Dans la série des
longs-métrages datant des années quatre-vingt et auxquels j'ai
choisi d'octroyer le titre de films cultes indépendamment de ce que
peuvent en penser les cinéphages et les cinéphiles, après
l'excellent Abwärts,
j'aimerais évoquer une œuvre qui me semble être encore plus
méconnue que celle de Carl Schenkel. Si ce dernier semblait s'être
innocemment inspiré de De Lift
de Dick Maas, il est concevable d'imaginer que les canadiens Paul
Donovan et Maura O'Connell aient quant à eux désiré porter à
l'écran leur propre vision d'une œuvre aussi historiquement
importante que celle que réalisa l'américain John Carpenter en
1976, Assault on Precinct 13 !
C'est ainsi que l'on abordera tout d'abord Siege
qui verra le jour sept ans plus tard. Avant de constater que le film
possède ses propres caractéristiques et sa propre personnalité.
Film découvert pas tout à fait par hasard un soir dont la date
précise m'échappe totalement en ce sens où il fut diffusé dans
les années quatre-vingt sans que je me souvienne du jour, du mois ou
de l'année, ce dont je me souviens par contre très clairement est
l'effet que produisit sur moi ce film qui de nos jours pourrait
paraître aux yeux de certains, tout à fait anodin... Un passage
très mouvementé sur la quatrième chaîne nationale, pourvoyeuse de
pépites invisibles partout ailleurs sur les réseaux hertziens,
Siege
était à l'époque une œuvre qui procurait un certain malaise.
Comme un cauchemar dont on se réveillait les draps humides et le
visage en sueur. Nappe sombre et police de caractère rouge sur fond
noir en préambule. Comme un mensonge ''sur la marchandise'' nous
laissant supposer que le Frank Zito de Maniac
aurait pu avoir l'idée de revenir hanter les nuits de New-York le
scalpel toujours parfaitement aiguisé. Mais ici, rien à voir. Et
d'ailleurs, les deux hommes, mieux que d'exploiter le scénario de
John Carpenter, ont choisi de revenir sur un événement qui marqua
la ville d'Halifax en Nouvelle-Écosse deux ans auparavant... Qu'en
est-il alors de Siege
plus de quarante ans après sa première diffusion à la télévision
française ? Pour être tout à fait honnête, pas grand
chose... Il demeure tout de même quelques séquences marquantes qui
déjà à l'époque avaient fait leur petit effet. Il faut tout
d'abord savoir qu'en 1981 eut lieu une grève de la police d'Halifax
avec pour conséquence, une élévation du niveau de violence qui a
débouché sur des émeutes et des pillages de la part d'une partie
de la population.
C'est
donc dans cet esprit ''festif'' de ratonnade contre des homosexuels
que plusieurs hommes vont se réunir armés de barres de fer et de
bâtons de bois afin de ''casser du PD'' dans un bar exclusivement
fréquenté par des hommes et des femmes n'ayant aucune espèce
d'attirance pour le sexe opposé. Seul long-métrage à avoir été
réalisé conjointement entre Paul Donovan et Maura O'Connell, Siege
met donc en scène une belle brochette d'abrutis scrupuleusement
triés sur le volet (les acteurs ont vraiment des gueules
incroyables) qui vont s'en prendre à de pauvres homosexuels qui n'en
demandaient sûrement pas tant. Lors de leur expédition punitive, le
barman de la boite gay où ils se rendent meurt accidentellement. La
police étant en grève mais ne sachant pas comment faire pour
s'assurer que les témoins présents ne cracheront pas auprès des
flics au moment venu, le chef de la bande fait appel à un certain
Cabe, un tueur à gages qui va méthodiquement tuer tous les
témoins....... sauf un qui parviendra à s'échapper pour se
réfugier chez Horatio (Tom Nardini) et Barbara (Brenda Bazinet).
Lesquels vont l'abriter mais malheureusement mettre aussi leur propre
vie ainsi que celle de plusieurs voisins en danger. En effet, Cabe et
les voyous vont poursuivre le dernier témoin jusqu'à son lieu de
refuge et tenter de mettre la main sur lui. La nuit ne fait que
commencer et va s'avérer particulièrement périlleuse pour le
couple et leurs amis qui ne vont avoir d'autre choix que de se
défendre avec les moyens du bord... Parmi les acteurs, peu sont
connus chez nous. Pourtant, l'un d'entre eux, Doug Lennox, est
relativement reconnaissable puisque l'année suivante il joua dans
Police Academy
de Hugh Wilson et apparaîtra notamment plus tard dans X-Men
de Bryan Singer.
En attendant, il incarne dans Siege
un tueur impitoyable maniant les armes à feu, les couteaux et même
le fil à couper le beurre dont il fait un tout autre usage. Brutal
et parfois même assez malsain en raison d'une partition musicale
aussi étrange que froide et lugubre signée de Peter Jermyn et Drew
King, le film de Paul Donovan et Maura O'Connell bénéficie en
outre de l'austère photographie de Les Krizsan, entre noirs et bleus
profonds. Siege
demeure au final une bonne petite série B, un brin répétitive
malgré tout mais qui assène tout de même quelques séquences assez
violentes et réserve d'authentiques moments de tension...
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