En 2006 et 2007 sortait
respectivement sur les écrans canadien et américain le film Rescue
Dawn
de Werner Herzog. Un long-métrage inspiré de l'incroyable histoire
de Dieter Dengler, aviateur d'origine allemande ayant obtenu sa
naturalisation américaine à l'âge de vingt ans avant de s'être
enrôlé dans l'US Air Force. Depuis tout petit, alors qu'il fut
témoin de bombardements aériens dans la ville de Wildberg dans le
Land du Sud Bade-Wurtemberg, en Allemagne, cet enfant dont les
premières années furent difficiles se mit à rêver de voler. De
devenir pilote dans l'aviation allemande. Mais le pays n'en ayant
plus jusqu'à la création de la Luftwaffe,
le jeune Dieter émigra aux États-Unis à sa majorité... une fois
ses dix-huit ans atteints, il est donc enrôlé dans l'US Air Force
qu'il quitte finalement au bout de deux ans pour rejoindre l'United
States Marine Corps qui
lui confie le pilotage d'un Douglas A-1 Skyraider à bord du
porte-avion américain USS
Constellation.
À l'âge de vingt-huit ans, il est envoyé au Vietnam le 1er février
1966 pour une mission située au Laos. À bord d'un Douglas
AD-6/A-1H Skyraider,
son avion monomoteur est atteint par plusieurs tirs causés par une
section antiaérienne basée au sol. Son avion s'écrase alors en
pleine jungle. Dieter Dengler survit mais est rapidement fait
prisonnier par une organisation politique et paramilitaire nommée
Pathet Laos...
Une décennie avant que Werner Herzog ne signe Rescue
Dawn,
le cinéaste allemand s'était déjà penché sur l'incroyable
''épopée'' de ce pilote américain qui survécu à un long périple
au Laos avant de rentrer dans son pays en héros. Contrairement à la
fiction de 2006, Petit Dieter doit voler
est un documentaire produit et distribué par la société de
production de son auteur, la Werner
Herzog Filmproduktion.
Une collaboration entre l'Allemagne, le Royaume-Unis et la France
dans laquelle Werner Herzog se fait relativement discret puisque la
majeure partie des séquences sont commentées par Dieter Dengler
lui-même.
Découpé
en cinq parties (il est d'ailleurs conseillé de rester jusqu'au bout
puisque le documentaire se termine par une séquence post-générique),
Petit Dieter doit voler remonte
tout d'abord sur l'enfance du pilote qui avant de devenir le héros
que l'on sait eut une enfance compliquée, la nourriture se faisant
rare et sa mère ayant été contrainte de nourrir sa famille avec la
colle (réputée contenir des nutriments) du papier-peint des
demeures qui furent bombardées ! Puis vient son départ pour
les États-Unis à bord d'un navire où déjà, le tout jeune adulte
faisait des réserves de nourriture. Car comme nous le découvrirons
rapidement, l'existence de Dieter Dengler sera parsemée d'événements
tragiques qui le contraindront le reste de son existence à prendre
des précautions. Une grande partie du documentaire se penche surtout
sur la mésaventure qu'il vécu au Laos en tant que prisonnier de
guerre, avec force détails. Des conditions abominables dans
lesquelles lui et d'autres soldats survécurent enfermés dans des
cages en bambou, entre dysenterie, malnutrition et autres
''joyeusetés'', et des séances de torture dont il fut victime après
avoir tenté une première fois de s'évader. Werner Herzog et la
nature ne font qu'un. Durant toute sa carrière, qu'il s'agisse de
fiction ou à travers toute une série de documentaires, le
réalisateur a toujours voulu savoir jusqu'où l'homme était capable
de repousser son endurance. Qu'il s'agisse de celle dont furent
astreints équipes techniques et interprètes ou à travers le
témoignage véridique d'hommes et de femmes ayant sans cesse
repoussé leurs limites physiques et psychologiques. Rêve et
cauchemar s'entremêlent dans ce récit poignant d'un homme ayant
miraculeusement survécu toute son existence à diverses tragédies.
Le crash, l'emprisonnement, les tortures, l'évasion, la descente
d'une rivière à bord d'un radeau de fortune. Des événements
marquants qui vont continuer de le hanter jusqu'à sa disparition. À
travers moult témoignages vidéos indirectement liés à ce que le
héros vécu mais aussi face à ce retour aux sources, ce passage
dans un camp de prisonniers ou la traversée de la jungle laotienne
dans des conditions quasiment similaires à celles qu'il connut au
temps de son calvaire, Petit Dieter doit voler
est finalement le plus bel hommage que Werner Herzog pouvait rendre à
celui qui ne se considérait surtout pas comme un héros, statut
qu'il accordait aux morts. Sans doute pensait-il alors à celui qui
traversa avec lui l'enfer mais qui connut une fin tragique à peine
quelques mètres avant de connaître la liberté...
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