Dans un même ordre
d'idée que le glaçant Upon Entry
de Alejandro Rojas & Juan Sebastián Vásquez, Accused
du réalisateur britannique Philip Barantini entre dans la catégorie
des œuvres paranoïaques post 11 septembre 2001 et autres attentats
terroristes qui eurent lieu depuis un peu partout dans le monde
occidental. Dans le cas de Accused
les termes demeurent cependant un peu plus précis puisque c'est à
la suite d'un attentat ayant eu lieu dans l'une des gares
ferroviaires de Londres que le jeune Harri va être la cible d'hommes
et de femmes près à le tuer pour venger la mort des quatorze
victimes de l'explosion. La différence primordiale entre les deux
longs-métrages étant que l'on sait pertinemment, et dès le départ,
que le jeune homme est innocent. C'est installé bien confortablement
chez ses parents qui lui ont laissé leur maison de campagne que
Harri, jeune homme d'origine pakistanaise, découvre avec effroi
qu'il est devenu le principal suspect de l'attentat. Rien ne prouve
pourtant qu'il est coupable. Au compte-goutte mais avec une
effroyable rigueur, le scénario de Barnaby Boulton et James Cummings
détaille et retrace tous les aspects d'un dispositif menant à la
''déclaration de guerre'', voire même de ''mort'' à l'encontre
d'un individu qui n'a absolument rien à se reprocher mais qui très
rapidement va être dans le viseur d'hommes et de femmes ayant choisi
de faire justice eux-mêmes. Tout commence par l'appel de sa petite
amie qui le pousse à allumer la télévision et à regarder les
chaînes d'information qui diffusent une image de lui prise à la
gare de Londres avant qu'il ne prenne le train pour venir
s'installer chez ses parents Isha et Ramesh Bhavsar. Suspect idéal,
Harri est comme nombre de ses concitoyens, affublé d'une barbe et
d'un teint hâlé qui pour beaucoup de monde est le signe d'une
prédisposition au terrorisme. De cet amalgame dont se font l'écho
celles et ceux qui nourrissent leur quotidien d'idées préconçues,
Philip Barantini va alimenter son œuvre. Autant dire qu'en
positionnant le spectateur en tant que témoin d'un malentendu dont
les conséquences pourraient être mortelles, le réalisateur tape
dans le mille et force ses auditeurs à un long moment de réflexion
sur l'attitude à adopter dans ce genre de situation.
Seul,
lâché par sa petite amie, victime des apparences, poursuivi par des
adeptes de l'expédition punitive, que reste-t-il au héros sinon
crier son innocence... ?
Plus
que cette confusion qui exacerbe les esprits, Accused
révèle aussi et surtout ce racisme galopant qui se déchaîne sur
des réseaux sociaux transformés alors en outils de suspicion, de
traque et d'enquête impitoyables ! Circulation de photos
personnelles, recherche d'adresses, localisation, autant dire que
Accused
démontre s'il le fallait, le pouvoir d'Internet et des réseaux
sociaux. Comme cela était déjà le cas avec Upon
Entry,
le long-métrage de Philip Barantini s'articule lui aussi autour de
plusieurs actes. Après une première moitié très réussie qui
comme nous venons de le voir s'opère à distance autour des réseaux
sociaux dont les utilisateurs s'organisent et manigancent le projet
d'aller rendre visite à Harri, la seconde partie risque en revanche
d'être légèrement en deçà puisque Accused
semble avoir le projet de virer au Home
Invasion.
Un concept qui n'est malheureusement pas tout neuf et dont les
proportions en terme de tension vont être revues à la baisse. Non
pas que le film ne soit pas en mesure de cultiver cet état
d'angoisse qui pris très rapidement à la gorge le spectateur
aussi bien que le héros mais lorsque l'on est coutumier des films
basés sur le concept du Home
Invasion,
le visionnage régulier de ce genre de produits amoindri l'impact de
ceux qui leurs succèdent. Mais ne nous méprenons pas, la suite des
événement demeure malgré tout très efficace. Philip Barantini
parvient à maintenir un certain niveau de stress en plongeant son
protagoniste et ses assaillants dans l'obscurité de la demeure
familiale. Porté par un Chaneil Kular dont la performance est pour
beaucoup dans l'intérêt du long-métrage, Accused
charrie sont lot de moments fort et de messages sous-jacents comme le
racisme qui gangrène une partie de la population qui attend que la
moindre étincelle ne s'allume pour exprimer sa haine de l'étranger
et, pourquoi pas, passer à l'action sous couvert de causes déformées
par les réseaux sociaux et les médias. Pas vraiment un pamphlet
mais un très bon thriller...
Y'aurait moins d'étrangers, y'aurait moins de racistes (sentiment présent chez tous les peuples, pas exclusif aux Occidentaux...)... Je me demande si Coluche ne l'a pas faite, celle-là... :-)
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