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jeudi 1 février 2024

Despues de Lucia de Michel Franco (2012) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Despues de Lucia fait partie de cette catégorie de films qui sur le moyen ou long terme créent un malaise durable et persistant. L'autrichien Michael Haneke s'en est fait notamment l'un des chantres durant toute sa carrière. Qui n'a jamais ressenti un trouble profond devant les actes pervers de Peter et Paul, ces deux adolescents dont la perversité n'avait d'égal que les faits-divers relatés depuis quelques années notamment sur notre territoire (Funny Games, 1997) ? Qui n'a pas été affecté devant les actes de tortures perpétrés avec une infinie perversion par Ruth Chandler sur ses propres nièces Meg et Susan Loughlin (The Girl Next Door de Gregory M. Wilson, 2007) ? Chaque nouvelle décennie témoigne dans la vie de tous les jours et sur grand écran des affres de l'âme humaine, capable des pires atrocités. Le réalisateur et scénariste mexicain Michel Franco marchait dès 2012 avec Despues de Lucia sur les traces du cinéaste autrichien en décrivant le calvaire d'une adolescente incorporant un nouvel établissement scolaire après le décès de sa mère dans un grave accident de voiture et suite au déménagement d'elle et de son père. Femme en devenir, belle, intelligente et sportive, Alejandra (l'actrice Tessa Ia) se fait rapidement des amis parmi ses nouveaux camarades. Son père Roberto (Hernán Mendoza), lui, vient d'ouvrir un restaurant dans leur nouvelle ville d'adoption. Tout semble donc aller pour le mieux pour eux lorsqu'un événement qui aurait dû rester bénin va transformer la vie de l'adolescente en véritable cauchemar... Lors d'une soirée entre amis, Alejandra s'amuse, boit beaucoup et fini dans la salle de bain de la propriété où ont lieu les festivités lorsqu'elle et l'un de ses camarades font l'amour. Avec l'approbation de la jeune fille, le garçon filme leurs ébats. Mais la vidéo, nous ne saurons jamais vraiment comment, va se retrouver sur les réseaux. Dès lors, le comportement des nouveaux amis envers Alejandra va changer du tout au tout. Insultée, frappée, humiliée et même pire encore, l'adolescente se tait. Ne dit rien à son père, s'enferme peu à peu et s'isole...


Puis arrive cette fameuse sortie scolaire lors de laquelle va s'exprimer la part la plus sombre de l'âme humaine... Dire que Despues de Lucia vous prend de plein fouet pour ne pas vous lâcher d'une semelle est aussi certain que d'affirmer que l'eau mouille ou que le feu brûle. La mise en scène de Michel Franco nous projette directement au cœur d'un cinéma vérité conquis sous la forme d'une multitude de plans fixes. Les rares mouvements, eux, sont majoritairement créés autour du cadre. L'on passe alors d'une vision constante mue par quelques soubresauts ou au contraire, par des actes d'une violence inouïe. C'est en cela que le cinéma du mexicain rejoint celui de l'autrichien. Le spectateur observe sans rien pouvoir y faire, une succession d'actes de barbarie. Ajoutant au deuil de l'adolescente la confrontation permanente de ses camarades, le long-métrage n'en est que plus inconfortable. Le phénomène d'essaim n'en est également que plus démonstratif. Il suffit effectivement d'un acte, un seul, pour qu'un autre phénomène se déclenche : l'effet domino. Despues de Lucia crie en silence le désespoir de sa jeune héroïne magistralement interprétée par Tessa Ia tandis qu'autour d'elle, le monde continue de tourner. Et c'est peut-être en cela que le film fait si mal. Pire que de la voir giflée, traitée de pute, servir d'urinoir ou être violée, c'est bien ce silence assourdissant qui rend l’œuvre encore plus cruelle. Et pourtant, devant tant d'horreur mises sur le compte du quotidien, parfois même odieusement relativisées, la pudeur avec laquelle le réalisateur et scénariste met en péril l'existence de son héroïne fait que l'on ne peut à aucun moment détourner le regard. Ou comment affronter l'horreur, sans œillères. Et s'il en demeure qui restent insensibles devant le sujet du harcèlement que relèguent les médias, qu'ils projettent donc Despues de Lucia. Le film de Michel Franco devrait, espérons-le, leur remettre les idées dans l'ordre. Bouleversant...

 

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