Six ans déjà qu'est
sorti le formidable Tous les dieux du ciel
de Quarxx. Une œuvre assez stupéfiante, voire inédite dans le
paysage cinématographique français si généralement commun dans
son approche du septième art. Pour son retour à l'image, et après
avoir réalisé entre-temps le court-métrage Les
princesses font ce qu'elles veulent,
le réalisateur, scénariste et monteur français dont les ressources
sont multiples et dépassent le simple cadre du cinéma (il pratique
en outre la peinture et la photographie) revient donc avec
Pandémonium.
L'un des nombreux néologismes datant du dix-septième siècle
qu'inventa le poète londonien John Milton pour décrire la capitale
de l'Enfer où se réunit le conseil des Démons sur ordre du Diable.
Un lieu où se retrouvent et son jugés toutes celles et ceux qui y
sont destinées : et à première vue, les responsables d'actes
homicides. Car c'est bien autour du sujet que tourne le dernier
long-métrage de Quarxx. Une œuvre en forme de catalogue
rudimentaire sur le sujet de la mort contrainte et forcée. Un
accident, un double parricide et un suicide sont les objets de ce
film sombre comme les affectionne son auteur. Découpé en différents
chapitres, se fondant idéalement les uns à la suite autres à
travers l'exposition d'un purgatoire moins sinistre que celui proposé
par le macabre L'au-delà
de Lucio Fulci dans les années quatre-vingt, le récit s'intéresse
tout d'abord à Daniel et Nathan qu'interprètent respectivement
l'acteur franco-kosovare Arben Bajraktaraj (Taken
en 2008, Des hommes et des dieux
en 2010 ou Nicky Larson et le Parfum de Cupidon
en 2018) et Hugo Dillon. Lors de ce premier ''sketch'', les deux
hommes se retrouvent sur une route de montagne où ils ont eu un
grave accident. Le second ayant renversé à l'aide de sa voiture le
premier qui lui était à moto. Les deux hommes sont morts et tentent
de comprendre ce qui leur arrive lorsque deux portes surgissent de
nulle part. De la première s'échappe une jolie musique tandis que
de la seconde émergent d'horribles lamentations. Cette première
incursion de Pandémonium
dans les domaines de la mort et de l'enfer possède cette étrange
saveur qui fait que l'on ne peut affirmer que le sujet est
originellement, volontairement ou intégralement envisagé sous sa
forme actuelle.
Car
derrière le message évidemment crépusculaire se cache un humour
féroce que viendra notamment confirmer la seconde histoire mettant
en scène une jeune enfant, fille d'un couple aisé qu'elle découvre
un jour allongé sur le sol de l'une des nombreuses pièces de leur
immense demeure, la gorge tranchée. Quarxx aborde ici l'une de ses
thématiques favorites en faisant intervenir l'acteur de deux mètres
six Carl Laforêt afin d'y incarner une homme monstrueux caché dans
les soubassements de la propriété. Un être difforme, atteint de ce
qui semble être une forme sévère de neurofibromatose ou de
syndrome de Cloves
(qui au dix-neuvième siècle toucha Joseph Merrick, un phénomène
connu sous le nom de
Elephant Man).
Une créature repoussante, malodorante mais douce et ignorante de
tout et dont la fille du couple assassiné prénommée Nina (Manon
Maindivide) va se servir. La scène s’intercalant précédemment
entre la première histoire et celle-ci ne laissant aucun doute sur
l'identité de celui ou celle qui égorgea le père de famille et son
épouse. La troisième histoire tourne quant à elle autour de Julia
(Ophélia Kolb), mère de famille très occupée qui n'aperçoit pas
la détresse de sa fille Chloé (Sidwell Weber) qui choisit de se
suicider dans leurs salle de bain plutôt que de subir à nouveau le
harcèlement de ses camarades. Ce dernier acte de
Pandémonium
a non seulement pour fonction de démontrer que le suicide est un
meurtre comme un autre et qu'il vous mène directement en Enfer mais
tourne également autour du déni lié à la mort d'un proche. Quarxx
filme de manière relativement douloureuse le harcèlement scolaire
dont est victime Chloé, adolescente dont le statut social est une
raison suffisante pour en faire le souffre-douleur de ses camarades
d'école. Se concluant par la rencontre entre Nathan (personnage qui
aura finalement fait le lien entre les diverses histoires) et le
Diable, Pandémonium
se termine sur une note sinon ringarde, du moins relativement
zédifiante. Des rouges criards et des créatures en latex comme au
bon vieux temps des effets-spéciaux pratiques. L'un des points forts
du long-métrage, c'est sa photographie. Le réalisateur nous offre
en effet quelques superbes plans comme ce décor qui peu à peu se
couvre d'un blanc manteau de neige. Sans doute Pandémonium
est-il très largement en deçà de Tous les
dieux du ciel mais
le concept demeure intéressant...
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