Je roulais
tranquillement, sur une route de campagne, à bord de ma toute
nouvelle BMW Série 5, humant l'air à pleins poumons, entouré de
champs de tournesols et sous un soleil radieux. Lorsque surgit tout à
coup dans mon rétroviseur un Belaz 75710 et ses 9.200 chevaux sous
le capot dont le chauffeur fit tourner à plein régime son ampli JBL
Stage GT90041 sur une affreuse captation pirate du concert que donna
Manowar lors sa tournée allemande en 2008 ! 139db qui firent
fuir la totalité de la faune présente. Plus un seul lapin, plus
aucune trace du moindre insecte. Les vers de terre s'étant même
enfoncés plus profondément que jamais dans le sol meuble des terres
labourées environnantes... Même la flore n'y résista pas. De leurs
racines les plus robustes jusqu'aux cimes, il est encore aujourd'hui
possible de voir les ravages qu'a causé le passage de cet engin et
de son propriétaire, sans doute un hooligan grand amateur de
football et de bière ! Entre le rugissement des guitares et le
bruit des hérissons explosant comme des vessies remplies d'air au
passage des immenses roues du véhicule, c'est à ce moment là que
j'ai ouvert les yeux... et devant eux, le générique de fin de
Blutiger Freitag,
seul long-métrage à avoir été conjointement réalisé en 1972 par
l'américain Lee Payant et l'autrichien Rolf Olsen. Mon année de
naissance ! Je crois bien que si le film était sorti en France
cette année là et non pas avec deux ans de retard et que ma mère
m'avait donné naissance en pleine séance de projection dans un
petit cinéma de quartier de Seine-Saint-Denis, je serais illico
retourné me blottir dans son ventre pour n'en ressortir que quelques
semaines plus tard ! Si vous connaissez l’œuvre des deux
réalisateurs, vous l'aurez sans doute déjà compris : tout ce
qui précède est une métaphore reposant sur la personnalité de
l'un des principaux personnages de l'histoire. Pour les autres, je
vous présente Heinz Klett ! Qui, si le concours de l'homme le
plus lourd, le plus beauf, le plus misogyne, le plus vulgaire et le
plus violent du septième art existait aurait sans doute remporté la
Palme d'Or cette année là. Le plus... con également !
Vous
savez, le genre de mec qui préfère d'abord parler avec les poings!
Et qui pour que le prochain braquage de banque qu'il a prévu
d'opérer avec ses complices Luigi Belloni (Gianni Macchia),
Christian Heidi Hofbauer Christine Böhm) et le frère de cette
dernière fraîchement déserté de l'armée allemande, Christian
(Amadeus August) se déroule sans encombres donne quelques petits
conseils à ses camarades. Du genre (et avec l'accent allemand) :
''Bour que le
hold-up ze déroule dans les meilleures gondizions, il va valloir
être médhodique !''...
dit celui qui quelques instants plus tard va lister les précédents
braquages qu'il a accompli et qui tous n'ont pas fonctionné !
Si l'on devait comparer celui auquel nous allons assister avec l'un
des innombrables qui avant et après lui ont vu le jour sur un écran
de cinéma, on peut considérer Blutiger Freitag
comme une version totalement décérébrée de l'excellent Pour
cent briques t'as plus rien
que réalisa Édouard Molinaro en 1982 et qui mit notamment en scène
Daniel Auteuil, Gérard Jugnot, Anémone ou encore François Perrot.
Méthodique ? Le personnage qu'incarne l'acteur originaire de
Hambourg Raimund Harmstorf l'est assurément... à sa manière...
Déjà, l'on avait saisit la bipolarité du bonhomme lorsque lors de
leur rencontre, Christian et lui s'étaient physiquement frottés
l'un à l'autre durant une bagarre se terminant au bout de quelques
instants et tout naturellement par un : ''Bon,
allez ! On s'bagarrera plus tard !''
suivi très rapidement d'un : ''Allez !
Allez, viens boire un verre''
comme si l’échauffourée n'avait jamais eu lieu quelques secondes
plus tôt ! Concernant la méthodologie de ce chevelu/barbu dont
le physique et le comportement très ''néandertaliens''
collent à merveille à sa personnalité, le type, une fois le groupe
et lui introduits dans la banque décide sur un coup de tête que
finalement, le port d'une cagoule ne sert à rien. Suivi bien
évidemment de ses crétins de complices dont un Christian qui nous
semblait jusque là avoir davantage de cellules grises que ses
compagnons. Méthodologie, également, lorsque le bonhomme se met à
vider une bouteille de whisky découverte dans le bureau du directeur
de la banque (et bé, c'est du sérieux ça !)...
Bref,
ça commence à partir en couille comme dirait l'autre. De toute
manière, toute cette affaire débutait plutôt mal. L'un des
braqueurs perdit une grenade avant ''pénétration''
des lieux et sur laquelle tomba un jeune enfant qui au juger, ne
devait pas avoir plus de quatre ou cinq ans. Lequel mania malgré
tout l'engin de mort jusqu'à la dégoupiller tandis qu'un flic
en uniforme tentait de s'en saisir. Sacrifiant sa propre existence,
ce dernier l'arracha des mains de l'enfant pour se coucher ensuite
dessus. L'occasion d'évoquer la violence de Blutiger
Freitag,
détail non négligeable puisque quelques inserts gore des plus
cracras permettront peut-être de conserver l'intérêt de certains
spectateurs. Une violence outrée mais aussi et surtout une séquence
montée façon ''Ultra-cut'' lors de laquelle Heinz Klett se tape
l'une des otages tandis que le monteur du film effectue un collage
relativement ''chelou'' représentant des micro-scènes de films
pornos couplées à des inserts de séquences d'abattage animal dans
un abattoir ! Si l'on veut demeurer tout à fait objectif, dans
le genre thriller/film de braquage, le long-métrage de Lee Payant
et Rolf Olsen n'est franchement pas d'un grand intérêt. Le passage
obligé en huis-clos est on ne peut plus inintéressant et détaille
les faiblesses d'un scénario plutôt flemmard écrit par les
scénaristes Valeria Bonamano et Fernando Di Leo ainsi que par Rolf
Olsen lui-même. La véritable valeur du film est en réalité
contenu dans la seule version dont nous pouvons bénéficier, nous
français : son doublage ! Car à l'image des protagonistes
et des seconds rôles, les doubleurs nous ont concocté des dialogues
en langue française de toute beauté... De ce qui satisfont les fans
de bons gros nanars qui accompagnent les soirées Bière/Pizza !
D'ailleurs, les moyens entrepris en la matière par les doubleurs
hexagonaux sont tels que certains d'entre eux ont même doublé
plusieurs personnages. Cela s'entend notamment lorsque un cinquième
complice (qui finalement ne pourra pas participer au braquage) et
l'un des otages sont très clairement doublés par le même acteur.
Bref, nous voici devant un généreux et authentique nanar qui
considère peut-être traiter son sujet au premier degré mais qui
devant la caractérisation des personnages, l'invraisemblance de
nombreuses séquences, le script bas du front et donc, le doublage en
français et une pépite qui arrachera de nombreux rires...
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