Avant d'évoquer le
premier des trois longs-métrages mettant en scène la poupée
maléfique prénommée Annabelle, revenons un court instant sur le
fait-divers qui inspira John R. Leonetti et le scénariste Gary
Dauberman (dit ''le chien qui pue''.......... Ça va, je sors) pour
le tournage en 2014 du spin-off de Conjuring sobrement
intitulé Annabelle.
Bien que cela ne saute pas forcément aux yeux, la poupée qui à
l'origine se réfère à une apparition dans le premier volet de
Conjuring
semble avoir un rapport direct avec l'une de ses congénères, bien
connue sur le territoire américain sous le nom de Raggedy
Ann.
Poupée de chiffon qui, si l'on reste objectifs, demeure plus
effrayante qu'attrayante, Raggedy Ann fut à l'origine le principal
personnage d'une série de livres pour enfants écrits et dessinés
par l'illustrateur et auteur de bandes-dessinées américain, Johnny
Gruelle durant la première moitié du vingtième siècle. Alors que
celui-ci conçoit à l'origine le personnage à l'attention de sa
propre fille, il l'introduit ensuite au sein de son univers
professionnel en l'intégrant en 1918 dans le livre Raggedy
Ann Stories.
Devant le succès de l'ouvrage, une poupée à l'effigie de Raggedy
Ann est
immédiatement commercialisée. Bien que la poupée du film n'ait en
apparence rien en commun avec celle de son véritable créateur,
Annabelle
s'inspire pourtant bien d'un fait-divers qui courut dans les années
soixante-dix et selon lequel une poupée de chiffon de marque Raggedy
Ann aurait été offerte à une jeune femme de vingt ans par sa mère.
Prenant possession de son cadeau,la jeune femme qui alors était
étudiante infirmière découvrit que sa poupée était atteinte de
''bougeotte''. En effet, la jeune femme ne la retrouva jamais dans la
position ou dans la pièce où elle l'avait précédemment laissée.
Un moindre mal en comparaison des événements de plus en plus
inquiétants qui allaient se dérouler par la suite. Mais le sujet
n'étant pas là, je vous conseille d'aller jeter un œil aux
nombreux articles qui en ligne se réfèrent au sujet de cette poupée
maléfique qui, en outre, aurait été possédée par l'esprit d'une
certaine... Annabelle Higgins. D'où le titre du long-métrage de
John R. Leonetti, bien évidemment... Le genre fantastique est un
bienfait qui permet constamment de mettre en lumière des faits dont
la matérialité demeure impossible à démontrer. Une manière de
concrétiser des sujets aussi absurdes que la plupart des créatures
invoquées dans le bestiaire fantastique, justement.
Zombies,
vampires, loups-garous et donc, esprits prennent ironiquement une
forme nettement plus crédible dans le domaine de la fiction qu'à
travers de simples faits-divers retranscrits dans d'opportunistes
feuilles de chou ! Annabelle
respecte moins le matériau de base en changeant drastiquement les
faits que l'usage de codes spécifiques en matière d'épouvante. De
cette volonté généralement excessive consistant à charger la mule
plus qu'il n'en faut, John R. Leonetti signe une œuvre qui au
contraire ne fait jamais vraiment dans la démesure ou l'outrance et
choisit au contraire de l'inscrire dans un univers des plus concret.
De ce point de vue là, Annabelle
est une brillante réussite et parvient justement à rendre l'horreur
plus difficile à soutenir que dans la plupart des œuvres de ce
type. Et bien que la poupée en question qui passe ici du chiffon à
la porcelaine pose son empreinte dès l'affiche et son prénom étalé
en grand au générique, le doute s’immisce quant à la réelle
personnalité de ce ''jouet'' supposé maléfique. Le drame originel,
celui du massacre d'un couple par leur fille et l'un des disciples
d'une secte à laquelle il appartenaient tous les deux, renvoie
directement à celui, bien réel, du cas de l'actrice Sharon Tate qui
fut massacrée, ainsi que des amis à elle, par des adeptes du
célèbre gourou Charles Manson. Rétrospectivement, et après avoir
découvert Conjuring : Sous
l'emprise du Diable,
l'idée de secte et certains symboles créent une interconnexion
entre les deux œuvres même si là nous parlons d'une faction
sataniste d'une toute autre origine. Dans l'ombre de la célèbre
franchise initiée par James Wan, Annabelle
s'est vu infligé une volée de bois vert qu'il est difficile de
s'expliquer. Car au fond, même si tout n'est qu'une relecture
d’œuvres tournées en des temps immémoriaux, dans le rôle de la
mère Mia, l'actrice Annabelle Wallis s'en sort plutôt pas mal à
côté d'un Ward Horton qui dans le rôle de l'époux, John, est lui
à l'image de son personnage : soit, parfaitement transparent.
Le film contient suffisamment de séquences chocs pour surprendre au
moins à quelques occasions même parmi les spectateurs les plus
endurcis. Quelques sursauts, certes, mais un sentiment d'effroi que
l'on ne partage malheureusement pas avec celui de l'héroïne. Bref,
ça se laisse regarder sans déplaisir d'autant plus que certaines
séquences surnagent au dessus du lot malgré tout...
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