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mardi 7 novembre 2023

Une année difficile d'Éric Toledano et Olivier Nakache (2023) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Depuis presque trente ans, les réalisateurs et scénaristes français Olivier Nakache et Eric Toledano collaborent entre courts et longs-métrages et ce, avec un certain succès. De leurs débuts sur grand écran avec Je préfère qu'on reste amis... en passant par le multi-primé Les intouchables (à voir une fois, par curiosité, mais pas deux) et jusqu'au sympathique Le sens de la fête avec, entre autres interprètes, notre indispensable Jean-Pierre Bacri national... La prise de risque étant du côté de ''ceux qui osent vraiment prendre parti'' pour ou contre le sujet qu'ils abordent, les deux cinéastes ne rencontreront ni les foudres de ceux qui tendraient à défendre leurs ''gentils'' militants écologiques ni ne prendront le moindre coup de fourchette de la part de celles et ceux qui en ont marre que ces jeunes bobos bloquent l'entrée des banques et des différentes institutions nationales ou qui créent des embouteillages en s'allongeant sur le bitume, le torse peint de slogans tapageurs. Il est donc moins difficile d'évoquer le dernier longs-métrage du duo puisque en ne prenant parti ni pour l'un pour l'autre des bords, Une année difficile aurait plutôt tendance à singer le concept pour mieux l'incorporer dans le thème de la comédie. Première bonne nouvelle : la présence de Pio Marmaï. La mauvaise ? A priori, celle de Jonathan Cohen. À force de reprendre l'éternel même personnage, on avait fini par se lasser et surtout, se convaincre que l'humoriste et acteur n'avait aucunes des qualités requises lui permettant de se réinventer. Alors même que l'élastique semblait avoir pété (Sentinelle de Hugo Benamozig ayant poussé cette année le bouchon beaucoup trop loin...), voilà que Jonathan Cohen fait (PRESQUE) peau neuve et propose un personnage légèrement plus nuancé qu'à son habitude. Est-ce sous l'impulsion d'Olivier Nakache et d'Eric Toledano ? Peut-être ne le saurons-nous jamais. À ses côtés, Pio Marmaï dont l'exigence est en général nettement plus visible campe ici l'alter ego de Jonathan Cohen. Les deux bonhommes se disputent en effet le titre du plus endetté des deux. Albert Laprade et Bruno Ambrosi cumulent les dettes. L'un dort dans la salle d'attente de l'aéroport où il travaille comme manutentionnaire tandis que l'autre va être contraint de quitter son logement dans quelques semaines sur avis de justice. L'un est l'autre espèrent surtout que Henri Tomasi (Mathieu Amalric), un intermédiaire chargé d'épauler les personnes endettées interdit de casino, pourra les aider à lancer une procédure de surendettement et ainsi faire annuler leurs dettes.


D'ici là, les deux hommes profitent d'une invitation lors d'une réunion de militants écologiques pour se gaver de chips et boire de la bière à l’œil. Une réunion lors de laquelle Albert et Bruno vont notamment faire la connaissance de l'un des membres les plus déterminés en la personne de Valentine (l'actrice Noémie Merlant)... Le social est un sujet qui parle très régulièrement au duo de réalisateurs qui dans le cas d Une année difficile s'attaquent à un sujet opportunément situé ''dans l'air du temps''. L'environnement, la surconsommation, les abattoirs. De quoi faire friser les sourcils des matérialistes et autres bouffeurs de viande qui au sortir de la projection n'auront absolument pas changé d'opinion. Le principal défaut du long-métrage se situe d'ailleurs très exactement là. Ok, Une année difficile est une comédie. Ce qui n'aurait pas dû empêcher ses auteurs de vouloir apporter un peu de réflexion concernant la cause défendue par une partie de leurs personnages. D'autant plus que le film n'est pas totalement démuni en terme d'émotions comme le démontre notamment la touchante séquence réunissant Bruno/Jonathan Cohen et celle qui fut son épouse (Margot Bancilhon dans le rôle de Claire). Olivier Nakache et Eric Toledano multiplient les séquences de bravoures sans qu'elles n'apportent véritablement de messages fédérateurs, ni dans le fond, ni dans la forme. Les ''responsables'' de la cause ne rencontrent jamais de résistance de la part de l'un ou l'autre des membres. Tous s'expriment d'une seule et même voix sans qu'aucune discordance d'opinion ne vienne gripper leur cohésion. Dommage. Et comment juger du bien fondé de certaines méthodes employées ici sur un ton forcément caricatural ? Le film met en contrepartie en exergue ceux qui profitent du système. Des individus que l'on retrouve finalement de l'un et l'autre des côtés de la barrière. Sympathique mais ne s'attaquant pas de manière frontale à l'un des sujets qui opposent les français, on sort de l'aventure sans être totalement conquis. Quelques bribes surnagent fort heureusement. Comme ce Running gag mettant en scène Matthieu Amalric à l'entrée d'un casino ou ce final pré-confinement. Pour le reste, Une année difficile se montre vraiment trop sage...

 

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