Sacré Ruggero Deodato...
Après avoir signé l'un des films d'horreur les plus malsains et les
plus controversés de l'histoire du cinéma en 1980 avec Cannibal
Holocaust,
voici que trois ans plus tard il revenait avec un authentique nanar
intitulé dans son pays I Predatori di Atlantide,
à l'internationale Atlantis Interceptors
et chez nous sous le très pompeux titre, Les
prédateurs du futur.
Un titre à l'effarant anachronisme si l'on tient compte du fait que
les antagonistes du récit proviennent en théorie de la légendaire
île de l'Atlantide évoquée près de trois-cent cinquante ans avant
Jésus Christ dans les Dialogues
du philosophe Antique Platon, Timée
et Critias...
C'est donc du passé que viennent ces derniers et non pas d'un futur
évoqué par la traduction française ou par l'affiche qui promet que
l'intrigue se déroule en 1994 à Miami alors que le film fut tourné
en 1983. Tout commence (ou presque) à bord d'une plate-forme de
recherche océanographique où le docteur Cathy Rollins (l'actrice
Gioia Scola) étudie une étrange rune de l'époque précolombienne
découverte alors qu'une équipe de scientifiques terminaient les
travaux d'extraction d'un sous-marin nucléaire d'origine soviétique.
Cependant, durant l'analyse de l'objet, un phénomène extraordinaire
se produit très exactement sous la plate-forme. En effet, un immense
dôme de verre surgit de l'océan et fait chavirer les installations.
Les rares survivants sont heureusement secourus par trois hommes qui
faisaient du bateau non loin de là. Ces derniers, prénommés Mike,
Washington et Manuel sont incarnés à l'écran par John Vasallo,
Tony King et surtout Christopher Connelly. Si le premier n'a tourné
dans aucun autre long-métrage et si le second est apparu dans le
film de Blaxploitation
Shaft, les nuits rouges de Harlem
de Gordon Parks en 1971, dans Le Parrain
de Francis Ford Coppola l'année suivante sans pour autant y être
crédité ou en 1984 dans un épisode de la série Magnum,
le troisième demeure l'acteur le plus connu à avoir joué dans Les
prédateurs du futur.
Interprète d'origine américaine, il s'est notamment illustré à
l'échelle mondiale pour son rôle de Norman Harrington dans la série
Peyton Place
qu'il incarna pas moins de quatre-cent quatre-vingt dix fois.
Mais
pour les amateurs de cinéma bis horrifico-fantastique, Christopher
Connelly demeurera connu pour avoir joué dans
La Malédiction du pharaon de
Lucio Fulci en 1982, Les Guerriers du Bronx
d'Enzo
G. Castellari la même année ou encore Strike
Commando : Section d'assaut de
Bruno Mattei en 1987 ! Nous noterons également la présence de Michele Soavi qui en ce temps là n'avait pas encore tourné son Giallo culte, Bloody Bird et qui dans ce film incarne le rôle de James... Dans l'imaginaire de tout un chacun,
l'Atlantide est un lieu mythique et englouti à l'architecture très
particulière. Quant à ses habitants, les atlantes, leur apparence
diverge souvent mais une chose est certaine : jamais ils
n'auraient ressemblé aux antagonistes de ces Prédateurs
du futur dont
le look est décidément la marque de fabrique des costumiers du
cinéma fantastique, horrifique et d'anticipation italien des années
quatre-vingt ! Qu'il s'agisse des travaux effectués sur les
costumes par Adriana Spadaro pour 2019 après la
chute de New York
de Sergio Martino, par Elda Chinellato pour Les
rats de Manhattan de
Bruno Mattei, par Mario Giorsi pour Les nouveaux
barbares
d'Enzo G. Castellari, par Luciana Marinucci pour Les
Exterminateurs de l'an 3000 de
Giuliano Carnimeo ou comme ici par Giuliana Serano, heureusement que
le ridicule ne tue pas car parmi les rangs de l'équipe technique et
parmi les interprètes, il y aurait sans doute eut moins de
survivants que parmi les personnages du film ! Écrit par
Vincenzo Tomassi et Dardano Sacchetti (ce dernier est resté célèbre
pour avoir côtoyé une partie des œuvres de Dario Argento, Umberto
Lenzi, Mario Bava et bien sûr, Lucio Fulci), Les
prédateurs du futur
est étonnamment creux. Malgré une toute première partie riche de
promesses, la suite n'est vraiment pas à la hauteur avec une
succession de fusillades et de courses-poursuites très en deçà de
Mad Max 1 et
2 de
George Miller auxquels se réfère inconsciemment ou non le
long-métrage de Ruggero Deodato. Nos héros se confrontent en
permanence à des hommes et des femmes montés sur des motos ou se
déplaçant à pieds, accoutrés de manière souvent ridicule
(toujours cette histoire de costumes). Mais surtout, la promesse
d'une Atlantide surgissant des eaux est loin de tenir sa promesse.
Rien ne ressemblant plus à un film post-apocalyptique italien qu'un
autre film post-apocalyptique italien, rien ne distingue vraiment
Les prédateurs du futur
de ses congénères transalpins. Moche et répétitif, niveau Acting,
là encore, y'a du boulot ! Concernant la bande originale
composée par Guido et Maurizio De Angelis, je ne vous ferai pas
l'affront de décrire cette bouillie FM et infâme dans le détail
Bref, les amateurs de nanars vont se régaler. Les autres passeront
sans doute leur chemin...
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