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mardi 24 décembre 2024

L'étoile filante de Fiona Gordon et Dominique Abel (2023) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Fiona Gordon et Dominique Abel, c'est l'histoire d'une rencontre qui se situe au début des années quatre-vingt à Paris. Une fois installés à Bruxelles, ils y fondent la maison de production Courage mon amour à travers laquelle ils produiront pièces de théâtre, courts et longs-métrages. Dont L'étoile filante se présente d'ailleurs comme leur dernier projet. Bon, pour celles et ceux qui ne les connaissent ni d'Eve ni d'Adam, le premier de ces deux réalisateur, scénaristes, producteurs et acteurs, Dominique Abel, c'est ce type au regard rond, malingre, sorte de panégyriste belge et vieillissant du cinéaste français Jacques Tati. La seconde, Fiona Gordon, canadienne originaire d'Australie, c'est cette grande girafe, cette sauterelle chétive, véritable pendant féminin de son ami de quarante ans et des poussières. Leur art les éloignant de la comédie pure et simple, leur dernier long-métrage, écrit, réalisé, produit et joué par leurs soins est atypique. Entre OFNI (Objet Filmique Non Identifié) et OFPI (Objet Filmique Parfois Indigeste). L'un comme l'autre créant un fossé infranchissable qui empêchera de se rejoindre, deux catégories de spectateurs. Ceux qui se laisseront amadouer par l'étrangeté de l'univers du duo et ceux qui resteront hermétiques à leur approche du cinéma. Une vision de la comédie, burlesque, nonsensique, absurde qui de loin ou de près peut être jumelée à d'autres concepts. Tel l'excellent Ni à vendre, ni à louer que réalisa en 2011 Pascal Rabaté. Une œuvre qui contrairement à L'étoile filante prendra le judicieux parti d'inscrire ses personnages dans une foule de situations plus ou moins cocasses et sans autre réel fil conducteur que de s'y exprimer sous forme d'onomatopées ! Concernant la comédie de Fiona Gordon et Dominique Abel, c'est bien là que le bât blesse. En choisissant de nous conter une histoire, avec un début, un milieu et une fin, les deux cinéastes manquent le coche. La faute à une œuvre qui se préoccupe moins de l'écriture du scénario que de l'attitude à faire adopter aux interprètes et donc, aux personnages. Le dernier long-métrage du duo nous conte les mésaventures de Boris, le barman de l’Étoile filante qui donne justement son nom au titre du film. Rattrapé par son passé de terroriste dans les années quatre-vingt lorsque Georges (Bruno Romy), l'une de ses victimes, débarque pour le tuer, sa compagne Kayoko et le portier du bar, Tim, n'ont d'autre solution que de mettre Boris au vert. C'est alors que la jeune femme, incarnée à l'image par la chorégraphe, danseuse et comédienne japonaise Kaori Ito tombe tout à fait par hasard sur le sosie de Boris.


Dom ressemble en effet trait pour trait au barman et Kayoko ainsi que Tim décident d'échanger les deux hommes afin de mettre Boris à l'abri. Le portier, lui, est incarné par Philippe Martz. Un fidèle du duo dont il partage la vision depuis sa toute première apparition à l'image dans le court-métrage de Fiona Gordon et Dominique Abel, Rosita en 2000. Des traits semblables à ceux de notre Gérard Depardieu national mais doté d'une physionomie nettement moins pantagruélique, Philippe Martz incarne le portier, certes, mais surtout l'homme de main de ce duo formé autour de Boris et de Kayoko. Un Boris qui tout comme Dom, le sosie en question, est incarné par Dominique Abel. Quant à Fiona Gordon, elle interprète le rôle d'une détective privée avec tout ce que cela comprend de représentations du personnage. Long imperméable, cabinet dont la porte et marquée du sceau de son patronyme et de ses fonctions, piles de dossiers encombrant la minuscule pièce qui lui sert de lieu de travail et de réflexion, bureau minuscule au milieu duquel trône une vieille machine à écrire, bref, le personnage impose une vision du récit en forme de polar noir. Sauf que le contexte est ici ''gangrené'' par la volonté des auteurs de ne surtout pas ressembler à ce qui existe déjà ailleurs. D'où une formule qui se répète à l'envi. Une farandole de séquences plus iconoclastes les unes que les autres. Où les personnages semblent souvent être emportés par un élan créatif qui brise la matière première du récit pour ne plus se contenter que d'offrir une succession de scènes au sein desquelles les interprètes se lancent tantôt dans des pantomimes, tantôt dans des danses contemporaines orchestrées, on le devine, par Kaori Ito elle-même. Entre jubilation et parfois, admiration (quelques plans bénéficient d'une magnifique photographie confiée à Pascale Marin), vient s'installer une certaine frustration. Car derrière cette comédie faussement noire mais véritablement fragilisée par son manque de substance, un gros point noir vient neutraliser tout ou presque de l'intérêt d'une telle approche du cinéma. En clair, on se fait souvent chier, à attendre que les réalisateurs et leurs interprètes déroulent enfin le récit, quitte à mettre temporairement de côté leur vision délirante et objectivement artistique du septième art. Malheureusement, la plupart du temps, L'étoile filante multiplie les tentatives de jumelage entre cinéma, danse contemporaine, mime, théâtre et autres virtuosités tout en oubliant l'un des points essentiels : nous conter une histoire...

 

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