Quel étrange film que ce
troisième long-métrage signé du réalisateur, scénariste et
producteur Omri Dorani après Funny Man
en 2016 et How to get Girls
un an plus tard. Non pas que son sujet sorte particulièrement des
sentiers battus mais c'est plutôt son traitement qui est au cœur de
l'exploit consistant à faire d'une matière première on ne peut
plus classique, un Objet Filmique (presque) Non Identifié ! Un
titre tel que This is our Home
transpire la chaleur humaine. Le foyer bienveillant. On entendrait
presque longtemps à l'avance le cliquetis des boules de noël
s'entrechoquer sur un sapin fraîchement coupé par le maître de
maison. C'est qu'ils sont beaux, tous les deux, à s'enlacer,
amoureux fous l'un de l'autre, pleins de projets... Ce qui
différencie This is our Home
du classique mélange entre romantisme, thriller et épouvante (ce
qui en soit est déjà un amalgame relativement étonnant) réside
dans la mise en scène et le montage. À titre de comparaison l'on a
parfois l'impression que le cinéaste agit comme le conducteur d'une
automobile perdant le contrôle de son véhicule. Le film
s'entreprend telle une compilation de mélodies qui n'ont que très
peu de lien les unes avec les autres. Le sujet central du récit,
celui qui en tout cas va venir gripper le quotidien du couple incarné
à l'écran par Reina (l'actrice Simone Policano) et Cory (Jeff
Ayars), est traité de manière autre que fantasmée puisque
matérialisée par l'arrivée d'un enfant prénommé Zeke (Drew
Beckas). Le couple part s'installer dans la maison familiale de la
jeune femme. Une demeure isolée qu'un événement assez étrange ne
va pas tout à fait rendre sûre. Sur la route, l'un des pneus du
véhicule de Reina et Corey crève. À l'arrêt, ils sont bientôt
rejoints par deux individus particulièrement louches. Premier indice
qui nous fait penser qu'Omri Dorani aime nous balader et battre le
chaud et le froid. Et même si cela doit passer par des séquences
telles que celle-ci et dont l'intérêt pour la suite n'a aucune
réelle valeur. N'empêche, l'intervention de ces deux... rednecks
(?!?) va faire inutilement son petit bonhomme de chemin dans nos
têtes et laisser à penser que This is our Home
ne
sera peut-être rien de plus qu'un énième Home
Invasion
et que les deux types débarqueront à nouveau un peu plus tard.
Et
au vu des événements qui vont bientôt bousculer le train-train
quotidien de notre couple, on se dit qu'il aurait encore mieux fallu
assister au retour de ceux-ci plutôt qu'à l'arrivée du jeune
garçon. Là où tout se complique, c'est lorsque le réalisateur et
scénariste s'amuse à disséminer ça et là quelques indices,
certains sous forme de fausses pistes, afin d'éviter d'être trop
clair sur ses intentions. D'autant plus qu'Omri Dorani semble n'avoir
pas toujours l'intention de les exploiter jusqu'au bout. Quelle est
donc cette pièce que le père de Reina lui interdisait de pénétrer
lorsqu'elle était plus jeune ? L'on envisage déjà un lourd
secret auquel, malheureusement, le cinéaste n'apportera pas vraiment
(voire pas du tout) de réponse. Qui est donc ce gamin qui se permet
de débarquer au beau milieu de la nuit et en outre d'appeler Reina
et Corey, Maman et Papa. À travers cet agaçant garnement dont
l'apparente absence de morale et dont la cruauté sont au demeurant,
des éléments essentiels nourrissant le propos du long-métrage, on
cherche à comprendre. Bien que le synopsis paraisse des plus
accessible, la manière qu'a Omri Dorani de nous conter son histoire
s'approche parfois de l'irrationnel. Et ce que l'on pourrait prendre
pour des maladresses participe finalement de la folie qui s'empare de
certains de ses personnages. Difficile pourtant d'être plus clair
sans en dévoiler davantage. This is our Home
conquiert
donc son audimat par une mise en scène inattendue et l'observation
d'une relation bien loin de rejoindre les idées que nous nous en
faisions en début de récit. D'une courte durée n'excédant pas les
soixante-treize minutes, This is our Home réserve
quelques séquences gratinées, renforcées par l'apparente
tranquillité avec laquelle sont perpétrés certains actes. Pas de
quoi révulser les estomacs les plus fragiles ni rendre le
long-métrage inoubliable mais de quoi faire travailler l'imagination
et laisser circonspect. Étonnant...
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