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jeudi 9 mai 2024

Beshenstvo de Dmitriy Dyachenko (2023)

 


 

Pour son dernier long-métrage, le producteur, réalisateur et scénariste russe Dmitriy Dyachenko a choisit un thème qui n'est pas aussi couramment évoqué que l'on pourrait le penser sur grand écran. La rage. Cette maladie dont les symptômes sont visuellement effrayants et qui dès leur apparition sont synonymes de mort inévitable chez celui qui en est atteint puisqu'il n'existe à ce jour aucun traitement capable de la guérir. Le moyen le plus courant de l'attraper est en général d'être mordu par un animal qui en est victime. C'est donc le sujet auquel vont être confrontés une poignée d'hommes qui dans Beshenstvo (qui signifie Rage) vont tenter d'échapper aux divers assauts perpétrés par des loups atteints par la maladie ainsi qu'un ours brun qui dans les derniers instants va remettre en question l'attitude de l'un des protagonistes. Car en effet, le long-métrage de Dmitriy Dyachenko repose non seulement sur ces affrontements mais également sur celui entre un père et son fils puisque le premier tentera d'isoler le second afin de le sevrer de sa dépendance à l'héroïne. Un problème d'addiction à la drogue qui n'arrangera en rien la situation et provoquera même plusieurs décès. Le russe construit tout d'abord son récit autour d'un petit village avant d'enfoncer ses principaux personnages au fin fond de la taïga recouverte d'un épais manteau de neige. Des conditions de survie particulièrement difficiles qui elles non plus ne vont pas arranger les conditions des quatre personnages autour desquels va se dérouler l'aventure. Sur le même principe que celui des films se déroulant autour du thème des infectés, Dmitriy Dyachenko a la bonne idée de transposer le mythe vers un phénomène beaucoup plus réaliste puisque la rage est une maladie authentique. De plus, les créatures atteintes ne sont plus humaines mais animales, ce qui donne lieu à diverses attaques plutôt convaincantes.


L'une des grandes qualités de Beshenstvo, c'est son environnement. La rigueur de l'hiver dans une contrée relativement inhospitalière. Le brouillard et au loin, des loups qui hurlent dans la nuit. Un père veuf et son fils malade, un officier de police et un garde-forestier vont connaître la nuit la plus agitée de leur existence. Le réalisateur et scénariste filme donc ses personnages majoritairement de nuit, accentuant ainsi l'oppression qui se dégage du danger qui en général ne se manifeste physiquement que dans les tout derniers instants avant chaque assaut. Mélange de drame et de thriller horrifique, le long-métrage ménage plusieurs séquences particulièrement angoissantes même si dans la catégorie des agressions animales le film n'atteint pas le niveau des classiques du genre. Beshenstvo mise donc avant tout sur une étrange hybridation de genres, passant de moments intimes entre le père et le fils à des scènes d'action plutôt relevées. Avec son décor et son environnement sonore, on pense parfois à The Thing de John Carpenter même si là encore, la comparaison est sans doute exagérée. Pas de créature polymorphe, de vaisseau spatial enfoui sous la glace, de station de recherche scientifique ou de sentiment de paranoïa. Non, tout se joue ici sur un mode de survie très terre à terre. Dmitriy Dyachenko glisse un message selon lequel le cadre de vie peut être source de conséquences extrêmement graves (ici, la dépendance à l'héroïne). Aleksey Serebryakov campe Igor, ce père qui tente le tout pour tout afin de sauver son fils d'une mort certaine tandis que ce dernier, Vovka, est incarné par Vsevolod Volodin. Les deux autres principaux personnages sont quant à eux respectivement interprétés par Aleksey Serebryakov dans le rôle de l'officier de police Abyzov et Aleksandr Ustyugov dans celui de Roman. Si dans un premier temps l'on peut douter des qualités du film, la seconde partie est plutôt convaincante, menant à une réelle tragédie ainsi qu'une remise en question. À voir...

 

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