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lundi 23 décembre 2024

Woman of the Hour d'Anna Kendrick (2024) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Je me marre... à la lecture des commentaires qui presque systématiquement vomissent sur Netflix et autres plateformes de streaming. Oser cracher dessus mais continuer à payer son abonnement chaque mois, c'est comme de ''participer quotidiennement au financement'' d'une maîtresse SM qui vous inculquerait la méthode à apprendre pour bien vous comporter en société. Mouarf ! Je n'ai pas mis de billes dans le premier long-métrage réalisé par Anna Kendrick, ni ne me suis pas pris de passion pour sa carrière d'actrice puisque je ne connais de celle-ci que son apparition dans le premier volet de la franchise Twilight ainsi que sa présence au générique du curieux The Voices de Marjane Satrapi. Pour le reste, cette actrice qui passe donc désormais le cap en se retrouvant derrière la caméra s'intéresse ici au cas très particulier d'un tueur en série qui défraya la chronique criminelle américaine dans le courant des années soixante et soixante-dix. Beaucoup moins charismatique qu'un Ted Bundy auquel il fut comparé, Rodney Alcala fut l'auteur d'au moins huit meurtres. Condamné pour cinq d'entre eux, certains lui prêtèrent le vertigineux nombre de cent-trente victimes. Bien évidemment, celui-ci fut arrêté, condamné, mis au trou, avant d'y crever comme le chien qu'il fut de mort naturelle en 2021. Éclairer le grand public sur ce genre d’individu est toujours un acte délicat puisque d'une certaine manière, il s'agit dans l'inconscient (pas tout à fait collectif) de certains détraqués, de le hisser au panthéon comme d'autres préfèrent consacrer leurs efforts à ériger à la hauteur de leurs exploits, chanteurs et autres légendes du septième art. En ex-compagne d'un homme dont elle fut victime des abus, Anna Kendrick s'érige avec Woman of the Hour en porte-drapeau du néo-féminisme avec cette amusante touche d'anachronisme qui veut que les rapports entre les hommes et les femmes et l'attitude que l'on accorde aux uns envers les autres pourraient être conçus de la même façon... que l'on soit en 2024 ou comme dans ce long-métrage écrit par Ian McDonald, au cœur des années soixante-dix ! Faut pas tout mélanger fillette. Et surtout pas forcer le trait du patriarcat et de la prédation masculine. Comme elle le fait très grossièrement ici.


Dans cette œuvre parfois touchante de maladresse où finalement, l'actrice et réalisatrice s'intéresse moins au tueur en question qu'aux femmes et tout particulièrement à celle qu'elle incarne, les mecs prennent cher ! Du voisin trèèèèès sympathique mais un peu lourd qu'elle mettra dans son lit par amitié. Genre, j'ai pas le choix, c'est mon seul ami. Tu parles d'une morale ! D'autant plus que rien ne démontre qu'il ait pu la contraindre. Donc, je reprends : du voisin, en passant par les flics inactifs, par le gardien qui se fiche littéralement qu'une jeune femme veuille avertir les producteurs d'une émission de télévision que parmi les candidats se cache un tueur ou encore par cet animateur affublé d'une affreuse moumoute, icône ultra-caricaturale du beauf misogyne ! Le plus ''drôle'', est cette main passée dans les cheveux de notre héroïne sans son... consentement. Mon dieu quelle horreur. Quelle abomination. Un geste que partagent d'ailleurs l'animateur, le voisin et bien entendu, le tueur lui-même. Histoire de mettre en corrélation l'acte des uns et des autres et ainsi nous faire comprendre que tous les hommes sont potentiellement tous des prédateurs sexuels ! Après, Woman of the Hour n'est pas foncièrement mauvais. Le film bénéficie d'une très belle photographie signée de Zach Kuperstein. Le montage d'Andrew Canny est déjà beaucoup plus problématique. Désordonné mais pas au point de nous perdre dans les méandres d'une sordide histoire contée sous la forme d'un puzzle aux pièces dispersées, les nombreux flash-back n'apportent pas grand chose étant donné que le tueur reste au fond le moindre des soucis d'Anna Kendrick. Rodney Alcala ne sert que d'outil propagandiste. Ce qui d'ailleurs est vraiment dommage puisque après nous avoir servi quelques meurtres plus ou moins marquants et une séquence profondément inintéressante se déroulant lors d'une émission de télévision à laquelle le tueur assista réellement, Anna Kendrick transforme ce très faible thriller en ce qui aurait pu être un véritable joyau centré sur l'un des pires tueurs en série qu'ait connu l'Amérique. Notons d'ailleurs que Daniel Zovatto incarne un Rodney Alcala vraiment convaincant... et parfois bizarrement touchant. Au final, nous retiendrons malgré tout l'interprétation d'Anna Kendrick qui s'en sort plutôt pas mal, le regard intense et le sourire sinistre de Daniel Zovatto, quelques plans d'extérieurs réellement magnifiques ou cette séquence nocturne qui confronte Cheryl Bradshaw à Rodney Alcala une fois l'enregistrement de l'émission achevé. Bref, une œuvre sympathique qui s'oubliera en revanche très rapidement...

 

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