Depuis qu'il s'est lancé
dans la réalisation de longs-métrages après avoir mis en scène
plusieurs courts et épisodes de séries télévisées, le
franco-arménien Varante Soudjian à réalisé quatre films. Quatre
comédies auxquelles le réalisateur a offert à chaque fois l'un des
principaux rôles à l'humoriste et comédien français d'origine
russe, Alban Ivanov. Des œuvres pas inintéressantes au vu du
marasme qui touche le cinéma français dès lors que ses auteurs
investissent les salles sur le ton de l'humour. Pas ou peu de
comédies qui valent vraiment le détour et dont Varante Soudjian
s'affranchit parfois des règlements. Avec Challenger,
le voilà qui signe sans doute son meilleur film car quoi qu'en
disent celles et ceux qui pensent que son dernier effort n'est qu'un
ersatz raté de Rocky,
le long-métrage vaut bien mieux que les quelques critiques négatives
qu'il a dû subir ! La comparaison entre la dernière comédie
du cinéaste hexagonal avec le premier volet de la franchise
outre-atlantique réalisé en 1976 par John G. Avildsen avec
Sylvester Stallone en vedette semble par contre inévitable. Mêmes
origines modestes de part et d'autre des héros des deux œuvres.
Même soif de réussite malgré une ''carrière'' dans la boxe qui
n'est vraiment pas au beau fixe. Mais ce qui tend à réunir
Challenger
et Rocky
dans un même élan est ce qui va suivre. Permettre d'un côté à un
jeune boxeur français de s'élever au delà de son simple statut
d'encaisseur quand de l'autre côté de l'Atlantique, le boxeur
Apollo Creed (Carl Weather) offrira à un outsider (Sylvester
Stallone dans le rôle de Rocky Balboa) la possibilité de se faire
connaître. Tout diffère ensuite dans l'approche de l'un et de
l'autre. Rocky
demeurera dans les clous du drame social tandis que Challenger
permettra à son auteur de creuser un peu plus loin dans le genre qui
le fit connaître, la comédie ! C'est ainsi qu'Alban Ivanov
apparaît dans le rôle de Luka Sanchez dont la principale
''qualité'' est de savoir encaisser les coups. Sa manageuse
Stéphanie (Audrey Pirault) ne lui a jusqu'à maintenant permis de ne
combattre que lors de matchs perdus d'avance. Mais lorsque
l'opportunité d'affronter le très prometteur Freddy (Alexandre
Antonio) lui est acquise, rien ne va se passer comme prévu. Alors
qu'il s'apprête une fois encore à servir de punching-ball face à
celui qui doit bientôt combattre le champion d'Europe de boxe Joshua
Camara (Jonas Dinal), très énervé par les provocations incessantes
de Freddy lors du combat qui l'oppose à Luka, ce dernier s'énerve
et le met K.O d'un uppercut !
Ce
boxeur que personne ne connaît encore devient la coqueluche du
public dès lors que la vidéo du match est diffusée sur les
réseaux. Tandis que l'avenir de Freddy semble compromis après qu'il
ait été contrôlé positif aux stupéfiants, piégé par une
station de télévision, Lukas se voit désormais contraint
d'affronter Joshua Camara, qui en plus de trente combats n'en a
jamais perdu aucun... Pour le personnage incarné par Alban Ivanov,
il ne s'agira pas d'un combat pour le titre européen mais simplement
de tenir trois round. Ce qui, déjà, semble être irréalisable face
à un champion qui a toujours mis ses adversaires à terre bien avant
la fin des combats. Dans le rôle de Stéphanie, Audrey Pirault
trouve là un moyen de faire beaucoup d'argent pour elle et son
poulain. Accepter le combat, profiter des sponsors et de la publicité
et s'échapper avec Lukas avant le combat. Un concept de base
sommaire auquel Varante Soudjian ajoute l'intéressant ''héritage''
personnel et affectif de l'outsider dont le père, lui aussi boxeur,
dû abandonner un combat face à l'ancien champion Reda Roussel
(Moussa Maaskri). Vivant reclus dans la nature, ce dernier va devenir
le nouvel entraîneur de Lukas afin de le préparer au combat qui
l'attend face au champion d'Europe. La rencontre entre les deux
hommes semble tout d'abord évoquer celle de Jean-Claude Van Damme et
Dennis Chan dans les rôles respectifs de Kurt Sloane et Xian Chow
dans Kickboxer Mark
DiSalle et David Worth mais ce que l'on s'attend être la version
parodique de l'entraînement du jeune karatéka américain entraîné
par le spécialiste du Muay-thaï restera lettre morte. Bien que
Challenger
soit une pure comédie sportive, le réalisateur franco-arménien
diffuse avec un certain cynisme différents messages. Comme
l'éventualité des combats truqués ou le jeu des influenceurs dont
la sensibilité s'évalue au nombre de followers plus qu'au contact
des vedettes (le mépris dont est victime Lukas invité en boite de
nuit pour sa seule image est parfois franchement gênant). En ce
sens, Challenger
réussit le pari de mêler des éléments empruntés à la fameuse
saga Rocky
à un contexte social et culturel très contemporain. Et tout ça sur
le ton de l'humour.Bref, Varante Soudjian signe là une comédie
française très drôle, parfois touchante, autour du duo formé par
Alban Ivanov et Audrey Pirault. Sans oublier l'excellent trio de bras
cassés Freddy, Jacquet et surtout Moreno incarnés par Alexandre
Antonio, Soso Maness et le toujours aussi inénarrable David
Salles...
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