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vendredi 1 décembre 2023

Saat Po Lang (Kill Zone) de Wilson Yip (2005) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Au début, je m'suis dis : ''Bon, c'est pas grave. Wilson Yip fonctionne au diesel et il lui faut certainement plus de temps que les autres pour que démarre véritablement l'aventure.'' Au bout d'une demi-heure, ça commence par contre à faire un peu long. Vu que Saat Po Lang ne dure qu'une heure et trente minutes et qu'il va bien falloir que le réalisateur et scénariste hongkongais se décide à accélérer les choses. J'avais lu quelques part, mais je ne sais plus où, que la séquelle réalisée par son compatriote Soi Cheng (auteur du dantesque Limbo il y a deux ans) était très largement à la hauteur de The Raid 2 de Gareth Evans et que même, il le dépassait haut la main. Et comme j'avais adoré le premier tandis que le second m'avait quelque peu déçu, forcément, il me fallait à tout prix découvrir la franchise initiée en 2005 par Wilson Yip. En débutant par le premier, bien entendu. Dont acte. Long-métrage d'action d'origine hongkongaise, Saat Po Lang est typiquement le genre de produit auquel doit s'attendre l'amateur de thrillers mafieux d'origine asiatique. Du moins, sur le papier car comme on le découvre assez rapidement, cette franchise qui semble donc ponctuellement comparée à celle de Gareth Evans n'est pas selon moi, et bien qu'elle soit de manière incompréhensible très appréciée des amateurs de ce genre de films, le meilleur exemple si l'on veut pour la première fois se lancer dans ce type de projet. Connu pour avoir notamment réalisé les quatre volets de la franchise Ip Man entre 2008 et 2019, Wilson Yip n'est pas un débutant puisqu'il démarra sa carrière de cinéaste en 1995. Réalisateur, scénariste mais également acteur, il réalise avec Saat Po Lang le premier volet de ce qui pour le moment fait figure de trilogie et dont il a donc abandonné la mise en scène du second au profit de Soi Cheng avant de reprendre les rennes pour le troisième en 2017.


Saat Po Lang est quand même un curieux film il me semble. Non parce que le film met en scène la mafia chinoise ou parce que la police y emploie de curieuses et répréhensibles méthodes mais parce que son déroulement enfreint parfois le concept du pur cinéma d'action à travers des échanges verbaux souvent interminables. Et vue la courte durée du film qui dans son genre tutoie généralement, et de nos jours, davantage les deux heures que les quatre-vingt dix minutes, au bout d'une (demi-)heure l'on peut commencer à se poser des questions tout en se rassurant en émettant l'hypothèse que toutes les scènes d'actions seront concentrées lors du dernier tiers ! La valeur ajoutée, toujours selon les amateurs du genre, serait la présence à l'image de l'acteur d'origine cantonaise Donnie Yen qui depuis la sortie du premier Ip Man en 2008 est devenu mondialement célèbre pour ses incroyables cascades. Ce qui semble revenir à dire qu'à l'époque où sort Saat Po Lang, l'acteur n'est connu que dans son pays et non pas à l'échelle internationale. Dans ce film, il incarne Ma Kwan, un officier de police qui bientôt prendra la place de Chan Kwok Chung (l'acteur Simon Yam) pour qui la retraite va très prochainement sonner. Malgré une carrière bien remplie, ce flic aux méthodes assez particulières regrette une seule chose : de n'avoir pas encore mis derrière les barreaux le patron de la mafia locale, Wong Po (Sammo Kam-Bo Hung). Ce jour arrive lorsque à son insu, ce dernier est filmé en train de battre à mort l'un des collègues de Chan Kwok Chung tandis que la vidéo est remise aux autorités. Mais à la toute fin de la projection, ce dernier découvre que le policier est finalement abattu par l'un des hommes de Wong Po. Chan Kwok Chung se débrouille alors pour que les dernières secondes soient effacées afin que Wong Po soit condamné pour meurtre. Mais si le subterfuge fonctionne un temps, ce dont Chan Kwok Chung ne se doute pas encore c'est que l'homme qui a filmé la scène possède chez lui une copie qui blanchit alors automatiquement le mafieux du meuetre de son collègue.


Afin de se venger d'avoir été ''injustement'' enfermé, Wong Po lance ses hommes sur la trace des collègues de Chan Kwok Chung afin de les faire exécuter... Et je vais m'arrêter là avant de raconter toute l'histoire. Bon, que dire si ce n'est que le film ne fut pas du tout à la hauteur de mes attentes. À commencer par la partition musicale de Kwong Wing Chan qui paraît, me semble-t-il, cruellement inappropriée. En même temps, elle éclaire sur les volontés du réalisateur qui semble vouloir emplir son œuvre d'une chape de bons sentiments et de séquences poignantes qui, je m'excuse, n'ont pas grand chose à faire ici. Nous éviterons donc à notre tour de comparer Saat Po Lang à The Raid qui pour le coup était nettement plus direct, plus frontal et ne s'embarrassait pas de séquences larmoyantes et grandiloquentes mais offrait au contraire un spectacle visuel absolument réjouissant ! Au fait, chapeau bas au tueur intégralement vêtu de blanc qui dans le cas de Saat Po Lang semble être capable de se déplacer sans jamais être vu et de tuer les flics les uns après les autres sans avoir recours au moindre recoin plongé dans l'obscurité. Soit ce type est un fantôme, soit la police hongkongaise n'est plus ce qu'elle a pu être par le passé !. Passons sur les ralentis, technique Ô combien ringarde avec laquelle joue le réalisateur au risque d'en remettre une couche supplémentaire dans le ridicule. Après une heure de projection, on peut se demander ce que foutent nos deux officiers de police qui l'un comme l'autre ont toujours un train (et des dizaines de wagons) de retard ! Maintenant que la dernière demi-heure se profile, va falloir se bouger les fesses mes cocos. Sinon, c'est le zéro pointé ! Petite touche d'humour forcément involontaire : l'attitude des flics au moment de rendre l'âme. L'on est plus proche du théâtre Nô et de ses caricatures que du brin de réalisme auquel l'on pouvait s'attendre. Ce que l'on appelle sans doute, la ''Chinese Touch'' ! Au final, Saat Po Lang c'est : deux pauvres séquences de combat au demeurant plutôt bien chorégraphiées, quelques passages humoristiques non homologués, beaucoup de larmes de crocodiles. Bref, une déception. Maintenant, reste à savoir ce que vaut la suite mais vu qu'elle fut confiée à l'auteur de Limbo, il y a sans doute de quoi se montrer optimiste...



 

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