penché vers le sol comme s'il cherchait à échapper au regard de ceux qui ne cessent de le solliciter, le personnage du professeur de médecine qu'incarne le formidable acteur, réalisateur et homme politique polonais Gustaw Holoubek attend la mort. Ce qui contraint aussi et surtout le réalisateur et scénariste à changer de point de vue quant à l'approche du récit. L'humour fuyant peu à peu l'espace qui lui était jusque là réservé pour laisser la place au véritable drame qui entoure donc ce personnage aigri, irritable, voire même désagréable avec son entourage et qui fuit autant que cela lui est possible son épouse et sa fille (laquelle dilapide le peu qui lui reste de fortune dans des cours de violon qui ne la voient jamais progresser dans le bon sens), le long-métrage prend alors un ton plus grave. Toujours sublimé par des décors et des costumes d'époque qui ravissent les yeux, la grisaille généralisée offre désormais une porte d'entrée à des couleurs chaudes lors de cette longue séquence qui voit le professeur et la jeune femme prénommée Katarzyna dont il a eu la tutelle à la mort de son père échanger durant près d'une demi-heure. Le début d'un long périple où l'émotion est réelle, palpable, grandissant sous les quelques notes de piano du compositeur polonais Jerzy Maksymiuk mais aussi et surtout grâce à l'impeccable incarnation des deux interprètes qui trouvent le ton juste lors de cette révélation des rapports qui dépassent de loin ceux que l'on suppose être entretenus par un père et są fille adoptive. Mais Nieciekawa Historia étant d'une finesse infinie, rien de scabreux ne s'étale à l'écran. Au contraire, Wojciech Has parvient à toucher son public en plein cœur et à rendre belle cette histoire d'amour qui n'ira cependant pas au delà des mots. Après cette bouleversante déclaration d'amour qui dans le choix de la terminologie n'indique pas tout à fait frontalement le désir ''incestueux'' de l'un ou de l'autre de nos deux protagonistes, le film se conclue par une troisième et ultime partie. S'enfonce alors notre héros dans une chambre dont le décor, d'une sobriété presque immaculée, annonce déjà la fin de son histoire et donc celle du long-métrage. Un dernier regard vers Katarzyna, un peu à la manière de David Helfgott vers son père, héros du formidable Shine de Scott Hicks incarné par l'acteur australien Geoffry Rush, avant que l'écran ne nous plonge dans le noir... Nieciekawa Historia est un très grand film. Et même plus que cela. Un chef-d'œuvre du cinéma polonais qu'il faut absolument avoir vu au moins une fois dans są vie...

1 commentaire:

  1. Ah pinaise, j'ai encore quasiment rien vu des asiats et des ritals, s'il faut aussi regarder vers la Pologne, j'aurai besoin de trois vies... :-)

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