Au début, je m'suis
dis : ''Bon, c'est pas grave. Wilson Yip fonctionne au diesel
et il lui faut certainement plus de temps que les autres pour que
démarre véritablement l'aventure.''
Au bout d'une demi-heure, ça commence par contre à faire un peu
long. Vu que Saat Po Lang ne
dure qu'une heure et trente minutes et qu'il va bien falloir que le
réalisateur et scénariste hongkongais se décide à accélérer les
choses. J'avais lu quelques part, mais je ne sais plus où, que la
séquelle réalisée par son compatriote Soi Cheng (auteur du
dantesque Limbo
il y a deux ans) était très largement à la hauteur de The
Raid 2 de
Gareth Evans et que même, il le dépassait haut la main. Et comme
j'avais adoré le premier tandis que le second m'avait quelque peu
déçu, forcément, il me fallait à tout prix découvrir la
franchise initiée en 2005 par Wilson Yip. En débutant par le
premier, bien entendu. Dont acte. Long-métrage d'action d'origine
hongkongaise, Saat Po Lang
est typiquement le genre de produit auquel doit s'attendre l'amateur
de thrillers mafieux d'origine asiatique. Du moins, sur le papier car
comme on le découvre assez rapidement, cette franchise qui semble
donc ponctuellement comparée à celle de Gareth Evans n'est pas
selon moi, et bien qu'elle soit de manière incompréhensible très
appréciée des amateurs de ce genre de films, le meilleur exemple si
l'on veut pour la première fois se lancer dans ce type de projet.
Connu pour avoir notamment réalisé les quatre volets de la
franchise Ip Man
entre 2008 et 2019, Wilson Yip n'est pas un débutant puisqu'il
démarra sa carrière de cinéaste en 1995. Réalisateur, scénariste
mais également acteur, il réalise avec Saat Po
Lang
le premier volet de ce qui pour le moment fait figure de trilogie et
dont il a donc abandonné la mise en scène du second au profit de
Soi Cheng avant de reprendre les rennes pour le troisième en 2017.
Saat Po Lang
est quand même un curieux film il me semble. Non parce que le film
met en scène la mafia chinoise ou parce que la police y emploie de
curieuses et répréhensibles méthodes mais parce que son
déroulement enfreint parfois le concept du pur cinéma d'action à
travers des échanges verbaux souvent interminables. Et vue la courte
durée du film qui dans son genre tutoie généralement, et de nos
jours, davantage les deux heures que les quatre-vingt dix minutes, au
bout d'une (demi-)heure l'on peut commencer à se poser des questions
tout en se rassurant en émettant l'hypothèse que toutes les scènes
d'actions seront concentrées lors du dernier tiers ! La valeur
ajoutée, toujours selon les amateurs du genre, serait la présence à
l'image de l'acteur d'origine cantonaise Donnie Yen qui depuis la
sortie du premier Ip Man
en 2008 est devenu mondialement célèbre pour ses incroyables
cascades. Ce qui semble revenir à dire qu'à l'époque où sort Saat
Po Lang,
l'acteur n'est connu que dans son pays et non pas à l'échelle
internationale. Dans ce film, il incarne Ma Kwan, un officier de
police qui bientôt prendra la place de Chan Kwok Chung (l'acteur
Simon Yam) pour qui la retraite va très prochainement sonner. Malgré
une carrière bien remplie, ce flic aux méthodes assez particulières
regrette une seule chose : de n'avoir pas encore mis derrière
les barreaux le patron de la mafia locale, Wong Po (Sammo Kam-Bo
Hung). Ce jour arrive lorsque à son insu, ce dernier est filmé en
train de battre à mort l'un des collègues de Chan Kwok Chung tandis
que la vidéo est remise aux autorités. Mais à la toute fin de la
projection, ce dernier découvre que le policier est finalement
abattu par l'un des hommes de Wong Po. Chan Kwok Chung se débrouille
alors pour que les dernières secondes soient effacées afin que Wong
Po soit condamné pour meurtre. Mais si le subterfuge fonctionne un
temps, ce dont Chan Kwok Chung ne se doute pas encore c'est que
l'homme qui a filmé la scène possède chez lui une copie qui
blanchit alors automatiquement le mafieux du meuetre de son collègue.
Afin
de se venger d'avoir été ''injustement'' enfermé, Wong Po lance
ses hommes sur la trace des collègues de Chan Kwok Chung afin de les
faire exécuter... Et je vais m'arrêter là avant de raconter toute
l'histoire. Bon, que dire si ce n'est que le film ne fut pas du tout
à la hauteur de mes attentes. À commencer par la partition musicale
de Kwong Wing Chan qui paraît, me semble-t-il, cruellement
inappropriée. En même temps, elle éclaire sur les volontés du
réalisateur qui semble vouloir emplir son œuvre d'une chape de bons
sentiments et de séquences poignantes qui, je m'excuse, n'ont pas
grand chose à faire ici. Nous éviterons donc à notre tour de
comparer Saat Po Lang
à The Raid
qui pour le coup était nettement plus direct, plus frontal et ne
s'embarrassait pas de séquences larmoyantes et grandiloquentes mais
offrait au contraire un spectacle visuel absolument réjouissant !
Au fait, chapeau bas au tueur intégralement vêtu de blanc qui dans
le cas de Saat Po Lang semble
être capable de se déplacer sans jamais être vu et de tuer les
flics les uns après les autres sans avoir recours au moindre recoin
plongé dans l'obscurité. Soit ce type est un fantôme, soit la
police hongkongaise n'est plus ce qu'elle a pu être par le passé !.
Passons sur les ralentis, technique Ô combien ringarde avec laquelle
joue le réalisateur au risque d'en remettre une couche
supplémentaire dans le ridicule. Après une heure de projection, on
peut se demander ce que foutent nos deux officiers de police qui l'un
comme l'autre ont toujours un train (et des dizaines de wagons) de
retard ! Maintenant que la dernière demi-heure se profile, va
falloir se bouger les fesses mes cocos. Sinon, c'est le zéro
pointé ! Petite touche d'humour forcément involontaire :
l'attitude des flics au moment de rendre l'âme. L'on est plus proche
du théâtre Nô et de ses caricatures que du brin de réalisme
auquel l'on pouvait s'attendre. Ce que l'on appelle sans doute, la
''Chinese
Touch'' !
Au final, Saat Po Lang
c'est : deux pauvres séquences de combat au demeurant plutôt
bien chorégraphiées, quelques passages humoristiques non
homologués, beaucoup de larmes de crocodiles. Bref, une déception.
Maintenant, reste à savoir ce que vaut la suite mais vu qu'elle fut
confiée à l'auteur de Limbo,
il y a sans doute de quoi se montrer optimiste...
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