Schlitter...
Avec un titre pareil, on pourrait croire à un Biopic consacré à
l'un des plus grands dictateurs qu'ait connu l'Occident lors du
siècle dernier et dont l'auteur se serait mélangé les pinceaux au
moment de lui choisir un nom. Mais que celles et ceux dont l'histoire
frise les moustaches se rassurent. Ici, pas de dégénérés en
uniformes nazis, pas de petit bonhomme a l'air enragé doté d'une
''Moustache en
brosse à dents''.
Ni davantage d'apôtres prêts à s’entre-tuer pour une seule
minute d'attention de leur ''Gourou''.
Contrairement à ce que laisse penser le terme schlitter, il ne
s'agit pas d'un terme barbare à consonance germanique mais d'un
verbe transitif se rapportant à la schlitte, ce curieux traîneau
servant à transporter du bois. Et pour ceux qui auraient encore un
doute, un simple regard vers l'affiche du premier long-métrage à
destination du petit écran signé de Pierre Mouchet suffit à
confirmer la chose. Un type, le visage abîmé, souffrant le martyr
semble-t-il, a dans le dos l'une des schlittes en question. Sous un
titre de couleur d'un rouge sang délavé, une accroche :
''Impossible
d'échapper au passé''
affirme-t-elle. D'accord, j'adhère au concept. Voyons désormais ce
qu'il en retourne... En dehors du fait que le film de Pierre Mouchet
nous permet d'ajouter un mot à notre riche vocabulaire de cinéphages
(ouais, c'est ça, vous connaissiez tous l'existence de la
Schlitte...) et à une période où la pire horreur pour un
natalophobe serait de croiser n'importe quel signe en rapport avec
les fêtes de fin d'année, Pierre Mouchet commémore cette
millénaire tradition à sa manière. Qu'y-a-t-il de plus anxiogène
que de se confronter une fois arrivé le temps de recevoir (ou pas)
son comptant de cadeaux que de s'entendre infligé un ''J'espère
que tu as été bien sage cette année...''
Ben non, merde, j'ai renversé un chien en janvier, volé trente
euros dans le sac d'une vieille dame à sa sortie de la banque en
juin, ait demandé à une jolie poupée si je pouvais l'embrasser
dans le cou seulement après l'avoir fait, ai pissé une bonne
soixantaine de fois sur le pourtour de la lunette des toilettes sans
jamais nettoyer en un peu moins de douze mois. Alors ? J'ai
droit à quoi ? ET merde ! Un abonnement d'un an à
Télérama !!! Mais je m'égare... D'origine belge et non
française ni canadienne comme le nom de l'auteur pouvait pourtant le
laisser envisager, Schlitter
est un film d'horreur très court, mais qui contrairement aux autres
ne se prédispose pas à exploiter le filon du Père Noël comme cela
est généralement le cas chaque fin d'année. Pas de nains ni de
rennes mais un traîneau, c'est déjà pas si mal... Bon, c'est belge
mais le film est tout de même interprété par des acteurs bien de
chez nous. Si le plat pays est l'un des spécialistes en matière de
comédies noires, il semble être également prompt à mettre en
scène des téléfilms horrifiques qui dépassent de très loin le
cadre habituel. Et notamment avec ce Schlitter
qui
brasse pas mal d'idées empruntées ailleurs.
Fumer tue...
Quel
imbécile... Si seulement Lucas avait accepté de donner à son père
la cigarette qu'il lui réclamait, jamais ce dernier n'aurait
renversé Mathias, son jeune et meilleur ami. Le récit débute par
un flash-back. Rien de véritablement innovant. D'autant plus que le
réalisateur et le scénariste Nicolas Robin reprennent pour cette
toute première partie le concept de Que la bête meure
de Claude Chabrol ou de Ce soir je vais tuer l'assassin
de mon fils de Pierre
Aknine. Bref, celui consistant à faire de l'un des protagonistes un
''meurtrier'' de la route. Celui de Schlitter
est d'ailleurs plus proche de Paul Decourt qu'incarnait Jean Yanne en
1969 que de Philippe Tessier qu'allait interpréter Jean-Paul Rouve
presque un demi-siècle plus tard. Schlitter,
c'est comme on le devine très rapidement, une histoire de vengeance.
Celle d'un père pour son fils renversé par une voiture et dont le
coupable ne fut jamais arrêté. Sauf que tout comme le spectateur,
le père endeuillé sait qui a tué et est bien décidé à faire
payer LES coupables. Et là, le téléfilm vire à un mélange entre
slasher, torture-porn et survival. Entré à la Comédie Française
en 2007, l'acteur Gilles David incarne le père de Lucas. Tourné en
pleine campagne, le téléfilm prend des allures de ''Calvaire''
au sens propre tout comme au sens cinématographique (référence au
film culte éponyme du belge Fabrice du Welz) ! Se permettant
même quelques rares effusions de gore bienvenues. Schlitter
offre quelques sympathiques twists et une ambiance digne des genres
auxquels il se frotte. L’œuvre met en scène un trio de jeunes et
sympathiques interprètes moyennement caricaturés mais s'éloignant
par contre drastiquement du portrait lénifiant que fait l'Amérique
de sa jeunesse. Ici, nos jeunes héros ont tout de même l'air
beaucoup moins cons qu'outre-Atlantique, ce qui rendra plus rude leur
expérience pour le spectateur. Louka Meliava et ses faux-airs de
David Hallyday, Lena Laprès et ses yeux en amandes ou le plus connu
des trois, Côme Levin interprète ce trio de jeunes adultes venus
assister aux funérailles des parents de l'un d'entre eux. Les
péripéties de Schlitter
sont nombreuses. Classiques, certes, mais n'économisant pas ses
effets. Et vu son statut de téléfilm, qui en voudrait à son auteur
et à ses interprètes... ?
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