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samedi 11 novembre 2023

Ushikubi Village de Takashi Shimizu (2022) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Depuis plus de vingt ans, le réalisateur japonais Takashi Shimizu perpétue un cinéma de l'effroi voué aux esprits et autres incarnations plus ou moins ectoplasmiques. L'auteur de Ju-On, de Rinne, et de Tormented s'est lancé en 2019 dans une nouvelle série de longs-métrages horrifiques dont le premier volet intitulé Howling Village fut suivi deux ans plus tard par Suicide Forest Village. L'année dernière, le cinéaste japonais a semble-t-il mis un terme à cette saga avec le troisième volet intitulé cette fois-ci Ushikubi Village et dans lequel, il tente une nouvelle fois de sonder l'âme humaine à travers l'histoire poignante d'une jeune adolescente victime de forces obscures dont elle cherchera à découvrir les origines en compagnie de son ami Ren (l'acteur Riku Hagiwara). S'agissant de la séquence d'ouverture, ce qui étonne est l'approche quasi identique à celle de Suicide Forest Village. Au point que l'on se demande durant quelques instants si l'on n'a pas fait l'erreur de nous lancer dans la projection de ce dernier. Et pourtant, la suite nous démontrera fort heureusement le contraire. Si Takashi Shimizu eut beau être l'un des maîtres en matière de J-Horror, il semblerait que la fibre artistique du réalisateur et scénariste se soit peu à peu diluée dans une imagerie de drama japonais pas toujours convaincante. En approchant les deux heures, Ushikubi Village prend le risque d'emporter le public dans les flots insuffisamment tumultueux d'un cinéma de l'horreur et de l'épouvante charriant son lot de séquences interminables. C'est à n'y point se tromper que d'affirmer que le spectateur voit juste lorsqu'il évoque ces scènes dont la longueur et l'absence d'intérêt nuisent au propos même tenu par Takashi Shimizu à travers le script dont il est lui-même l'auteur aux côtés de Daisuke Hosaka, scénariste avec lequel il travailla déjà sur les deux premiers volets de ce que l'on nommera pour l'instant sous l'appellation de ''trilogie''. Commençons d'abord par rassurer les futurs spectateurs.Si le japonais ne signe pas là son meilleur film, les fidèles, ceux qui le suivent et se reconnaissent dans chacune de ses tentatives, apprécieront certainement ce nouveau voyage aux confins du surnaturel où se côtoient légende, spiritisme, incarnations spectrales mais également le deuil, l'absence et la solitude.


En cela, Takashi Shimizu demeure l'un des grands fondateurs de cette alliance détonante entre drame et épouvante qui fait souvent la spécificité de son cinéma et que l'on retrouve aussi parfois chez ses congénères, à l'image de Hideo Nakata et de son Honogurai Mizu no Soko Kara (connu chez nous sous le titre Dark Water) qui demeure sans aucun doute à ce jour, LE chef-d’œuvre du genre ! L'aventure au sein de laquelle vont évoluer divers protagonistes dont l'héroïne Kanon qu'interprète l'actrice Kôki sera semée d'embûches narratives qui soyons-en certains, déstabiliseront la plupart des spectateurs. Ensuite, de la poésie visuelle à la grandiloquence, il n'y a qu'un pas que Takashi Shimizu semble parfois franchir sans honte du ridicule. Avec son allure de DTV visuellement mal fagoté, il va falloir faire preuve, pour le réalisateur, de trésors d'imagination pour faire oublier ce qui fait dans le cas de Ushikubi Village, souvent défaut. L'apogée du numérique n'étant pas passé par le cinéma de cet artiste pourtant généreux et qui ne cesse pratiquement pas de tourner depuis ses débuts (On espère notamment découvrir très rapidement Immersion ainsi que Minna no Uta qu'il réalisa en cette seule année 2023), l'absence formelle de grain est proportionnellement frustrant face au polissage systématique de l'image qui lui, envahit la totalité du métrage. Où lorsque le drama japonais questionne au sujet de la comparaison avec le concept de Soap Opera. Mais ne soyons pas trop durs. Car par delà l'esthétique parfois quasi rédhibitoire, Takashi Shimizu nous rappelle qu'il fut un immense cinéaste en la matière qui est la sienne. Dans ce salmigondis d'idées mal dégrossies et souvent brouillonnes, c'est bien sur la durée que les choses s'éclaireront, le cinéaste en profitant pour semer ça et là quelques fulgurances au visage de son public. Comme ce suicide en boucle filmé à travers le reflet d'une petite flaque d'eau ou cette séquence parfaitement inattendue lors de laquelle l'un des personnages nous refait à sa manière l'une des plus fameuses scènes de L'ascenseur de Dick Maas. Au final, Ushikubi Village s'adresse avant tout au cœur du public avant de s'attaquer aux peurs qu'il garde enfouies en lui. L'on reprochera au film de Takashi Shimizu sa trop longue durée et ses chemins de travers qui nuisent parfois au confort et à la lisibilité. En contrepartie, que voulez-vous que je vous dise... ? Que l'on réservera tout d'abord Ushikubi Village au noyau dur des fans du cinéaste... dont je fais partie. Mais que les autres seront eux aussi conviés à suivre l'aventure de Kanon et de ses deux compagnons. Ne serait-ce que pour qu'ils assistent à une dernière demi-heure totalement délirante...

 

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