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dimanche 12 janvier 2025

I'Am Here... Now de Neil Breen (2006)

 

 

 

Il revient et il n'est pas content... Mais qui donc ? Le Christ, pardi ! J.C pour les intimes. Après qu'une météore translucide de la taille d'une orange se soit écrasée dans le désert, l'ombre du fils de Dieu apparaît sur sa croix, avant d'en descendre, et de se manifester sous les traits de... Neil Breen ! Rien que ça, le cinéaste mégalomaniaque se prend pour le Messie, les pieds et les mains marquées par les stigmates des blessures infligées au Christ lors de sa crucifixion... Sauf que Neil Breen n'étant pas du genre à faire les choses à moitié, le voici doté de barrettes de mémoire collées sur les avant-bras et le poitrail nanti d'une carte-mère. Non, non, j'vous jure que c'est pas des conneries. Bref, le bonhomme marche dans le désert après avoir évoqué la paix qui règne entre les espèces qui vivent sur les autres planètes de notre système solaire (sic!). Puis intervient un couple à l'arrière d'un pick-up. Lui joue à la roulette russe avec un flingue tandis que sa petite amie (dont l'interprète, soit dit en passant, mérite l'une des palmes d'or de la plus mauvaise actrice de tous les temps) porte à ses lèvres une bouteille de bière vide ! Après ça, le type s'injecte on ne sait trop quelle drogue dans les veines, sans faire au préalable de garrot. Enfin, en théorie puisqu'une fois que la seringue est retirée, le spectateur aura tout loisir de constater que celle-ci est toujours remplie du liquide que le bonhomme était censé s'être injecté deux secondes plus tôt ! Assistant à la scène, le Messie se prend deux balles dans le coffre mais aidé par son statut de fils de Dieu, ni l'une ni l'autre n'a d'effet sur lui. Mieux, lorsqu'il passe la main devant ses blessures à la suite d'un astucieux montage (Humpf!), la double blessure a disparu. Je sais ce que vous vous dites. ''Putain ! Où peut-on trouver la chose ? Je veux voir ce film, je le veux, et tout de suite...'' S'il est vrai que ces treize premières minutes d'une œuvre qui en compte quatre-vingt six sont particulièrement excitantes pour quiconque apprécie le cinéma dans ce qu'il offre de plus Z et de plus improbable, mieux vaut généralement ne pas trop rapidement s'emballer. Surtout lorsque apparaît au générique le nom de Neil Breen. Réalisateur, scénariste, monteur, compositeur, concepteur d'effets-spéciaux et j'en passe et des meilleures moins bonnes, voire même hypnotiseur tant son œuvre semble avoir les mêmes propriétés que le plus puissant des sédatifs.


Des jumelles interprétées par deux actrices qui n'ont aucun lien de parenté (Joy Senn et Elizabeth Sekora), des seconds rôles au charisme de chercheurs d'emploi, un montage schizophrénique, un Christ/Primate/momie dont on n'apprendra jamais le sens réel de sa ''simiesque'' incarnation, une faim inextinguible de reconnaissance pour un auteur dont l'ambition ne dépasse pas le cadre d'un budget étriqué et dont le peu d'érudition en matière de techniques de cinéma éclate à l'écran...




Dans le cas de I'Am Here... Now, le festival d'incongruités qui est offert en pâture aux spectateurs est tel qu'il est difficile d'écrire un article sans revenir sur chacun des éléments qui constituent le scénario. Si l'on poursuit l'aventure de notre héros, en (assez peu) digne descendant du T800 de Terminator 1 & 2, Neil Breen se joue de deux des séquences cultes des deux longs-métrages de James Cameron lors desquelles Arnold Schwarzenegger réclamait les vêtements de deux individus. Sauf que Neil Breen n'a évidemment pas le charisme de la star américaine ni les moyens financiers de James Cameron... Bon, en comparaison de la plupart de ses films, il faut reconnaître au réalisateur un certain effort. Une certaine... ambition. Alors que nous l'imaginons généralement enfermé dans son studio à appliquer d'innombrables images fixes sur autant de fonds verts, I'Am Here... Now en abuse finalement beaucoup moins. Il y a du mouvement et la population ne semble pour une fois pas avoir déserté les villes. Il n'en demeure pas moins que là encore, Neil Breen fait preuve d'un talent tout relatif. I'Am Here... Now ambitionne de redonner à l'humanité tout son éclat à travers le retour du Christ, lequel prend le taureau par les cornes en allant directement s'en prendre à des politiques corrompus par l'argent. Ici, le sujet traite donc de corruption, mais aussi de drogue, de criminalité ou d'écologie. Dans un gloubiboulga incohérent qui prouve définitivement qu'avant de monter son film, Neil Breen a semble-t-il fumé la moquette, la tapisserie et la peinture des plafonds, les séquences se succèdent et se répètent sans aucune logique ! Son Jésus fait de bric et de broc guéri les blessures, arrête le temps, rajeuni les âmes en peine, ressuscite et quitte finalement le sol terrestre tout comme il était apparu, avec l'espoir d'avoir enfin convaincu l'humanité du bien fondé de son passage sur notre planète. Et d'une certaine manière, il y aura réussi. Peut-être moins le Christ que Neil Breen d'ailleurs puisque I'Am Here... Now aura au moins eu le mérite de nous faire oublier tous nos tracas ne serait-ce que le temps de sa projection. Le ridicule ici, confine au sublime. Et la mégalomanie de son auteur, elle, le relègue au titre suprême de gourou du Nanar...

 

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