La jalousie et le
harcèlement sont deux thématiques couramment abordées sur grand
écran et par conséquent, il est souvent difficile d'empiéter sur
un concept déjà parfaitement balisé depuis des décennies. Depuis
qu'elle est passée derrière la caméra, la scénariste, actrice et
réalisatrice Anne Le Ny a mis en scène plusieurs comédies avant de
se tourner vers le thriller avec le convainquant Le torrent
en 2022. Trois ans plus tard, elle récidive une fois de plus dans le
domaine avec Dis-moi juste que tu m'aimes.
Un titre empli de passion et de romance qui pourtant à l'écran
s'affichent d'une toute manière que celles abordées dans les
histoires d'amour conventionnelles. En ligne de mire, Élodie
Bouchez et José Garcia campent un étonnant couple adultère mais
n'en sont pas moins les seuls et véritables héros du long-métrage.
D'un côté, la première interprète Marie, une femme liée par le
mariage depuis quinze ans à Julien qui depuis le retour du premier
grand amour de ce dernier perd confiance en elle et se dévalorise.
En parallèle, la société qui l'emploie reçoit la visite de
Thomas, lequel est chargé de procéder à un audit. Alors que
l'entretien entre Marie et le nouveau venu est reporté au lendemain,
ils se rencontrent le soir-même dans la rue et la jeune femme
accepte d'aller boire un verre avec Thomas dans un bar. Verre après
verre, Marie se confie puis au moment de le quitter pour rentrer chez
elle, elle échange un baiser avec l'expert financier... D'emblée,
le récit semble tout à fait invraisemblable. En l'espace de
quelques heures seulement, voilà qu''une épouse follement éprise
de son homme et mère de deux adolescentes tombe dans les bras d'un
individu qu'elle connaît ni d'Eve ni d'Adam. L'on mettra ça sur le
dos de l'ivresse mais lorsque dès le lendemain Marie se retrouve
dans la même chambre d'hôtel que Thomas l'on pourra juger du trop
grand empressement qui saisit les personnages. Outre cette relation
naissante et adultérine entre celui qui deviendra très
prochainement le directeur de la société et l'une de ses futures
employées, Anne Le Ny force si bien le trait de Thomas que
l’ambiguïté n'a dès lors plus sa place au sein du récit. Nul
doute que celui-ci prépare son emprise sur la jeune femme, en outre
fragilisée par un mensonge qu'il a lui-même développé la veille
afin de lui faire croire que son mari l'a trompée avec Anaëlle
(Vanessa Paradis).
Un
stratagème qui fonctionne à merveille et auquel s'ajoute une
terrible erreur de manipulation informatique apparemment commise par
Marie mais en réalité orchestrée par Thomas. L'ascendance du
nouveau directeur de l'entreprise sur la mère de famille est
désormais définitive. D'autant plus que sa nouvelle position lui
permet de menacer la jeune femme de licenciement si jamais elle
refuse de quitter Julien pour faire sa vie avec lui ! La charge
sur le dos de Marie s'accumulant, celle-ci ne peut même pas demander
de l'aide auprès des délégués syndicaux de l'entreprise tant
ceux-ci ont bien compris que sa récente promotion au sein de la
société est due à sa relation avec le nouveau directeur. Bref,
José Garcia incarne un individu ayant parfaitement enfermé sa proie
dans une toile d'araignée d'où il sera fort mal aisé de se
soustraire... Sauf qu'avec tout le bien que l'on pense d'Anne Le Ny,
son script est sinon bancal, du moins insuffisamment déployé. Car
après une première partie plutôt convaincante tournant non
seulement autour des deux principaux protagonistes mais aussi autour
de la relation entre une femme et son époux dont la passion n'est
plus vraiment au beau fixe, la suite s'avère terriblement faiblarde.
Omar Sy, lequel incarne le rôle de Julien, n'est sans doute pas
aussi navrant qu'il pu l'être parfois dans d'autres projets mais
ici, son jeu, entre déclamations théâtrales et morne litanie, en
font un personnage secondaire dénué de quasiment tout intérêt.
Quant à Vanessa paradis, son personnage est si peu développé et
son temps de présence si réduit qu'elle aussi aurait pu être
absente du casting sans qu'à aucun moment le spectateur ne s'en
aperçoive... Si avec Le torrent
(dans
lequel José Garcia, déjà, côtoyait André Dussolier) Anne Le Ny
avait su ménager un certain suspens dans un cadre autrement plus
angoissant, dans les thématiques qu'il convoque, Dis-moi
juste que tu m'aimes
demeure assez fade. D'autant plus que la dernière partie consistant
à contrebalancer l'emprise de Thomas sur Marie avec l'aide de Julien
est complètement ratée ! Bref, au mieux Dis-moi
juste que tu m'aimes
est un téléfilm qui se laisse regarder et au pire, un long-métrage
qui n'a absolument pas sa place sur un grand écran...
Cela faisait un moment qu'on ne la voyait plus, Bouchez, non ? Mariée à un Daft Punk.
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