On continue dans le genre
Blaxploitation avec Joe
Bullet
du réalisateur sud-africain Louis de Witt. Et ce, bien que le seul
long-métrage du cameraman et directeur de la photographie n'entre
pas tout à fait dans cette catégorie puisque le genre est à
l'origine un courant culturel et social propre au cinéma américain
des années soixante-dix. Pourtant, on rattachera le film au genre à
travers la volonté du cinéaste d'y faire jouer des actrices et
acteurs dont la ''particularité'' est d'appartenir exclusivement à
la communauté noire africaine. Et ce, dans l'intention de satisfaire
le public indigène de son pays d'origine. La première projection de
Joe Bullet
eut lieu Eyethu Cinema de Soweto, un quartier urbain situé à la
périphérie de Johannesburg. Le récit prend corps au sein de la
politique ségrégative connue à l'époque sous le nom d'Apartheid.
Les deux équipes de football qui doivent s'affronter lors d'une
finale prenant ainsi une forme allégorique. Joe
Bullet
est entré dans l'histoire pour avoir surtout été banni dans son
pays d'origine par le gouvernement de l'Apartheid et n'eut plus
jamais les honneurs d'une sortie sur grand écran. Longtemps après,
en 2017, le long-métrage connut malgré tout une sortie au format
Blu-Ray
sous la bannière 88
Films. Parmi
la longue liste de film distribués par l'éditeur l'on peut
notamment citer Crime Story,
American Pie,
Zebraman
mais aussi toute une série de longs-métrages portant sur le sujet
du cannibalisme comme les classiques Cannibal
Holocaust
ou The Cannibal Man.
S'agissant de Joe Bullet,
le film de Louis de Witt s'inscrit dans un contexte footballistique
et criminel opposant le mystérieux dirigeant de l'équipe de foot
les Faucons.
Face à celle-ci, celle des Aigles
est constituée d'un groupe de footballeurs renforcé par la présence
de deux joueurs que l'équipe adverse a bien l'intention d'intégrer
dans ses rangs. Par diverses techniques de menaces, allant même
jusqu'à la mort de l'entraîneur des Aigles,
ses dirigeants n'ont d'autre solution que de faire appel à Joe
Bullet. Ce dernier est un homme redouté par les bandits qui hésitent
à envoyer leurs hommes au casse-pipe...
Et
pourtant, celui dont on ne découvrira l'identité qu'à la toute fin
du récit ne va pas hésiter à envoyer ses subalternes attaquer ce
sauveur de la ''veuve et de l'orphelin'', adepte de karaté, d'armes
à feu et de couteaux. Incarné par l'acteur et directeur de seconde
équipe sud-africain Ken Gampu, celui-ci est accompagné d'une foule
de seconds rôles dont la chanteuse elle aussi d'origine
sud-africaine, Abigail Kubeka. La jeune femme incarne le rôle de
Beauty que cherche à séduire l'un des deux footballeurs qu'aimerait
récupérer l'équipe adverse, Flash, qu'incarne de son côté
l'acteur et assistant réalisateur Cocky Tlhotlhalemaje. Face à son
interdiction, on peut se demander pourquoi le film fut banni tant de
nos jours Joe Bullet
semble bien innocent. Sans doute la corruption qui grêle certain
personnages fut-elle une raison suffisante. Ou bien est-ce le fait
d'avoir mêlé au récit des individus aux origines territoriales
diverses à l'époque où l'Apartheid faisait rage ? Toujours
est-il que le film a davantage de valeur historique que de réelles
qualités artistiques. En dehors de la chanson-titre Silver
Threads,
on n'a très peu d'informations concernant la bande musicale du film
qui plutôt que de s'ingénier à cultiver un sens indigéniste
propre à la culture sud-africaine semble devoir s'inspirer du cinéma
policier et d'action américain ou européen à travers des chansons
de style pop. Si Joe Bullet
n'est certes pas un grand film, sa vision n'en est pas moins
plaisante, figurant parfois une sorte de caricature du cinéma
d'action mondial avec cette légère pointe de second degré qui
parfois peut faire sourire. Mélange entre thriller et film sportif,
ce dernier aspect du long-métrage est relégué au second plan. Bien
qu'à l'ouverture et à la fermeture du récit l'on assiste
effectivement (et en gros plan) à quelques figures de jambes
jonglant avec le ballon rond et que l'on découvre à plusieurs
reprises les joueurs dans les vestiaires, Joe
Bullet
risque de désoler les puristes du football ! Notons enfin que
malgré la censure que le long-métrage dû endurer, une séquelle
verra le jour neuf ans plus tard. Toujours incarnée par l'acteur Ken
Gampu dans le rôle-titre, Bullet on the Run
sera cette fois-ci réalisé par le réalisateur et directeur de la
photographie sud-africain Tonie van der Merwe...
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