Tout amateur de cinéma
fantastique, d'horreur ou d'épouvante connaît ou a déjà entendu
parler de De Lift
(L'ascenseur)
du réalisateur néerlandais, Dick Maas. Un long-métrage se
déroulant presque exclusivement dans un immeuble résidentiel dont
l'ascenseur semblait être mu d'une vie qui lui était propre. Avec
pour conséquences, un certain nombre de morts dont celle d'un
aveugle ou encore celle, plutôt traumatisante, d'un individu
décapité dans des circonstances vraiment épouvantables... Il est
une œuvre qui par contre n'évoquera pas forcément de doux et
joyeux souvenirs à tout le monde. Sorti un an plus tard en 1984,
Abwärts
(En dérangement
ou Out of Order)
de Carl Schenkel se faisait l'écho germanique du film de Dick Maas
qui obtint un an après sa sortie, le Grand Prix du Festival
international du film fantastique d’Avoriaz. Une petite production
allemande qui fit le bonheur des amateurs de vidéoclubs, certes
moins populaire mais qui engrangea malgré tout quelques récompenses
au Portugal, en Catalogne et bien sûr, dans son pays d'origine. Ôtez
l'aspect fantastique de De Lift
et vous obtenez désormais un thriller en forme de huis-clos encore
plus étriqué en terme d'espace et donc, sans doute, encore plus
oppressant. Réunissant principalement quatre interprètes pour
autant de personnages très identifiables. À commencer par l'acteur
Götz George, célèbre pour avoir incarné l'un des protagonistes de
la série policière allemande Tatort
dans le rôle du commissaire duisbourgeois Schimanski. Dans Abwärts,
il interprète Jörg, un publicitaire sous tension et sûr de lui,
lequel fréquente la charmante Marion qui de son côté est incarnée
par la néerlandaise Renée Soutendijk.. Actrice à la beauté toute
scandinave que son compatriote Paul Verhoeven éleva au rang d’icône
sexuelle à travers deux œuvres parmi les plus marquantes de sa
carrière (Spetters
en 1980 et De Vierde Man
trois ans plus tard), elle interprète dans le film de Carl Schenkel
une collègue et amie intime à l'attitude parfois très ambiguë.
Vient ensuite, Pit, jeune ''mélomane'' tout de cuir vêtu, quelque
peu marginal et en tout cas, provocateur, joué par Hannes Jaenicke.
Et
pour finir, l'acteur Wolfgang Kieling incarne quant à lui le
personnage de Gössmann, petit comptable adipeux et peu courageux qui
tient très serré contre sa poitrine une épaisse mallette contenant
la totalité des recettes de l'entreprise qui l'emploie ou devrais-je
dire, qui l'exploite depuis un certain nombre d'années. Nous sommes
en fin de semaine et dans l'immeuble moderne situé à Francfort où
va se dérouler l'intrigue, la nuit vient de tomber. Nos quatre
protagonistes se retrouvent ensemble dans le même ascenseur lorsque
celui-ci tombe en panne. Un réparateur qui plus tôt était venu
remédier à un dysfonctionnement à oublié sur place un tournevis
qui en tombant dans le tunnel de la cage d'ascenseur va causer un
court-circuit ! Problème : le vieil homme qui au
rez-de-chaussée est chargé de surveiller l'immeuble a la tête
ailleurs et ne voit pas les voyants rouges que vient de déclencher
Jörg en appuyant sur le bouton d'urgence. À l'intérieur de la cage
d'ascenseur, la température monte. Le comptable transpire comme un
bœuf, sa mallette toujours rivée contre sa poitrine tandis
qu'autour de lui, les esprits s'échauffent. Jörg et Pit mènent un
véritable combat de coqs, ce qui ne semble pas déplaire à
Marion... Abwärts
fait partie de ces petites bandes trop méconnues qui méritent
amplement d'être réhabilitées. Entre l'incofort moral provoqué
par l'attitude de garce de Marion et les différentes empoignades
entre Jörg et Pit, la tension ne cesse de monter. Malgré l’exiguïté
de l'environnement, Carl Schenkel réussit à colmater les problèmes
liés au manque d'espace en confrontant ses personnages dans des
situations violentes et parfois même très périlleuses. L'occasion
pour le réalisateur et scénariste d'explorer l'âme humaine dans ce
qu'elle a de plus perfide tout en composant un certain nombre de
séquences d'action qui valent bien celles de tout un pan du cinéma
outre-atlantique. Posez la question à ceux qui découvrirent Abwärts
il
y a quarante ans et la plupart d'entre eux vous diront que nous ne
sommes pas loin de tenir là, un véritable film culte ! N'ayant
quasiment perdu aucun point sur l'échelle du malaise, le
long-métrage de l'allemand fait effectivement partie de ces films
qui marquent et dont on se souvient très longtemps. Si vous ne
l'avez encore jamais vu mais que vous êtes fans de De
Lift,
aucune hésitation à avoir. Foncez découvrir Abwärts...
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