Dans la longue, très longue série de longs-métrages consacrés à
la mythologie entourant le personnage de Sadako Yamamura et en dépit
d'un titre différent de l'original, Rasen
du réalisateur et scénariste japonais Jōji Iida n'en demeure pas
moins l'un de ses meilleurs représentants. Et pourtant, si l'on en
juge par son contenu, on remarquera que l'auteur d'une dizaine de
longs-métrages en presque vingt ans de carrière prend de grandes
libertés avec le script original de Hiroshi Takahashi lui-même
adapté du roman Ringu
écrit
par Kōji Suzuki en 1991. L'entité n'est désormais visuellement
plus aussi remarquable que cette même année 1998 où sortait
justement Ringu
de Hideo Nakata, véritable phénomène qui allait rendre
mondialement populaire le genre J-Horror !
The Spiral,
titre à l'internationale de Rasen,
coupe court avec l'approche qui sera généralement appliquée tout
au long de la saga et notamment dès l'année suivante avec le retour
de Hideo Nakata aux commandes de Ringu 2.
Écrit et donc réalisé par Jōji Iida, Rasen
met en scène le médecin légiste Mitsuo Ando (l'acteur Kōichi
Satō), un homme anéanti par la mort de son jeune fils qui s'est
noyé sans que son père ait pu faire quoi que ce soit pour le
sauver. Hanté par d'horribles cauchemars, il est de plus poussé par
l'un de ses collègues à autopsier le corps de l'un de leurs amis
dont le cadavre vient tout juste d'être retrouvé chez lui. À
savoir que l'acteur qui joue le mort n'est autre que Hiroyuki Sanada
qui fut tout d'abord connu du jeune public pour avoir incarné Ayato
/ Le Fantôme dans la série culte japonaise, San
Ku Kaï.
Pressé par les autorités de découvrir si l'homme s'est suicidé,
s'il est mort d'une crise cardiaque ou d'une toute autre maladie,
Mitsuo va très vite découvrir que sa mort est liée à une étrange
cassette vidéo réputée pour causer la mort de celles et ceux qui
la regardent. D'abord méfiant, l'arrivée de nouveaux cadavres tous
liés à cette fameuse cassette va ensuite conforter le médecin
légiste dans l'idée que celle-ci est peut-être effectivement
maudite. Et pour le savoir, Mitsuo va lui-même la regarder... Bien
que Rasen
apparaisse comme une trahison par rapport au premier long-métrage
qui fut tourné parallèlement en cette année 1998, il n'en est
rien. En effet, le long-métrage n'est pas qu'une simple suite au
Ringu
de Hideo Nakata mais l'adaptation du roman Rasen
(sorti chez nous sous le titre Double
Hélice)
qu'écrivit lui-même Kōji Suzuki en 1995.
Profitons-en
d'ailleurs pour évoquer Ring: Kanzenban
et rendons à César ce qui lui appartient puisque l'on ne doit pas
la première incartade dans l'univers de Sakado Yamamura à Hideo
Nakata mais à Chisui Takigawa qui trois ans avant lui réalisait en
1995 ce téléfilm directement inspiré de l'ouvrage de l'écrivain.
Pour en revenir à Rasen,
le récit ne s'articule pas du tout ou si peu autour du drame que
connut la jeune fille. Et même si son meurtre est rapidement évoqué
à travers une courte séquence, le film s'intéresse surtout aux
investigation du protagoniste finement interprété par Kôichi Satô,
lequel incarne un Mitsuo Andô plutôt crédible. L'enquête
policière étant largement mise de côté, nous suivons donc les
traces de cet homme déchiré par la mort de son fils mais qui, à
travers ses recherches va découvrir des éléments lui permettant
d'espérer son retour parmi les vivants. De ce point de vue là,
Rasen
part un peu en vrille, il est vrai. L'actrice Hinako Saeki interprète
une Sadako Yamamura nettement moins terrifiante que dans Ringu.
Débarrassée de son teint blafard, de ses yeux cerclés de noir ou
de sa longue chevelure lui barrant le visage, elle apparaît comme
une séductrice dont les intentions sont par contre toujours aussi
évidentes : revenir parmi les vivants quitte à prendre la
place de son hôte ! L'une des grandes différences entre Ringu
et Rasen
se situe ici dans la ''contamination'' par Sadako envers ses
victimes. Car la légende qui veut que ceux qui ont regardé la
cassette vidéo dans laquelle l'on retrouve les fameuses et très
étranges images du premier opus meurent les uns après les autres ne
semble désormais plus être que L'UN des moyens dont use Sadako pour
revenir dans le monde matériel. L'entité est désormais traitée
comme une maladie de type variole se transmettant entre individus.
Bien que Rasen
soit assez lent, le film de Jōji Iida s'avère très convainquant.
Un très grand soin a été apporté à la mise en scène ainsi qu'à
la caractérisation de son principal personnage. Ce qui le rend
beaucoup plus attachant que la plupart des protagonistes de la
franchise. De plus, la discrète et minimale bande musicale de La
Finca (dont Rasen
sera la seule partition musicale créée pour le cinéma) imprime une
ambiance relativement troublante. Certains se désespéreront sans
doute de n'y pas retrouver la ''créature'' telle qu'ils la
connaissent ou de ne pas sursauter lors de Jump-Scares
totalement absents de Rasen.
Tant pis pour eux car cette troisième adaptation dans l'ordre
chronologique des sorties est vraiment une réussite...
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