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dimanche 21 avril 2024

Twisted Nerve de Roy Boulting (1968) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Une vie entière ne suffirait pas à étancher la soif du cinéphile. Et donc, lorsque se présente l'occasion de découvrir une œuvre inédite en ce sens où elle ne fit pas de ''bruit'' dans notre pays lors de sa sortie ou les décennies suivantes, il faut saisir sa chance, coûte que coûte... Twisted Nerve de Roy Boulting fait partie de ces longs-métrages qui longtemps demeureront dans l'ombre avant de pouvoir enfin être mis à disposition des amateurs d'étrangetés. Bien que ce type d'intrigue ait fait les beaux jours d'innombrables films, celui-ci peut se voir comme l'un des étendards du film de Psychokiller avec son jeune interprète Hywel Bennett, lequel incarne l'antagoniste du récit. Un jeune homme du nom de Martin Durnley qui durant toute l'intrigue se fera appeler Georgie. Bien que plus tard, un spécialiste apportera un certain éclaircissement quant aux conséquences de certaines difformités chromosomiques, dès l'entame, le scénario de Roy Boulting, Leo Marks et Roger Marshall explore diverses facettes de la ''folie'' à travers le portrait anonyme d'individus atteints de trisomie. C'est d'ailleurs dans ce contexte là qu'évolue Martin qui somme toute semble tout à fait normal. Sa rencontre avec la jolie Susan Harper (Hayley Mills, sœur de l'actrice Juliet Mills) va marquer une étape importante dans sa vie mais aussi dans celle de ceux qu'il va désormais côtoyer. Lors d'un vol effectué dans un magasin, Martin est arrêté ainsi que Susan qui se trouvait justement à ses côtés mais avec laquelle Martin n'entretient pour l'instant aucun rapport. Pour se dépatouiller de cette affaire, le jeune homme se fait passer pour un faible d'esprit et Susan et lui sont finalement relâchés. Objet d'attention de la part de sa mère Enid (l'actrice Phyllis Calvert) mais détesté par son beau-père Henry (Frank Finlay), ce dernier finit par le jeter à la rue. Martin se débrouille alors pour se réfugier chez Susan et sa mère Joan (Billie Whitelaw) qui tiennent une pension. Le jeune homme, de part son attitude d'enfant quelque peu attardé, va s'attirer la sympathie de la fille et de sa mère qui l'une et l'autre vont accepter de l'accueillir chez elles... En impliquant le cadre étriqué d'une pension familiale, Twisted Nerve s'approche de l'étouffante nébuleuse The Beguiled que réalisa Don Siegel en 1971. Un chef-d’œuvre oppressant dans lequel l'immense Clint Eastwood et l'éternel macho qu'il figurait souvent sur grand écran étaient pris à contre-pied. Dans sa forme, le long-métrage de Roy Boulting possède également une approche que l'on qualifiera de Kubrickienne, à l'époque où l'auteur de 2001, l'odyssée de l'espace, d'Orange Mécanique ou de Shining tournait sa version de Lolita, adaptation du roman éponyme de Vladimir Nabokov édité alors sept ans auparavant, en 1962.


Le confinement des personnages dans l'espace restreint de cette pension qui n'abritait jusque là que la mère et sa fille ainsi que deux pensionnaires (Barry Foster dans le rôle de Gerry Henderson et Salmaan Peerzada dans celui de Shashie Kadir) va jouer un rôle fondamental. Si l'on a pour habitude de faire entrer les films dans des catégories bien précises, il faut reconnaître parfois que deux types de longs-métrages peuvent tout aussi bien être regroupés dans un seul et même style. Car au fond, le giallo n'est-il pas une vision personnelle et transalpine du Slasher ? Si les amateurs de ce dernier s'accordent généralement à dire que Black Christmas de Bob Clark est le tout premier à avoir vu le jour sur grand écran, nous pourrions notamment rétorquer qu'avec Sei Donne per l'Assassino, le réalisateur italien Mario Bava s'était déjà dangereusement approché de ses codes dix ans plus tôt, en 1964. Mais pourquoi donc évoquer ce sous-genre du cinéma horrifique avec lequel Twisted Nerve semble n'entretenir aucun rapport ? Pour une raison simple : le long-métrage de Roy Boulting employait déjà en 1968 certains procédés visuels qui feront florès les décennies suivantes et à commencer par le premier volet de la franchise Halloween signé de l'un des grands maîtres du cinéma d'horreur, John Carpenter... Mais Twisted Nerve n'est pas que le petit film d'épouvante que pourrait éventuellement laisser supposer l'article que vous lisez actuellement. De la photographie en passant par la mise en scène ou l'interprétation, le long-métrage peut-être envisagé comme une série B ayant quelque peu muté pour devenir de classe A. Non pas que les environnements soient d'une élégance folle mais le choix du cadrage est souvent désarmant de modernité pour l'époque. Certains cinéastes s'en sont sans doute souvenu les années suivantes pour au final s'en inspirer... Notons que la bande-originale, signée du compositeur américain Bernard Herrmann (Psychose), surprend presque immédiatement. Georgie sifflant à diverses reprises tel le tueur du chef-d’œuvre de Fritz Lang M le Maudit un air bien connu, ces quelques notes du bout des lèvres de l'antagoniste rappellent des souvenirs lointains et pourtant demeurés furieusement ''anonymes'' jusque là !!! Bref, Twisted Nerve est un indispensable. Moite, sulfureux, angoissant, dramatique, touchant, bref, du grand art...

 

1 commentaire:

  1. Découvert récemment, j'ai trouvé aussi que c'était une très bonne surprise : avec ses histoires de chromosomes, on ne peut s'empêcher de penser au "Chat à 9 queues". Et le film a su garder une certaine modernité dans le forme (et dans l'expression de la violence).

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