En 1973 sortait sur les
écrans de cinéma l'un des grands chefs-d’œuvre du western
inspiré par la vague dite ''spaghetti''
réalisé et interprété par l'immense Clint Eastwood,
L'Homme des hautes plaines
(High Plains Drifter).
Incarnant un individu sans nom qui dans la version originale était
l'incarnation d'un homme qui avait été lynché par trois autres et
qui dans la version française devenait le frère de celui-ci. Si
j'évoque ici cet incroyable long-métrage, c'est parce qu'il partage
avec Bucktown
d'Arthur Marks d'étonnantes similitudes. En effet, en 1973, le
scénario d'Ernest Tidyman évoquait l'arrivée d'un inconnu dans une
petite ville de l'Ouest américain venu se venger de la mort de son
frère, fouetté à mort par trois hommes de loi enfermés par la
suite en prison et remplacés depuis par des individus aussi mauvais
qu'eux ! Bien que le scénario de Bucktown
écrit par Bob Ellison ne fasse pas mention d'une quelconque source
d'inspiration liée au film de Clint Eastwood, le rapport entre le
personnage que l'acteur et réalisateur interpréta deux ans
auparavant et celui qu'incarne ici l'acteur afro-américain et
véritable star de la Blaxploitation
Fred
Williamson est plus qu'évident. Tout comme le personnage de Harley
semble lui être directement inspiré de l'adjoint du shérif
alcoolique Dude de Rio Bravo
quant à lui réalisé par Howard Hawks en 1959... Bucktown
peut donc être envisagé comme un western urbain, confrontant un
homme venu assister à l'enterrement de son frère Ben récemment
décédé dans de troubles circonstances à une autorité corrompue.
Troubles ? Pas vraiment. Ou du moins le mystère qui se cache
derrière sa mort restera-t-il de courte durée puisque Duke Johnson
apprend que son frère a été abattu par les hommes du shérif
Patterson interprété par l'acteur Art Lund. Propriétaire d'un bar
dont Duke hérite, Ben avait toujours refusé d'être racketté et
pour cela, il est mort. Qu'il s'agisse du shérif ou des quatre
hommes qui constituent sa petite équipe de représentants de la loi,
tous sont corrompus jusqu'à la moelle. Tels des maquereaux, ses
adjoints ''relèvent les compteurs'' auprès des habitants qui tous
acceptent malgré eux de verser chaque semaine une importante somme
d'argent...
Lorsque
Duke rouvre les portes du bar que possédait son frère (après avoir
tout de même versé la somme de quatre-cent cinquante dollars au
shérif), deux adjoints débarquent afin de le faire payer comme tout
les commerçants de Bucktown. Mais face au refus du nouveau
propriétaire, les deux hommes deviennent agressifs et s'en prennent
notamment à Aretha, l'amie de Ben. Duke prend alors la décision de
faire appel à son vieil ami Roy (l'acteur Thalmus Rasulala) afin de
l'aider à débarrasser la ville du shérif et de ses adjoints. C'est
ainsi que Roy débarque accompagné de quatre hommes... Et c'est là
que s'inscrit le rapport entre le film d'Arthur Marks et celui de
Clint Eastwood. Car aussi étonnant que cela puisse paraître, tout
sera réglé en aussi peu de temps qu'il faut pour le dire alors que
le film n'aura même pas encore déroulé la moitié de son
intrigue ! Et pour cause : après que les mâles blancs
aient été décrits comme de la vermine par le réalisateur et son
scénariste, voilà que débarquent un groupe d'afro-américains qui
surenchériront dans les domaines du racket, de la corruption et de
la violence. Arthur Marks traite ainsi à part égale l'homme blanc
et l'homme noir dans ce qui s'avère être un excellent film de
Blaxploitation
dont on retrouve certains codes. Comme cette bande musicale funky que
l'on doit à Johnny Pate. Outre Fred Williamson l'on retrouve une
autre grande star de la Blaxploitation
en la personne de Pam Grier. Découverte par Russ Meyer et employée
par Roger Corman, l'actrice devient l'égérie féminine de ce
courant et apparaît ici dans le rôle de la séduisante Aretha !
Quant au personnage de Harley, les téléphages reconnaîtront
l'acteur Bernie Hamilton dont il s'agira de la toute dernière
apparition sur grand écran avant que l'acteur ne se tourne
définitivement vers le petit écran. Surtout connu pour son rôle du
Capitaine Harold Dobey dans la série policière culte Starsky
et Hutch
aux côtés de Paul-Michael Glaser et David Soul, il incarne dans
Bucktown
le rôle d'un beau parleur alcoolique relativement touchant.
Ajoutons enfin la présence de l'acteur Carl Weathers dans le rôle
de Hambone, l'un des complices de Roy. Plus connu pour ses rôles
d'Apollo Creed dans la série de films Rocky et
du colonel Al Dillon dans Predator,
il interprète ici l'une des pourritures qui orbitent autour de Roy.
Le long-métrage d'Arthur Marks multiplie les bagarres et les
fusillades et demeure l'un des meilleurs films de sa catégorie...
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