L'ancien vétéran du
Vietnam Gordon Hudson revient dans le quartier de Harlem pour
découvrir que sa femme est morte d'une overdose après avoir
consommé de la drogue vendue par l'un des dealers du quartier. Il
n'en faudra pas davantage pour que l'ancien capitaine de l'armée
américaine réunisse trois de ses anciens compagnons d'arme pour
nettoyer les rues de la corruption qui y règne. Aux côtés de Bee
Bishop (Carl Lee), d'Otis Russell (David Downing) et de Roy Green
(Tony King), Gordon monte donc une toute petite organisation planquée
dans un immeuble en ruine afin d'espionner ceux qui gangrènent le
quartier. Armés jusqu'aux dents, les quatre hommes vont tout d'abord
s'attaquer aux dealers et aux proxénètes avant de s'en prendre
directement aux grands pontes du trafic de drogues qui règnent de
loin sur Harlem. Un an avant que ne sorte sur les écrans le mythique
premier volet de la franchise Death Wish
sorti chez nous sous le titre Un justicier dans
la ville
et dans lequel l'architecte Paul Kersey alors incarné par l'acteur
Charles Bronson se faisait justice lui-même dans une ville de
Manhattan elle-même gangrenée par la violence, voici que débarquait
Gordon's Warn
un long-métrage appartenant typiquement au courant Blaxploitation.
Alors que Death Wish
possède rapidement une réputation sulfureuse, Gordon's
War
s'avère être antérieure d'un certain nombre de mois puisque le
long-métrage du réalisateur afro-américain Ossie Davis est sorti
en 1973 tandis que celui réalisé par Michael Winner a vu le jour
sur grand écran l'année suivante. Si Paul Kersey se montrera d'un
tempérament relativement solitaire, Gordon sait pertinemment que
sans le soutien de ses anciens hommes, combattre maquereaux, vendeurs
et trafiquants de drogues en tous genres à lui seul sera mission
impossible. Dans le rôle titre de Gordon Hudson l'on retrouve
l'acteur afro-américain Paul Winfield. Interprète de plus de
cent-vingt rôles à la télévision et sur grand écran, en France,
on le connaît surtout à travers le petit rôle qu'il incarna dans
le premier Terminator
James
Cameron en 1984. C'est en effet Paul Winfield qui y
interprétait le rôle de Traxler, l'un des flics postés dans le
commissariat où furent emmenés Sarah Connor et Kyle Reese après
leur arrestation. Ici, il incarne donc un héros de guerre dont la
mission qu'il s'est lui-même imposée se déroulera dans les mêmes
conditions que lors de l'affrontement entre les soldats américains
et les Việt Cộng.
Réalisé par le cinéaste
Ossie Davis Gordon's War
est une œuvre qui s'inscrit parfaitement dans la mouvance des films
de Blaxploitation.
Si tant et si bien que l'homme blanc n'y est quasiment pas présent.
Réalisateur, scénariste et acteur ayant débuté sa carrière dans
la mise en scène en 1970 avec Cotton Comes to
Harlem
(traduit chez nous sous le titre/jeu de mots Le
casse de l'oncle Tom),
Gordon's War
est son quatrième long-métrage. Une œuvre qui retranscrit
parfaitement l'ambiance qui pouvait régner à l'époque à Harlem.
Ici, pas besoin de décors fabriqués dans tel ou tel studio
hollywoodien. Ossie Davis exploite à merveille son matériau de base
et fait de l'environnement dans lequel se déroule l'action, un
personnage à part entière. Doté du fameux grain 16mm, Gordon's
War
transpire la corruption, le sexe, la drogue et la violence de rue.
Des quartiers les plus chauds aux coupes gorges en passant par des
pans entiers du secteur laissés à l'abandon quand ils ne se
trouvent pas tout simplement détruits, le réalisateur nous plonge
littéralement au cœur d'un monde en décrépitude. Bref, de la
Blaxploitation
comme
on l'aime, accompagnée d'une bande musicale soul et funkie, mais que
l'on aurait sans doute aimé qu'il se montre davantage radical. Car
alors que Paul Kersey se montrera beaucoup plus extrême dans sa
manière d'évacuer le problème l'année suivante, nos quatre héros
choisissent une voie, comment dire... plus diplomatique en ce sens où
Gordon et ses amis préfèrent laisser une chance aux parasites qui
gangrènent Harlem en les effrayant plutôt qu'en leur mettant une
balle dans la tête. Notons enfin que parmi les seconds rôles l'on
découvre l'actrice, chanteuse et mannequin d'origine jamaïcaine
Grace Jones surnommée la Panthère
Noire
qui bien avant de devenir l'égérie du couturier Azzedine Alaïa,
avant de croiser la route de Jean-Paul Gaultier, du graphiste
Jean-Paul Goude ou de se lancer dans la chanson, a quasiment débuté
ici sa carrière d'actrice dans le minuscule rôle de la prostituée
Mary, trois ans après être apparue pour la toute première fois au
cinéma dans Sweet Vengeance
d'Armin Q. Chaudhri. Si vous voulez vous imprégner de l'ambiance
très années soixante-dix et communautaire qui régnait à l'époque
dans le quartier de Harlem et si vous voulez découvrir une version
afro-américaine de ce que donnera un an plus tard Death
Wish
de Michael Winner, Gordon's War
est fait pour vous...
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