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mercredi 16 octobre 2024

Reality de Tina Satter (2023) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Avec son titre, Reality pourrait se faire passer pour une œuvre de science-fiction et d'anticipation dystopique et pourtant, le premier long-métrage écrit, réalisé et produit par Tina Satter en 2023 entre bien dans un contexte historique réel puisqu'il s'inspire d'un fait qui se produisit en 2017 lorsque la linguiste cryptologue et ancienne employée des services secrets américains Reality Winner fut soupçonnée puis reconnue coupable avant d'être condamnée à cinq ans d'enfermement à la prison de Lincoln County à Lincolnton, en Géorgie pour avoir fait fuiter un rapport de renseignements concernant des accusations d'ingérences russes dans l'élection présidentielle américaine de 2016 qu'elle aurait envoyé au magazine web The Intercept. Film d'une durée relativement courte puisque n'excédant pas les quatre-vingt deux minutes, Reality entre directement dans le vif du sujet, sans chichis ni froufrous, prenant le spectateur à témoin lors de l'interrogatoire de la jeune femme alors âgée de vingt-cinq ans qui chez elle fut soumise à un certain nombre de questions s'agissant de ce que l'on nommera l'Affaire du Russiagate. D'emblée, et à partir du titre lui-même, Tina Satter s'intéresse en priorité au personnage de Reality Winner. À travers le regard de l'actrice Sydney Sweeney dont la carrière semble s'envoler depuis ces dernières années (on l'a notamment découverte dans l'excellent Immaculée de Michael Mohan il y a quelques mois), la réalisatrice capte avec attention le visage de son héroïne dont l'actrice a parfaitement intégré l'attitude. C'est d'ailleurs en grande partie grâce à son interprétation que le film fonctionne tout d'abord. Car à côté de la performance de Sydney Sweeney, l'économie de moyens dont fait preuve la production contraint d'autres critères comme l'interprétation à s'élever au delà de la simple incarnation, sans âme et dénuée de tout talent. La jeune actrice personnifie à merveille cette lanceuse d'alerte, maintenant une certaine ambiguïté durant un récit dont la sobriété se conjugue à merveille avec le décor nu et austère d'une pièce sans chaises ni table où d'ailleurs le gros de l'intrigue se déroulera.


Et puisqu'il faut confronter la jeune femme à ses interrogateurs, la réalisatrice convie au sein du casting les acteurs Josh Hamilton (ici doublé par Nicolas Marié) et Marchánt Davis, lesquels incarnent respectivement les agents du FBI Garrick et Taylor. Ce dernier étant souvent en retrait, le premier, lui, apparaît comme le gentil agent, prévenant auprès de la jeune femme, la questionnant sur tout et rien. En fait, une technique bien connue consistant à manipuler la personne soupçonnée afin de la mettre en confiance et ainsi la pousser à se confier. C'est sans doute de ce point de vue là que le film tire sa plus grande force en dehors de l'impeccable interprétation des trois acteurs. Cette lente et inéluctable progression vers la vérité selon laquelle Reality Winner aurait effectivement fournit des documents sensibles pour la démocratie et les renseignements américains. Pourtant, le film ne va pas tout à fait au bout des choses. À vouloir aller en profondeur l'on aurait sans doute aimé que la moindre information nous soit divulguée plutôt que d'être éclipsée à travers des moyens visuels, certes très étonnants, mais censurant certaines infoprmations. Servant d'ailleurs de matière première à quelques séquences qui laissent envisager des pertes de mémoires fort mal contrôlées par notre héroïne qui peu à peu se désagrège aussi bien physiquement qu'intellectuellement. Dans la série des grandes affaires crimino-judiciaires américaines, Reality n'est évidemment pas aussi profondément documenté qu'un JFK signé en 1991 par Oliver Stone ou tout autre type de long-métrage du même genre. Et cela, bien que le film de Tina Satter repose sur la transcription mot pour mot de l'interrogatoire que subit le 3 juin 2017 Reality Winner. Le formalisme avec lequel la réalisatrice traite son sujet peut paraître écrasé face à l'ampleur du sujet mais par ailleurs, c'est bien l'interprétation de ses trois acteurs principaux qui fait de Reality une œuvre que l'on pourrait presque qualifier de coup de poing tant elle a tendance à démontrer le terrible contraste qui existe entre un citoyen d'apparence lambda et des autorités chargées de lui faire cracher le morceau. Au final, Reality est un curieux mélange entre vérisme et surréalisme. Entre l'authenticité du propos et l'improbable environnement dans lequel les événements ont lieu...

 

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