Il revient et il n'est
pas content... Mais qui donc ? Le Christ, pardi ! J.C pour
les intimes. Après qu'une météore translucide de la taille d'une
orange se soit écrasée dans le désert, l'ombre du fils de Dieu
apparaît sur sa croix, avant d'en descendre, et de se manifester
sous les traits de... Neil Breen ! Rien que ça, le cinéaste
mégalomaniaque se prend pour le Messie, les pieds et les mains
marquées par les stigmates des blessures infligées au Christ lors
de sa crucifixion... Sauf que Neil Breen n'étant pas du genre à
faire les choses à moitié, le voici doté de barrettes de mémoire
collées sur les avant-bras et le poitrail nanti d'une carte-mère.
Non, non, j'vous jure que c'est pas des conneries. Bref, le bonhomme
marche dans le désert après avoir évoqué la paix qui règne entre
les espèces qui vivent sur les autres planètes de notre système
solaire (sic!). Puis intervient un couple à l'arrière d'un pick-up.
Lui joue à la roulette russe avec un flingue tandis que sa petite
amie (dont l'interprète, soit dit en passant, mérite l'une des
palmes d'or de la plus mauvaise actrice de tous les temps) porte à
ses lèvres une bouteille de bière vide ! Après ça, le type
s'injecte on ne sait trop quelle drogue dans les veines, sans faire
au préalable de garrot. Enfin, en théorie puisqu'une fois que la
seringue est retirée, le spectateur aura tout loisir de constater
que celle-ci est toujours remplie du liquide que le bonhomme était
censé s'être injecté deux secondes plus tôt ! Assistant à
la scène, le Messie se prend deux balles dans le coffre mais aidé
par son statut de fils de Dieu, ni l'une ni l'autre n'a d'effet sur
lui. Mieux, lorsqu'il passe la main devant ses blessures à la suite
d'un astucieux montage (Humpf!), la double blessure a disparu. Je
sais ce que vous vous dites. ''Putain ! Où peut-on trouver
la chose ? Je veux voir ce film, je le veux, et tout de
suite...'' S'il est vrai que ces treize premières minutes d'une
œuvre qui en compte quatre-vingt six sont particulièrement
excitantes pour quiconque apprécie le cinéma dans ce qu'il offre de
plus Z et de plus improbable, mieux vaut généralement ne pas trop
rapidement s'emballer. Surtout lorsque apparaît au générique le
nom de Neil Breen. Réalisateur, scénariste, monteur, compositeur,
concepteur d'effets-spéciaux et j'en passe et des meilleures
moins bonnes, voire même hypnotiseur tant son œuvre semble avoir
les mêmes propriétés que le plus puissant des sédatifs.
Des jumelles interprétées par deux actrices qui n'ont aucun lien de parenté (Joy Senn et Elizabeth Sekora), des seconds rôles au charisme de chercheurs d'emploi, un montage schizophrénique, un Christ/Primate/momie dont on n'apprendra jamais le sens réel de sa ''simiesque'' incarnation, une faim inextinguible de reconnaissance pour un auteur dont l'ambition ne dépasse pas le cadre d'un budget étriqué et dont le peu d'érudition en matière de techniques de cinéma éclate à l'écran...
Dans le cas de I'Am
Here... Now,
le festival d'incongruités qui est offert en pâture aux spectateurs
est tel qu'il est difficile d'écrire un article sans revenir sur
chacun des éléments qui constituent le scénario. Si l'on poursuit
l'aventure de notre héros, en (assez peu) digne descendant du T800
de Terminator 1 & 2,
Neil Breen se joue de deux des séquences cultes des deux
longs-métrages de James Cameron lors desquelles Arnold
Schwarzenegger réclamait les vêtements de deux individus. Sauf que
Neil Breen n'a évidemment pas le charisme de la star américaine ni
les moyens financiers de James Cameron... Bon, en comparaison de la
plupart de ses films, il faut reconnaître au réalisateur un certain
effort. Une certaine... ambition. Alors que nous l'imaginons
généralement enfermé dans son studio à appliquer d'innombrables
images fixes sur autant de fonds verts, I'Am
Here... Now
en abuse finalement beaucoup moins. Il y a du mouvement et la
population ne semble pour une fois pas avoir déserté les villes. Il
n'en demeure pas moins que là encore, Neil Breen fait preuve d'un
talent tout relatif. I'Am Here... Now
ambitionne de redonner à l'humanité tout son éclat à travers le
retour du Christ, lequel prend le taureau par les cornes en allant
directement s'en prendre à des politiques corrompus par l'argent.
Ici, le sujet traite donc de corruption, mais aussi de drogue, de
criminalité ou d'écologie. Dans un gloubiboulga incohérent qui
prouve définitivement qu'avant de monter son film, Neil Breen a
semble-t-il fumé la moquette, la tapisserie et la peinture des
plafonds, les séquences se succèdent et se répètent sans aucune
logique ! Son Jésus fait de bric et de broc guéri les
blessures, arrête le temps, rajeuni les âmes en peine, ressuscite
et quitte finalement le sol terrestre tout comme il était apparu,
avec l'espoir d'avoir enfin convaincu l'humanité du bien fondé de
son passage sur notre planète. Et d'une certaine manière, il y aura
réussi. Peut-être moins le Christ que Neil Breen d'ailleurs puisque
I'Am Here... Now
aura au moins eu le mérite de nous faire oublier tous nos tracas ne
serait-ce que le temps de sa projection. Le ridicule ici, confine au
sublime. Et la mégalomanie de son auteur, elle, le relègue au titre
suprême de gourou du Nanar...
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