Pour son dernier
long-métrage, le producteur, réalisateur et scénariste russe
Dmitriy Dyachenko a choisit un thème qui n'est pas aussi couramment
évoqué que l'on pourrait le penser sur grand écran. La rage. Cette
maladie dont les symptômes sont visuellement effrayants et qui dès
leur apparition sont synonymes de mort inévitable chez celui qui en
est atteint puisqu'il n'existe à ce jour aucun traitement capable de
la guérir. Le moyen le plus courant de l'attraper est en général
d'être mordu par un animal qui en est victime. C'est donc le sujet
auquel vont être confrontés une poignée d'hommes qui dans
Beshenstvo
(qui signifie Rage)
vont tenter d'échapper aux divers assauts perpétrés par des loups
atteints par la maladie ainsi qu'un ours brun qui dans les derniers
instants va remettre en question l'attitude de l'un des
protagonistes. Car en effet, le long-métrage de
Dmitriy Dyachenko repose non seulement sur ces affrontements mais
également sur celui entre un père et son fils puisque le premier
tentera d'isoler le second afin de le sevrer de sa dépendance à
l'héroïne. Un problème d'addiction à la drogue qui n'arrangera en
rien la situation et provoquera même plusieurs décès. Le russe
construit tout d'abord son récit autour d'un petit village avant
d'enfoncer ses principaux personnages au fin fond de la taïga
recouverte d'un épais manteau de neige. Des conditions de survie
particulièrement difficiles qui elles non plus ne vont pas arranger
les conditions des quatre personnages autour desquels va se dérouler
l'aventure. Sur le même principe que celui des films se déroulant
autour du thème des infectés, Dmitriy Dyachenko a la bonne idée de
transposer le mythe vers un phénomène beaucoup plus réaliste
puisque la rage est une maladie authentique. De plus, les créatures
atteintes ne sont plus humaines mais animales, ce qui donne lieu à
diverses attaques plutôt convaincantes.
L'une des grandes
qualités de Beshenstvo,
c'est son environnement. La rigueur de l'hiver dans une contrée
relativement inhospitalière. Le brouillard et au loin, des loups qui
hurlent dans la nuit. Un père veuf et son fils malade, un officier
de police et un garde-forestier vont connaître la nuit la plus
agitée de leur existence. Le réalisateur et scénariste filme donc
ses personnages majoritairement de nuit, accentuant ainsi
l'oppression qui se dégage du danger qui en général ne se
manifeste physiquement que dans les tout derniers instants avant
chaque assaut. Mélange de drame et de thriller horrifique, le
long-métrage ménage plusieurs séquences particulièrement
angoissantes même si dans la catégorie des agressions animales le
film n'atteint pas le niveau des classiques du genre. Beshenstvo
mise donc avant tout sur une étrange hybridation de genres, passant
de moments intimes entre le père et le fils à des scènes d'action
plutôt relevées. Avec son décor et son environnement sonore, on
pense parfois à The Thing
de John Carpenter même si là encore, la comparaison est sans doute
exagérée. Pas de créature polymorphe, de vaisseau spatial enfoui
sous la glace, de station de recherche scientifique ou de sentiment
de paranoïa. Non, tout se joue ici sur un mode de survie très terre
à terre. Dmitriy Dyachenko glisse un message selon lequel le cadre
de vie peut être source de conséquences extrêmement graves (ici,
la dépendance à l'héroïne). Aleksey Serebryakov campe Igor, ce
père qui tente le tout pour tout afin de sauver son fils d'une mort
certaine tandis que ce dernier, Vovka, est incarné par Vsevolod
Volodin. Les deux autres principaux personnages sont quant à eux
respectivement interprétés par Aleksey Serebryakov dans le rôle de
l'officier de police Abyzov et Aleksandr Ustyugov dans celui de
Roman. Si dans un premier temps l'on peut douter des qualités du
film, la seconde partie est plutôt convaincante, menant à une
réelle tragédie ainsi qu'une remise en question. À voir...
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