Depuis presque trente
ans, les réalisateurs et scénaristes français Olivier Nakache et
Eric Toledano collaborent entre courts et longs-métrages et ce, avec
un certain succès. De leurs débuts sur grand écran avec Je
préfère qu'on reste amis...
en passant par le multi-primé Les intouchables
(à voir une fois, par curiosité, mais pas deux) et jusqu'au
sympathique Le sens de la fête
avec, entre autres interprètes, notre indispensable Jean-Pierre
Bacri national... La prise de risque étant du côté de ''ceux qui
osent vraiment prendre parti'' pour ou contre le sujet qu'ils
abordent, les deux cinéastes ne rencontreront ni les foudres de ceux
qui tendraient à défendre leurs ''gentils'' militants écologiques
ni ne prendront le moindre coup de fourchette de la part de celles et
ceux qui en ont marre que ces jeunes bobos bloquent l'entrée des
banques et des différentes institutions nationales ou qui créent
des embouteillages en s'allongeant sur le bitume, le torse peint de
slogans tapageurs. Il est donc moins difficile d'évoquer le dernier
longs-métrage du duo puisque en ne prenant parti ni pour l'un pour
l'autre des bords, Une année difficile
aurait plutôt tendance à singer le concept pour mieux l'incorporer
dans le thème de la comédie. Première bonne nouvelle : la
présence de Pio Marmaï. La mauvaise ? A priori, celle de
Jonathan Cohen. À force de reprendre l'éternel même personnage, on
avait fini par se lasser et surtout, se convaincre que l'humoriste et
acteur n'avait aucunes des qualités requises lui permettant de se
réinventer. Alors même que l'élastique semblait avoir pété
(Sentinelle
de Hugo Benamozig ayant poussé cette année le bouchon beaucoup trop
loin...), voilà que Jonathan Cohen fait (PRESQUE) peau neuve et
propose un personnage légèrement plus nuancé qu'à son habitude.
Est-ce sous l'impulsion d'Olivier Nakache et d'Eric Toledano ?
Peut-être ne le saurons-nous jamais. À ses côtés, Pio Marmaï
dont l'exigence est en général nettement plus visible campe ici
l'alter ego de Jonathan Cohen. Les deux bonhommes se disputent en
effet le titre du plus endetté des deux. Albert Laprade et Bruno
Ambrosi cumulent les dettes. L'un dort dans la salle d'attente de
l'aéroport où il travaille comme manutentionnaire tandis que
l'autre va être contraint de quitter son logement dans quelques
semaines sur avis de justice. L'un est l'autre espèrent surtout que
Henri Tomasi (Mathieu Amalric), un intermédiaire chargé d'épauler
les personnes endettées interdit de casino, pourra les aider à
lancer une procédure de surendettement et ainsi faire annuler leurs
dettes.
D'ici
là, les deux hommes profitent d'une invitation lors d'une réunion
de militants écologiques pour se gaver de chips et boire de la bière
à l’œil. Une réunion lors de laquelle Albert et Bruno vont
notamment faire la connaissance de l'un des membres les plus
déterminés en la personne de Valentine (l'actrice Noémie
Merlant)... Le social est un sujet qui parle très régulièrement au
duo de réalisateurs qui dans le cas d Une année
difficile
s'attaquent à un sujet opportunément situé ''dans l'air du
temps''. L'environnement, la surconsommation, les abattoirs. De quoi
faire friser les sourcils des matérialistes et autres bouffeurs de
viande qui au sortir de la projection n'auront absolument pas changé
d'opinion. Le principal défaut du long-métrage se situe d'ailleurs
très exactement là. Ok, Une année difficile
est une comédie. Ce qui n'aurait pas dû empêcher ses auteurs de
vouloir apporter un peu de réflexion concernant la cause défendue
par une partie de leurs personnages. D'autant plus que le film n'est
pas totalement démuni en terme d'émotions comme le démontre
notamment la touchante séquence réunissant Bruno/Jonathan Cohen et
celle qui fut son épouse (Margot Bancilhon dans le rôle de Claire).
Olivier Nakache et Eric Toledano multiplient les séquences de
bravoures sans qu'elles n'apportent véritablement de messages
fédérateurs, ni dans le fond, ni dans la forme. Les
''responsables'' de la cause ne rencontrent jamais de résistance de
la part de l'un ou l'autre des membres. Tous s'expriment d'une seule
et même voix sans qu'aucune discordance d'opinion ne vienne gripper
leur cohésion. Dommage. Et comment juger du bien fondé de certaines
méthodes employées ici sur un ton forcément caricatural ? Le
film met en contrepartie en exergue ceux qui profitent du système.
Des individus que l'on retrouve finalement de l'un et l'autre des
côtés de la barrière. Sympathique mais ne s'attaquant pas de
manière frontale à l'un des sujets qui opposent les français, on
sort de l'aventure sans être totalement conquis. Quelques bribes
surnagent fort heureusement. Comme ce Running
gag
mettant en scène Matthieu Amalric à l'entrée d'un casino ou ce
final pré-confinement. Pour le reste, Une année
difficile
se montre vraiment trop sage...
"Tellement intouchable que j'ai pas voulu y toucher..." :-)
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