Ben merde alors !
Vingt-sept ans après avoir subit sur grand écran Le cinquième
élément
au point d'avoir eu un instant l'envie de mettre le feu au cinéma
qui l'avait projeté, voilà que le film, selon moi, s'est bonifié
avec le temps. Au point de penser qu'il s'agit sans doute de l'un des
derniers bons crus de notre Luc Besson national. Vous savez, le
bonhomme qui trente ans plus tard s'intéressa une nouvelle fois à
la science-fiction en adaptant sur grand écran la série de
bandes-dessinées de Pierre Christin, Jean-Claude Mézières et
Évelyne Tranlé, Valérian
et Laureline,
sous le titre Valérian et la cité des mille
planètes.
Oui, oui, on parle bien de cette bouillie visuelle qui en terme de
mise en scène et d'écriture reste tout simplement imbitable.
Probablement qu'en revenant dessus dans un peu plus d'un quart de
siècle, peut-être l'envisagerai-je d'un tout autre point de vue. Ce
qui me semble couru d'avance puisque la seule raison pour laquelle
j'ai choisi une fois de plus de m'engager dans le périple du Major
Korben Dallas, du Père Vito Cornelius et de Leeloominaï Lekatariba
Lamina-Tchaï Ekbat De Sebat que l'on nommera plus simplement Leeloo,
fut la présence à l'écran de Bruce Willis, de Ian Holm ou encore
de Gary Oldman. D'emblée, et alors qu'à l'époque je n'avais pas eu
d'autre choix que d'aller découvrir le film en version française,
ma première raison de grincer des dents fut le doublage de Bruce
Willis qui selon la volonté de Luc Besson lui-même fut assuré non
plus par Patrick Poivery mais par Bernard Métraux. Un choix plutôt
étonnant mais que voulez-vous, Sieur Besson le voulut ainsi...
Passons ensuite sur les placements de produits avec ces multiples
plans montrant l'enseigne McDonald's,
l'un des rois de la malbouffe et de la restauration rapide ou cette
pseudo-refonte de l'univers propre à Blade
Runner
de Ridley Scott en version nettement moins sombre et anxiogène.
Un
peu à la manière de Stargate
ou La porte des étoiles
de Roland Emmerich, Le cinquième élément
ouvre
les hostilités en Égypte au début du vingtième siècle. Là, un
archéologue déchiffre une fresque gravée à l'intérieur d'un
temple indiquant l'apparition du Mal tous les cinq-mille ans. Seul
moyen de contrer ce dernier : cinq éléments dont l'un est
représenté par une effigie de forme humanoïde. Cette séquence
d'ouverture permet à Luc Besson de détruire l'image de bad boy de
l'acteur américain Luke Perry (lequel est devenu mondialement
célèbre grâce au rôle de Dylan McKay dans la série Beverly
Hills 90210),
lequel incarne un assistant dont le trouillomètre affiche un
affligeant zéro ! Débarque alors un vaisseau d'assez belle
allure conçu par la société d'effets-spéciaux créée quatre ans
auparavant par le réalisateur James Cameron, Digital
Domain.
En sort une poignée d'extraterrestres atteints d'obésité et
d'armures (exosquelettes?) venus délivrer un message. Près de
trois-cent cinquante ans plus tard, le film met en scène Bruce
Willis dans le rôle du chauffeur de taxi Korben Dallas sur le
véhicule duquel tombe comme une enclume, Leelo. Jeune et jolie femme
conçue à partir de cellules vivantes retrouvées in extremis à
l'intérieur d'une main métallique appartenant à une entité
extraterrestre. Le cinquième élément, c'est ELLE. Son apparition
coïncide avec celle d'un étrange et gigantesque objet qui se
promène tranquillou dans l'univers afin de détruire toute forme de
vie qui croise son chemin. Et notre planète, malheureusement, semble
être sa prochaine destination. Si de prime abord Le
cinquième élément semble
être une sorte de fourre-tout, Luc Besson vidant ainsi le trop plein
d'imagination que contient sa caboche, il faudra sans doute pour
certains, un deuxième visionnage pour saisir en grande majorité
tout ce que nous conte le script écrit conjointement entre le
réalisateur et le scénariste américain Robert Mark Kamen.
En
effet, Luc Besson a tendance à remplir son film jusqu'à la gueule
de personnages secondaires plus ou moins utiles, bien qu'en y
réfléchissant, la majorité d'entre eux demeurent objectivement
nécessaires à l'intrigue. Servant l'imaginaire parfois débridé de
son auteur, si l'on entre dans la tête de cet homme sans doute trop
inspiré, la présence de la Diva Plavalaguna (Maïwenn) a du sens.
Comme celle de l'acteur et humoriste Chris Tucker qui dans le rôle
de l'animateur radio Ruby Rhod est surtout là pour faire le show !
Aux côtés du personnage principal interprété par Bruce Willis
l'on retrouve le Père Vito Cornelius, interprété par Ian Holm
(l'androïde de Alien, le huitième passager de
Ridley Scott), ainsi que Milla Jovovich dont la carrière débuta une
dizaine d'années en arrière par quelques téléfilms et séries
télévisées dont un épisode de Mariés, deux
enfants
et un autre de Parker Lewis ne perd jamais...
Après avoir expérimenté les fonds marins avec Le
grand Bleu,
Luc Besson se montre déjà nettement plus timide lorsqu'il s'agit
d'explorer l'espace qui nous entoure puisque la majeure partie des
séquences sont tournées en intérieur dans des décors conçus par
le chef décorateur et directeur artistique français, Dan Weil. Et
ce malgré le fait que certaines zones de l'univers aient été
théoriquement prospectées. Fidèle à Luc Besson depuis son
court-métrage L'avant dernier
en 1981, l'on retrouve une nouvelle fois aux commandes de la bande
musicale Eric Serra, lequel crée notamment à cette occasion un
court extrait d'opéra futuriste relativement plaisant. Avec ses
soixante-quinze millions d'euros (soit trois fois moins que pour le
futur Valérian et la cité des mille planètes),
Luc Besson s'amuse déjà comme un gamin auquel l'on aurait confié
les manettes d'un jeu vidéo en mode ''vies
illimitées''.
Il offre pour la seconde fois le rôle de l'antagoniste principal à
Gary Oldman après l'avoir engagé sur le tournage de Léon
trois ans auparavant. Un personnage haut en couleurs, affublé d'un
costume ridicule comme beaucoup d'autres d'ailleurs et dont la
conception fut confiée au styliste et couturier français Jean-Paul
Gaultier. Souvent épuisant, un brin ringard, voire même parfois
nanardesque mais moins bordélique qu'il ne m'était apparu à
l'époque, Le cinquième élément gagne
finalement à être redécouvert aujourd'hui...
J'ai vu Subway, Le grand bleu, Nikita et Léon mais pas celui-là.
RépondreSupprimerJe ne sais plus si je t'avais fait découvrir cette vidéo alors dans le doute... Mortel et tellement vrai :-)
https://www.youtube.com/watch?v=GJ1ySirkOAE