Auteur des géniaux Gummo
en 1997 et de Julien Donkey-Boy
en 1999, Harmony Korine fut à l'époque l'un des plus remarquables
représentants du cinéma dit indépendant. Depuis, de l'eau a coulé
et même si quelques éclairs de ''génie'' semble être parfois
produits par l'hémisphère droit de son cerveau, force est de
constater que le bonhomme est également capable de produire des
choses aussi improbables que Trash Humpers
il y quinze ans. Le terme O.F.N.I
prend ici tout son sens. Comme si le mot avait été conçu pour ce
seul voyage au pays des dégénérés où une famille apparemment pas
très claire dans sa tête fornique avec tout ce qui lui passe sous
la main. Non mais sans rire... ou peut-être un peu malgré tout,
comment décrypter cette succession d'images affreusement
(génialement ?) produite à l'aide d'un vieux caméscope VHS
et de cassettes en bout de course comme n'étant rien d'autre qu'une
œuvre sans inspiration, libre, folle, certes, mais dénotant une
certaine propension à ne rien livrer d'autre que le spectacle
affligeant d'hommes et de femmes dont le principal hobby est de
pratiquer un simulacre d'accouplement avec, au hasard, des bennes à
ordures, des murs ou des troncs d'arbre ? On a même droit à
une fellation obtenue sur une branche ou encore une veuve-poignée
sur un autre type de végétal. En dehors de toute considération
sexuelle déviante, Trash Humpers
se positionne ici, et selon notre propre opinion, comme l'état des
lieux d'un pays, d'une civilisation, d'un monde qui va mal. D'une
certaine manière et sous forme de comédie horrifique plutôt amère,
Harmony Korine prenait en 2008 les devant d'une dérive future, celle
au beau milieu de laquelle nous pataugeons actuellement et où les
repères d'identité se sont faits la malle pour offrir à tout à
chacun l'opportunité de choisir la sienne, au mépris du
raisonnable. Le cinéaste aurait pu se contenter d'aborder l'étrange
caractéristique que revêt l'agalmatophilie mais préfère, pourquoi
pas, caricaturer ce ''concept'', quitte à rendre sa pratique encore
plus déviante. Ici, du moment que les uns et les autres ont la
possibilité de s'accrocher à telle ou telle surface, tout est
prétexte à s'adonner au sexe sur des objets inertes qui n'en
demandaient certainement pas autant.
Soliloquant
à la manière de patients internés dans le quartier le plus
sécurisé d'un hôpital psychiatrique, Momma, Buddy, Plak, Twin et
les autres ont comme passion secondaire, la destruction systématique
de tout ce qui leur passe entre les mains. De quoi se défouler lors
des soirées de grande chaleur, dans des rues mal éclairées, mal
fréquentées (par nos zozos, donc), lesquels s'acharnent sur de
pauvres vieilles télés à gros culs cathodiques quant ils ne se
rendent pas carrément dans une baraque abandonnée afin de saccager
ce qu'il reste à détruire. Un peu glauque, très rarement amusant
et souvent incompréhensible, sachons demeurer objectif malgré la
passion ou l'amour qui nous anime pour le cinéma d'Harmony Korine et
reconnaissons que Trash Humpers
est quand même une belle grosse merde. Mais alors, du genre de
celles qui hypnotisent, fascinent, nous retiennent, pour telle ou
telle raison. La mienne ? Je l'ai trouvé en supposant que le
long-métrage pouvait également être vu sous l'angle de l'hommage à
un certain cinéma qui fit trembler le public avide de frissons au
beau milieu des années soixante-dix. Suis-je donc le seul à avoir
remarqué l'étrange similitude physique qui existe entre ces
''vieillards'' blafards et le grand-père Sawyer de la famille de
timbrés provenant de l’œuvre mythique de Tobe Hooper, Massacre
à la tronçonneuse... ?
Comme si la pauvre Sally Hardesty, après avoir fait son petit tour à
l'étage de la grande baraque familiale avait déniché une vieille
bande VHS
et s'en était inconsciemment emparée avant de prendre la fuite...
Dotés de masques, Rachel Korine (qui accessoirement est l'épouse du
réalisateur), Brian Kotzur, Kevin Guthrie, Charles Ezell et les
autres ont la diction difficile. Mais cela, apparemment, Harmony
Korine s'en désintéresse. Il demeure dans Trash
Humpers
quelques bribes de ce cinéma fascinant qui était le sien. Ce
regard, cette tendresse pour la marginalisation sous le prisme d'une
fiction qui pourrait donc être perçue comme une préquelle au
classique de Tobe Hooper. Bref, pas facile de juger le film de
manière totalement impartiale. Reste de ce conglomérat de ''grand
n'importe quoi'', le visuel rétro qui donne au projet l'allure d'un
Found Footage
ou quelque fugaces apparitions de ''témoins'' à la manière de ce
cinéma-vérité que l'on chérissait tant chez Harmony Korine...
Je ne connais ce Monsieur que parce qu'il a signé un texte d'une chanson de l'album "Vespertine" de Björk...
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