Jusqu'à maintenant, le
réalisateur, scénariste et chef monteur américain Greg Jardin
s'était exercé sur divers courts-métrages et clips vidéos. Ces
derniers semblent d'ailleurs avoir été une source d'inspiration
inépuisable puisque sa première tentative sur le grand format est
gorgée de visuels propres à la pop-music. Un délire artistique
permanent qui peut très rapidement filer le tournis mais qui ne
dépasse pas le cadre relativement nauséeux, voire kitschissime, de
notre Bertrand Mandico national (Les Garçons sauvages,
After Blue (Paradis sale)). Passé ce choix qui fait montre
d'une ingéniosité technique assez remarquable, un point
particulièrement noir vient percer la carapace du travail effectué
par cet artiste talentueux : la bande musicale. Si l'implication
de protagonistes dont l'âge mental ne dépasse que très rarement
celui d'adolescents semble opportunément indiquer que le
long-métrage s'adresse d'abord et avant tout à un public compris
entre quinze et trente ans, le principal soucis du film est plutôt
d'ordre technique. Comme l'ont évoqué nombre de spectateurs qui se
sont lancés avant nous dans l'aventure de cette bande d'amis réunis
lors de l'enterrement de vie de garçon de l'un d'entre eux, le choix
plus ou moins éclairé de musique classique parfois réinterprétée
à la manière d'un Walter Carlos (Orange Mécanique)
a ceci de contraignant qu'elle est d'un volume souvent trop
important. Parfois prétentieuse, surtout lorsqu'elle évoque la
fameuse Elevated
Horror dont
trop de films d'horreur se revendiquent, la bande son de It's
What Inside
étouffe une partie des dialogues qui, fort heureusement, ne sont pas
toujours d'une importance capitale. Il est donc conseillé, au mieux,
de découvrir le long-métrage de Greg Jardin dans sa version
d'origine sous-titrée en français ou au pire, accompagné d'un
logiciel d'ajustement sonore qui permettra de rééquilibrer
l'ensemble. Une supposition, si l'idée de lancer la version
française accompagnée de ses sous-titres afin de pouvoir lire les
dialogues en cas de problèmes d'écoute, rangez-bien au fond de
votre sac cette idée car l'expérience se trouve rapidement être
aussi désagréable que de coller son oreille contre les enceintes de
votre téléviseur afin de percevoir ce qu'il se dit au détour d'un
dialogue.
La
raison ? Comme cela est généralement le cas avec ce genre de
production, les doublages ne collent pas tout à fait aux
sous-titres. Autant dire qu'il est aussi peu agréable de passer des
uns aux autres que d'effectuer un exercice du périnée ! Autre
chose : si Greg Jardin semble bien connaître ses personnages,
il n'en va pas de même pour nous, téléspectateurs. Il est donc
tout à fait envisageable de s'imaginer faire une pause une fois
chaque protagoniste présenté à l'image afin de noter sur un petit
carnet, le prénom de chacun tant l'intrigue va se révéler, du
moins dans un premier temps, relativement alambiquée. Car si l'on en
vient maintenant à évoquer l'atout principal de cette œuvre que
l'on croirait n'être qu'un énième film d'horreur autour d'une
réunion de décérébrés nombrilistes (ce qu'est d'ailleurs parfois
le film),des démangeaisons, des vésicules, des œdèmes ou plus
naturellement, des boutons surgirent sans doute sur l'épiderme de
ceux qui eurent bien du mal à décortiquer l'intrigue et ses
soubassements. D'ailleurs, celui ou celle qui vous dira qu'il a dès
la première projection compris le film au mot ou à la virgule
près, hum, hum, méfiez-vous en ! Pour autant, et malgré les
défauts, qu'ils soient énumérés de façon objective ou non, It's
What Inside
demeure une expérience très intéressante. D'un point de vue
artistique, cette nouvelle itération du concept de body
Snatchers
a le mérite d'être très créative. On sent d'ailleurs la patte
toute personnelle de Greg Jardin qui semble s'éclater. Tout comme
celle de l'équipe technique qui s'en donne à cœur-joie. Concernant
le casting, on a droit à un groupe d'interprètes bigarré mais bien
dans l'air du temps. Ce qui confirme que le film vise d'abord un
public très ciblé. S'il prétend entrer dans le genre Horreur
Psychologique, It's
What Inside
reste cependant assez ''Gentillet''
et ne causera aucun dommage collatéral (aucun cauchemars à redouter
!). Comme l'on s'en doute, le concept d'échange de corps va apporter
son lot de surprises, éclatant la cohésion du groupe. Si certains
auront besoin de bien s'accrocher au wagon pour comprendre
raisonnablement l'intrigue, le long-métrage de Greg Jardin est une
curiosité à découvrir sur... Netflix !
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