J'eus beau faire comme
Bastien, le héros de L'histoire sans fin
et sécher les cours pour me réfugier sur le banc d'un cimetière
situé dans la sympathique petite ville de Chelles du temps de mon
adolescence, aucun des romans que j'y ai lu ne m'a permis de m'évader
physiquement de l'univers scolaire qui m'oppressait. Un rituel
immuable, été comme hiver, à parcourir les œuvres de Stephen
King, celles de Graham Masterton ou la collection Gore. Redécouvrir
le long-métrage fantastique de Wolfgang Petersen des décennies plus
tard me rappela cette folle époque où le septième art engendrait
ce qu'il était objectivement possible de considérer comme des
œuvres cultes. Maintenant que le terme a été essoré, comme
l'appellation qui veut que n'importe quel artiste est aujourd'hui
étiqueté ''star'' après seulement être apparu dans un seul film,
il est de bon ton de revenir aux temps anciens, à cette période
révolue de notre adolescence. Une piqûre de rappel qui confirme que
les gamins d'alors, devenus depuis des adultes au cuir tanné, eurent
une chance sans commune mesure avec les adolescents d'aujourd'hui et
auxquels l'on propose désormais des productions cinématographiques
qui n'ont pas tout à fait la même saveur. La meilleure preuve
étant que le revival 80 n'a jamais autant fait d'émules que ces
dernières années... L'histoire sans fin
fait partie de ces œuvres qui sans doute ont pris visuellement très
cher depuis leur passage dans les salles obscures dans le milieu des
années quatre-vingt. Mais qu'importe. Comme bon nombre de
longs-métrages fantastiques, de science-fiction, d'horreur ou
d'action, ils appartiennent à celles et ceux qui furent les premiers
à les découvrir au cinéma ! La légende ayant toujours
majoritairement voulu qu'une suite est toujours moins bonne que
l’œuvre originale, il est un fait que L'histoire
sans fin 2 n'a
pas la même aura que le premier volet de ce qui allait devenir
bientôt une trilogie. Wolfgang Petersen ayant généreusement offert
au jeune public d'alors un formidable conte qui n'aurait pas souffert
de l'absence d'une séquelle, l'homme abandonna sa place au profit
d'un autre réalisateur, six ans plus tard lorsque sera mis en
chantier le second volet des aventures du jeune Bastien. À sa place,
le cinéaste australien George Miller, auteur de la franchise (culte
elle aussi) Max Max.
Un grand nom du cinéma qui semble alors, comme le découvriront avec
désespoir les spectateurs, peu enclin à reprendre le flambeau de ce
conte pour enfants... Hein ? Quoi ? Ouf, j'apprends à
l'instant qu'il s'agirait en fait d'un homonyme. L'honneur est donc
presque sauf...
Lorsqu'un
concept fonctionne aussi bien que celui de L'histoire
sans fin, pourquoi se
donner la peine de créer un nouvel univers sur la base d'un récit
inédit ? C'est ainsi que l'on retrouve Bastien aux prises avec
les mêmes problèmes scolaires qu'il rencontra dans le premier opus.
Se réfugiant dans la bibliothèque municipale de la petite ville où
il vit avec son père, l'adolescent remet la main sur l'ouvrage qui
lui fit vivre d'extraordinaires aventures dans le premier volet de la
trilogie : L'histoire
sans fin !
Outre
Bastien, il perdure quelques personnages de l’œuvre originale.
C'est ainsi que l'on retrouve Atreyu, l'impératrice de Fantasia ou
le bibliothécaire Karl Konrad Koreander, seul personnage à
apparaître de nouveau sous les traits de l'acteur indo-américain
Thomas Hill. En effet, George Miller a fait table rase de tous les
interprètes du premier long-métrage et à recomposé une nouvelle
équipe d'acteurs. Pire : sont nettement moins impliqués lors
du récit ou ont simplement disparu les emblématiques Golem mangeur
de pierre
Pyornkrachzark,
le gnome Urgl et le dragon Folkor au profit de créatures nettement
moins sympathiques et faisant partie de l'entourage de la sorcière
Xayide. Parmi elles, des géants mécaniques ressemblant à d'énormes
scarabées, l'oiseau Nimbly ou Tri face qu'incarne Christopher
Burton. Le changement d'interprète concernant le personnage de
Bastien est par contre lui, tout à fait logique. L'acteur Barret
Oliver qui à l'époque de L'histoire sans fin
n'avait que onze ans en aurait eu dix-sept à la sortie de la suite.
Une différence d'âge entre l'acteur et le personnage qui aurait été
forcément inenvisageable. Le jeune acteur fut donc remplacé par
Jonathan Brandis, alors âgé de quatorze ans. Une jolie petite
gueule se fondant à merveille dans la peau du jeune Bastien. Notons
que l'acteur se suicidera par pendaison en 2003 à seulement
vingt-sept ans ! L'histoire sans fin 2
est visuellement très kitsch. Pour ne pas dire, totalement dépassé.
Des costumes jusqu'aux décors, en passant par les maquillages, tout
sonne faux ! Prenant la place des compositeurs Klaus Doldinger
et Giorgio Moroder, l'américain Robert Folk est encore celui qui
s'en sort le mieux. Bref, cette séquelle n'est très clairement pas
au niveau de son aînée, laquelle demeurera à tout jamais comme
l'un des contes cinématographiques pour enfants les plus mémorables
des années quatre-vingt...
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