Werner Herzog, un cinéaste allemand de génie qui toujours s'est
passionné pour le cinéma, mais pas seulement... Durant toute sa
carrière, qu'on lui souhaite encore très longue malgré ses
quatre-vingt un ans, il a aussi été l'auteur de nombreux et
fascinants documentaires. Et notamment plusieurs qu'il consacra au
phénomène des éruptions volcaniques. On se souvient du
court-métrage d'une trentaine de minutes qu'il réalisa en 1977 (La
Soufrière - Warten auf eine unausweichliche Katastrophe) ou
de Au fin fond de la fournaise (Into
the Inferno)
qui fut projeté pour la première fois en 2016 lors du festival du
film de Telluride dans le Colorado. Collaboration
franco-britannico-suisse diffusée chez nous sur la chaîne Arte en
2022, Au cœur des volcans : Requiem pour Katia
et Maurice Krafft
(The Fire Within: A Requiem for Katia and Maurice
Krafft)
est le troisième documentaire du cinéaste et documentariste
allemand à être consacré aux volcans, aux irruptions et aux
conséquences qui en découlent. Lorsque l'on projette une œuvre de
Werner Herzog, en général l'on sait déjà à quoi s'attendre.
Qu'il s'agisse de fiction ou de réalité, l'auteur de Aguirre,
la colère de Dieu
et de Fitzcarraldo
offre aux spectateurs des aventures dont la beauté, à couper le
souffle, est automatiquement et invariablement sublimée par le
discours et la musique présente en arrière-plan. Hommage théorique
à l'un des couples de volcanologues parmi les plus célèbres et
reconnus, Au cœur des volcans : Requiem pour
Katia et Maurice Krafft
est surtout une invitation poétique et envoûtante au cœur de
paysages désolés, où coulées de boue et pyroclastiques
transforment à tout jamais le visage de la nature et ceux qu'elle
abrite. Werner Herzog remonte le temps, des origines et jusqu'à
cette date fatidique du 3 juin 1991 où Katia et Maurice Krafft ainsi
que trente-cinq autres personnes perdirent la vie lors de l'éruption
du Mont Unzen situé sur l'île de Kyūshū, au Japon. Installés
avec leur équipe depuis la fin du mois précédent, les Krafft et
leur entourage finissent par s'ennuyer... jusqu'au moment où une
éruption se produit, suivit d'une immense coulée pyroclastique à
laquelle personne, malheureusement, n'échappera...
Mais
avant que le drame ne nous soit conté avec force images, Werner
Herzog revient sur quelques-uns des événements les plus marquants
de la carrière de Katia et Maurice Krafft. Lui qui aurait rêvé de
partager leur passion, le réalisateur et scénariste allemand
compose un documentaire essentiellement basé sur des images
d'archives tournées par les Krafft eux-mêmes ; Des images et
des photographies souvent saisissantes, d'une beauté parfois
renversante, lunaire mais aussi occasionnellement mortifère. De cet
hommage tantôt émouvant, tantôt grandiose et tantôt glaçant,
l'on retiendra sans doute les cruelles images de l'éruption du
Nevado del Ruiz en 1985. La beauté y étant rendue éphémère
lorsque sont exposées ces vaches prises dans la coulée de boue et
qui n'attendent plus que la mort ou les corps sans vie de ces femmes
ou de ces hommes qui moururent sans vraiment savoir ce qui leur
arrivait... Entre Werner Herzog et le compositeur allemand Ernst
Reijseger, c'est une histoire qui remonte maintenant à vingt ans,
lorsque les deux hommes se retrouvèrent sur le tournage du
documentaire The White Diamond consacré
à l'ingénieur aéronautique Graham Dorrington. Depuis, le
réalisateur et le compositeur ont régulièrement collaboré et se
sont d'ailleurs très récemment retrouvés pour le documentaire
Theatre of Thought
que l'on espère pouvoir découvrir très prochainement. Sa
partition, entre voix et violoncelle, se confond avec la majesté des
images. En outre, l'on retrouve notamment le "Requiem
op.48 : Agnus Dei / Introit - Kyrie / Pie Jesu''
du français Gabriel Fauré, ''Tu
lo Decidiste''
et ''Es Demasiado
Tarde''
de la mexicaine Ana Gabriel, "Isolde's
Liebestod"
de l'allemand Richard Wagner ou encore "Messa
da Requiem : Recordance / Lux Aeterna"
de l'italien Giuseppe Verdi. Bref, le voyage auquel nous convie
Werner Herzog est multi-sensoriel. Seule ombre au tableau, l'on
aurait apprécié que la voix-off soit celle de Werner Herzog et non
pas qu'elle soit doublée en français. Un détail qui a tout de même
son importance et qui aurait pu parfaire l'expérience...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire