Je me marre... à la
lecture des commentaires qui presque systématiquement vomissent sur
Netflix et autres plateformes
de streaming. Oser cracher dessus mais continuer à payer son
abonnement chaque mois, c'est comme de ''participer quotidiennement
au financement'' d'une maîtresse SM qui vous inculquerait la méthode
à apprendre pour bien vous comporter en société. Mouarf ! Je
n'ai pas mis de billes dans le premier long-métrage réalisé par
Anna Kendrick, ni ne me suis pas pris de passion pour sa carrière
d'actrice puisque je ne connais de celle-ci que son apparition dans
le premier volet de la franchise Twilight
ainsi que sa présence au générique du curieux The
Voices
de Marjane Satrapi. Pour le reste, cette actrice qui passe donc
désormais le cap en se retrouvant derrière la caméra s'intéresse
ici au cas très particulier d'un tueur en série qui défraya la
chronique criminelle américaine dans le courant des années soixante
et soixante-dix. Beaucoup moins charismatique qu'un Ted Bundy auquel
il fut comparé, Rodney Alcala fut l'auteur d'au moins huit meurtres.
Condamné pour cinq d'entre eux, certains lui prêtèrent le
vertigineux nombre de cent-trente victimes. Bien évidemment,
celui-ci fut arrêté, condamné, mis au trou, avant d'y crever comme
le chien qu'il fut de mort naturelle en 2021. Éclairer le grand
public sur ce genre d’individu est toujours un acte délicat
puisque d'une certaine manière, il s'agit dans l'inconscient (pas
tout à fait collectif) de certains détraqués, de le hisser au
panthéon comme d'autres préfèrent consacrer leurs efforts à
ériger à la hauteur de leurs exploits, chanteurs et autres légendes
du septième art. En ex-compagne d'un homme dont elle fut victime des abus, Anna Kendrick s'érige avec Woman
of the Hour
en porte-drapeau du néo-féminisme avec cette amusante touche
d'anachronisme qui veut que les rapports entre les hommes et les
femmes et l'attitude que l'on accorde aux uns envers les autres
pourraient être conçus de la même façon... que l'on soit en 2024
ou comme dans ce long-métrage écrit par Ian McDonald, au cœur des
années soixante-dix ! Faut pas tout mélanger fillette. Et
surtout pas forcer le trait du patriarcat et de la prédation
masculine. Comme elle le fait très grossièrement ici.
Dans
cette œuvre parfois touchante de maladresse où finalement,
l'actrice et réalisatrice s'intéresse moins au tueur en question
qu'aux femmes et tout particulièrement à celle qu'elle incarne, les
mecs prennent cher ! Du voisin trèèèèès sympathique mais un
peu lourd qu'elle mettra dans son lit par amitié. Genre, j'ai pas le
choix, c'est mon seul ami. Tu parles d'une morale ! D'autant
plus que rien ne démontre qu'il ait pu la contraindre. Donc, je
reprends : du voisin, en passant par les flics inactifs, par le
gardien qui se fiche littéralement qu'une jeune femme veuille
avertir les producteurs d'une émission de télévision que parmi les
candidats se cache un tueur ou encore par cet animateur affublé
d'une affreuse moumoute, icône ultra-caricaturale du beauf
misogyne ! Le plus ''drôle'', est cette main passée dans les
cheveux de notre héroïne sans son... consentement. Mon dieu quelle
horreur. Quelle abomination. Un geste que partagent d'ailleurs
l'animateur, le voisin et bien entendu, le tueur lui-même. Histoire
de mettre en corrélation l'acte des uns et des autres et ainsi nous
faire comprendre que tous les hommes sont potentiellement tous des
prédateurs sexuels ! Après, Woman of the Hour
n'est pas foncièrement mauvais. Le film bénéficie d'une très
belle photographie signée de Zach Kuperstein. Le montage d'Andrew
Canny est déjà beaucoup plus problématique. Désordonné mais pas
au point de nous perdre dans les méandres d'une sordide histoire
contée sous la forme d'un puzzle aux pièces dispersées, les
nombreux flash-back n'apportent pas grand chose étant donné que le
tueur reste au fond le moindre des soucis d'Anna Kendrick. Rodney
Alcala ne sert que d'outil propagandiste. Ce qui d'ailleurs est
vraiment dommage puisque après nous avoir servi quelques meurtres
plus ou moins marquants et une séquence profondément inintéressante
se déroulant lors d'une émission de télévision à laquelle le
tueur assista réellement, Anna Kendrick transforme ce très faible
thriller en ce qui aurait pu être un véritable joyau centré sur
l'un des pires tueurs en série qu'ait connu l'Amérique. Notons
d'ailleurs que Daniel Zovatto incarne un Rodney Alcala vraiment
convaincant... et parfois bizarrement touchant. Au final, nous
retiendrons malgré tout l'interprétation d'Anna Kendrick qui s'en
sort plutôt pas mal, le regard intense et le sourire sinistre de
Daniel Zovatto, quelques plans d'extérieurs réellement magnifiques
ou cette séquence nocturne qui confronte Cheryl Bradshaw à Rodney
Alcala une fois l'enregistrement de l'émission achevé. Bref, une
œuvre sympathique qui s'oubliera en revanche très rapidement...
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