Dans cette suite qui n'en
est pas vraiment une puisque
Saat Po Long
II
ne partage ni les même personnages ni les acteurs qui les
interprétaient lors du premier volet de la trilogie, nous pourrions
étendre les différences entre les deux opus de manière infinie.
Jusqu'à évoquer celles qui demeurent entre réalisateurs,
scénaristes, producteurs (en dehors de Paco Wong qui revient ici
pour la seconde fois à la production), directeurs de la
photographie, costumiers, décorateurs, etc, etc... Avec un budget de
vingt-trois millions de dollars, le réalisateur hongkongais Soi
Cheang auquel on doit l'extraordinaire Limbo,
signe une fausse séquelle qui efface l'original et remet donc les
compteurs à zéro. Le compositeur Kwong Wing Chan est toujours aux
manettes de la partition musicale même si cette fois-ci il est
rejoint par Ken Chan qui dans le premier volet n'était employé que
comme compositeur de musique additionnelle. La différence entre les
deux bandes-son se fait ici très clairement entendre et les
nouvelles compositions des deux hommes dynamisent davantage
l'ensemble alors que Saat Po Long
proposait une partition sirupeuse d'assez mauvais goût. À nouveaux
personnages, nouvelle enquête. Si le thème de la maladie persiste
une nouvelle fois (dans le premier, l'un des deux héros était
atteint d'une tumeur au cerveau), ici elle touche la fille de l'un
des protagonistes incarné par Tony Jaa qui dans le rôle du gardien
de prison Chatchai et malgré l'apparente normalité de
l’institution, incarne l'employé d'une organisation spécialisée
dans le trafic d'organes. Son supérieur hiérarchique direct Ko Chun
(l'acteur Zhang Jin) et quant à lui sous les ordres de Mr. Hung
(Louis Koo). Ce dernier souffre d'une maladie cardiaque et a pour
projet de récupérer le cœur de son propre frère Mun-Biu (Jun
Kung) à des fins de transplantation ! Introduit au cœur du
réseau afin de le faire démanteler, le policier Kit (Wu Jin), au
contact des employés de Mr. Hung est tombé dans la drogue et va
très vite se retrouver enfermé avec d'autres prisonniers dès lors
que sa couverture sera détectée. Son oncle entreprendra alors tout
pour le faire sortir de l'enfer dans lequel il l'a envoyé... D'un
niveau très largement supérieur à son prédécesseur, Saat
Po Long
II
le surpasse à tout point de vue. Et bien que cette suite dure une
demi-heure de plus, le temps passe nettement plus vite que lors des
premières aventures mettant en scène la police hongkongaise.
Si
l'on peut de base déplorer l'absence de Donnie Yen dans cette
séquelle, le spectateur n'aura pas à patienter bien longtemps pour
comprendre que son remplacement par Tony Jaa, Zhang Jin et Wu Jin est
la meilleure idée que pouvait avoir eu le réalisateur Soi Cheang.
Notons que le premier d'entre eux est d'origine thaïlandaise et
qu'il est notamment connu pour avoir incarné le rôle principal dans
la franchise Onq-Bak
entre 2003 et 2010. Son personnage y livre un combat sans merci dans
une prison où forcément, la communication est difficile puisqu'elle
se situe sur un territoire qui lui est étranger. Entrer de
plain-pied dans Saat Po Long
II
n'est pas chose aisée puisque les différentes ramifications que
propose le scénario de Lai-Yin Leung et Ying Wong complexifient le
récit. Le spectateur est donc convié à partager le drame qui
touche Chatchai et sa fille atteinte d'une leucémie et qui attend
désespérément une transplantation de moelle osseuse. À suivre la
tentative de survie du policier Kit dans une prison chinoise ainsi
que celle du chef du réseau dont les jours sont comptés, lequel se
montre près à sacrifier l'existence même de son frère. Il faudra
sans doute un petit temps d'adaptation mais dès que les choses
entrent dans l'ordre nous retrouvons là le brillant réalisateur du
futur Limbo.
Et même si l'impact émotionnel dû à un travail artistique
remarquable n'est pas encore tout à fait à la hauteur de ce que le
réalisateur nous offrira quelques années plus tard, sa maîtrise
des espaces et de l'architecture est déjà admirable. Bien entendu,
ce qu'attend le client friand de ce genre de productions se situe au
niveau des affrontements : et là, pas de soucis à avoir
puisque Saat Po Long
II
est tout à fait exemplaire. Les combats sont nombreux et les
chorégraphies parfaitement millimétrées. On en prend plein les
yeux. C'est brutal, intense et les interprètes n'hésitent pas à se
jeter dans le vide pour le bien d'un spectacle parfois visuellement
hallucinant. L'un des antagonistes du récit en la personne de Ko
Chun est hyper charismatique et les décors mêlent l'horreur des
prisons à un complexe ultra-moderne qui tranchent l'un à côté de
l'autre. Bref, Saat Po Long
II
est une grande réussite et l'un des meilleurs représentant dans sa
catégorie...
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