Depuis 2002 et The
Ring
de Gore Verbinski, la J-Horror
s'est vue contaminée par la colonisation du genre par le pays
''souverain'' en la matière : les États-Unis. Et parmi les
œuvres les plus touchées par le phénomène, les franchises Ringu
et
Ju-On
respectivement conçues par Hideo Nakata et Takashi Shimizu.
Concernant ce dernier, relever tout ce qui touche à la franchise née
en 1998 peut s'avérer un parcours du combattant. Des courts-métrages
4444444444
et Katasumi
réalisés à la fin du siècle dernier jusqu'à The
Grudge 2
en 2006, le réalisateur japonais a plongé à maintes reprises dans
l'univers de sa créature vengeresse. Si l'on ajoute les deux courte
œuvres qui ont donné naissance à la franchise, Takashi Shimizu fut
l'auteur de huit courts et longs-métrages ! Auxquels l'on
ajouteras ceux réalisés par Toby Wilkins, Ryūta Miyake, Mari Asato
et Masayuki Ochiai. Tout comme Gore Verbinski avant lui, donc,
Takashi Shimizu aura œuvré à une autre échelle dès 2004 avec le
remake de son propre film, Ju-On.
Intitulé The Grudge,
ce reboot est très majoritairement incarné par des interprètes
d'origine américaine. Bien que le réalisateur ait ici étonnamment
choisi de conserver le Japon comme terre d'accueil de ses obsessions
pour le surnaturel, The Grudge
adopte une narration qui tranche quelque peu avec celle de l'original
qui à l'époque était découpée sous forme d'actes. Un concept qui
pouvait déstabiliser puisque sous la forme d'un puzzle que le
spectateur était contraint de reconstituer intellectuellement
lui-même, le déroulement de l'intrigue pouvait apparaître décousu.
Ce qui, très honnêtement, n'était pas le cas. Takashi Shimizu
adapte donc son concept pour un public moins enclin à faire
travailler ses neurones que dans son pays natal. Concernant le
casting l'on retrouve les trois interprètes formant la famille
Saeki, laquelle fut au centre d'un drame que les amateurs de la
franchise connaissent désormais sur le bout des doigts. Takako Fuji,
Yūya Ozeki et Takashi Matsuyama reprennent donc du service mais sont
désormais opposés à un casting majoritairement incarné par des
actrices et acteurs américains. Et parmi eux, Sarah Michelle Gellar,
rendue mondialement célèbre entre 1997 et 2001 grâce à la série
télévisée Buffy contre les vampires.
Bill
Pullman, que l'on a pu notamment voir chez David Lynch dans le
remarquable Lost Highway
en 1997 ou l'année précédente en président des États-Unis dans
l'ultra patriotique Independence Day
de Roland Emmerich. Quant à Grace Zabriskie, elle interprète ici
l'une des premières victimes de Kayako Saeki (l'actrice Takako Fuji)
longtemps après avoir été faire un tour dans l'espace avec le
nanardesque mais néanmoins génial Galaxy of
Terror de
Bruce D. Clark en 1981 ou après avoir elle aussi rencontré David
Lynch à plusieurs reprises sur les tournages de Wild
at Heart
en 1990, Twin Peaks: Fire Walk with Me
en 1992 ou deux ans après le remake de Ju-On
sur celui de Inland Empire.
Autour de ces trois là ainsi que de Jason Behr, KaDee Strickland ou
William Mapother graviteront tout de même quelques nouveaux
personnages d'origine japonaise comme l'inspecteur Nakagawa
qu'interprète l'acteur Ryō Ishibashi qui avant cela tint la vedette
dans Audition
en 1999 et Suicide Club
en 2001 respectivement réalisés par les électrons libres Takashi
Miike et Sion Sono ! Bénéficiant d'un budget nettement plus
confortable que pour l’œuvre originale qui fut financée à
l'époque à hauteur d'une équivalence à quatre millions de
dollars, les dix millions de The Grudge
permettent à Takashi Shimizu de proposer des effets-spéciaux d'un
niveau largement supérieur. L'une des principales différences
scénaristiques entre l'original et le remake se situe dans cette
obsession trouble de Kayako Saeki pour son ancien professeur Peter
Kirk qu'incarne Bill Pullmank une thématique qui était absente de
Ju-On.
La découverte de son journal intime par l'époux de la jeune femme
prénommé Takeo (l'acteur Takashi Matsuyama) mènera à l'événement
primordial d'où découlera par la suite une succession d'événements
aussi tragiques qu'épouvantables. Si Takashi Shimizu réussit le
pari de transposer son univers en le faisant incarner par des
interprètes américains, certains aspects relatifs à l'intensité
émotionnelle ne sont ici plus tout à fait présents. Bien que les
scènes chocs pullulent et que dans une très large majorité des cas
elles demeurent efficaces, le drame originel est par contre désormais
abordé de manière beaucoup moins troublante. À l'échelle
mondiale, le film rapportera près de vingt fois la mise de départ
et s'avérera donc un joli succès. Takashi Shimizu remettra une
dernière fois le couvert en 2006 avec The Grudge
2
avant de laisser d'autres cinéastes prendre par la suite la
relève...
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