Qui aurait cru qu'un jour
celui qui monta sur les planches du Moulin-Rouge
dans le dix-huitième arrondissement de la capitale française pour
l'émission On n'demande qu'à en rire
allait se positionner à la neuvième place du classement des dix
plus gros succès du cinéma français ? Juste derrière Le
Corniaud
de Gérard Oury et pas si loin des Visiteurs
de Jean-Marie Poiré qui avec un peu plus de treize millions et demi
d'entrées demeure en cinquième position (la première étant
toujours détenue par Bienvenue chez lesCh'tis).
Si Un p'tit truc en plus
n'est pas la première comédie française à avoir abordé le sujet
du handicap au cinéma puisqu'en 2018 le réalisateur et scénariste
français Vianney Lebasque l'avait déjà entrepris avec l'excellent
Chacun pour tous
et son équipe de basketteurs déficients mentaux (concept rappelant
d'ailleurs étonnamment le tout aussi remarquable film espagnol
Champions
de Javier Fesser sorti la même année), ce premier film de l'acteur
et humoriste Artus en tant que réalisateur et scénariste n'en est
pas moins une réussite même s'il sera sans doute conseillé de
garder son sang-froid devant l'exceptionnel engouement du public et
de la presse spécialisée dont il a bénéficié. S'il est clair
qu'Un p'tit truc en plus se
démarque de la plupart des comédies français sorties cette année
c'est bien évidemment davantage en rapport avec le caractère
spécifique de ses interprètes que de la mise en scène et du
scénario eux-mêmes. Aidée à l'écriture par Clément Marchand et
Milan Mauger, la comédie d'Artus est de fait on ne peut plus
classique. Le scénario, relativement simpliste, met en scène un
père et son fils braqueurs qui pour échapper à la police à la
suite d'un vol effectué dans une bijouterie s'incrustent à la suite
d'une méprise au sein d'un groupe de handicapés mentaux en partance
pour un gîte dans le Vercors (le principal lieu de tournage se
situera à Malleval-en-Vercors).
Se
faisant passer pour un handicapé, Paulo, qui devient alors Sylvain
(Artus), monte à bord d'un bus affrété tout spécialement,
accompagné de son père Lucien dit ''La Fraise'' qui de son côté
se fait appeler Orpi et se fait passer pour l'éducateur du jeune
homme (Clovis Cornillac, tout simplement excellent). Au beau milieu
d'une dizaine de handicapés tous accompagnés par les éducateurs
Alice (Alice Belaïdi), Céline (Céline Groussard) et Marc (Marc
Riso), le père et son fils vont tenter de se faire oublier et ainsi
demeurer au contact de ce groupe aussi fort sympathique que
hors-normes... Le problème avec ce genre de concept, c'est que l'on
peut très rapidement tomber dans la facilité. Écueil que parvient
fort heureusement à éviter Artus qui signe une comédie fort drôle
qui pourtant ne se moque jamais de ses personnages. Si d'aventure le
spectateur rit, c'est d'ailleurs plutôt devant les ''exploits'' de
Paulo/Sylvain que devant cette galerie de portraits inoubliables dont
certains se détachent très nettement du lot. L'humour d'Artus est
très facilement identifiable ('Au sujet de l'un des handicapés,
Paulo/Sylvain rétorque : ''Putain,
y'en a un qu'a une Kippa. Il croit en dieu le mec. Il est pas
rancunier'').
Au pire, s'il nous arrive de rire devant l'attitude des uns et des
autres (et il y a de grandes chances pour que cela se produise à de
nombreuses reprises), ça n'est jamais par moquerie mais parce que
les dialogues et la direction d'acteurs ont tout simplement été
conçus ainsi. Après, c'est vrai, le scénario est relativement
classique. L'émotion est quasiment absente du récit, ce qui peut
paraître inattendu face à ces nombreuses comédies qui n'oublient
jamais d'ébranler leur public lors de courts instants. De plus, le
scénario élude de manière sans doute trop aisée cette phase que
l'on attendait trop sûrement une fois le pot-aux-roses découvert
concernant la véritable identité du duo formé par le duo père/fils
par Alice et les autres éducateurs. Un p'tit tour au tribunal et
tout est dit. Malgré ces quelques faiblesses scénaristiques, Un
p'tit truc en plus demeure
un sympathique divertissement qui mérite finalement et amplement le
succès qu'il connut lors de sa sortie en salle...
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