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mercredi 29 novembre 2023

Limbo de Soi Cheang (2021) - ★★★★★★★★★★

 


 

Mon top dix (non exhaustif) du cinéma asiatique se trouve être majoritairement constitué de longs-métrage d'origine japonaise, que voulez-vous. Il se constitue ainsi : Avec, au sommet de mon classement, le sud-coréen The Strangers de Na Hon-Jin et le japonais Kotoko de Shin'ya Tsukamoto. Viennent ensuite et dans le désordre, 964 Pinocchio de Shozin Fukui, A Snake of June de Shin'ya Tsukamoto (et ouais, pour la seconde fois), Elle s'appelait Scorpion de Shun'ya Ito, Onibaba, les tueuses de Kaneto Shindô, ainsi que trois œuvres signées de Sion Sono, The Forest of Love, Guilty of Romance ainsi que Himizu. Forcément, vu les places réduites qu'impose un top dix, je n'ai pas pu ajouter Ishirö Honda, Takashi Shimizu, Takashi Miike, Hideo Nakata, Noboru Iguchi, Kosaku Yamashita ou Koji Wakamatsu... Peut-être dans un top cinquante ou cent. Bon, là, normalement, vous vous dites que ce type ne sait apparemment pas compter sur ses dix doigts vu que dans son top dix, il en manque un ! Et vous auriez raison de vous manifester. C'est pourtant frais comme la rosée du matin malgré un terrible mal de dos à force de me croire toujours âgé de treize ou quatorze ans et de faire le con que j'ai enfin pu mettre la main sur le film que j'estime devoir ajouter à ma liste afin de clore définitivement, et après mûre réflexion, ce top dix ! Je ne suis pas allé dépoussiérer de vieilles bobines faisant partie des classiques du cinéma chinois mais me suis tout simplement laissé embarquer par une affiche. Celle de Limbo de Soi Cheang. Je suis d'autant plus heureux de pouvoir l'ajouter à ma liste que le cinéma chinois n'est en général pas du tout ma came. À l'issue d'une projection qui prend un peu moins de deux heures de temps, faire le bilan du spectacle visuel auquel l'on a eu affaire se résumera tout d'abord en une phrase simple à comprendre mais assez longue à écrire : Le district de Whitechapel de la fin du dix-neuvième siècle ressemble aux allées du château de Versailles en comparaison de ce dépotoir à ciel ouvert que le réalisateur hongkongais filme avec une complaisance presque malsaine mais aussi et surtout avec une incomparable virtuosité. Dans un noir et blanc somptueux qui nous épargne fort heureusement souvent l'impression de sentir les odeurs nauséabondes qui se dégagent de la quasi totalité des plans, Soi Cheang soigne cette esthétique de la déchéance et du désœuvrement.



Le spectateur perd un peu de sa contenance face au regard vague et au calme froid du saisissant Hiroyuki Ikeuchi...



Sacs-poubelles et containers à ordures éventrés... Les mouches s'invitent au festin de manière séculaire, avides comme jamais des chairs qui se décomposent dans un magma de détritus ménagers dont le réalisateur multiplie les plans. Autant dire que la concurrence est, dans l'ordre d'idée selon laquelle plus un univers décrit y est sale et plus le spectateur aura l'impression d'assister à un cauchemar éveillé, battue à plate couture. Si ce n'était l'obligation de devoir prendre en compte l'ordre chronologique dans lequel sont sortis Seven de David Fincher et ses nombreux succédanés, nous pourrions affirmer que Limbo est celui qui les inspira tous. Sauf que nous sommes ici en 2021 et qu'il n'y a aucun doute sur le sujet. Scénaristiquement parlant, le long-métrage du réalisateur hongkongais ne propose par contre rien de véritablement inédit. Au centre du récit où deux flics que les méthodes singulières de l'un d'eux opposent, un tueur en série qui sévit et coupe la main gauche de ses victimes. Outre l'aspect peu ragoutant des habitudes du bonhomme, Soi Cheang en rajoute dans l'horreur avec le drame épouvantable qu'est en train de traverser son héros, l'inspecteur Cham Lau qu'interprète Ka Tung Lam, dont l'épouse gît dans un lit, sous respirateur artificiel et une jambe en moins ! Aux côtés de Cham Lau, le très propre sur lui, Will Ren (l'acteur Mason Lee), supérieur hiérarchique fraîchement débarqué et parfois même dépassé devant l'ampleur de la double tâche qui lui incombe (traquer le tueur et tenter de tempérer le comportement de son nouveau partenaire). Ajoutée au duo, l'actrice Yase Liu, dans le rôle de Won Tau, un voleuse de voiture, toxicomane et accessoirement responsable de l'état dans lequel se trouve l'épouse de Cham Lau, va passer un sale quart-d'heure. Bousculée avec un réalisme qui parfois dérange, va y avoir du remue-ménage chez les néo-féministes si jamais ces dernières tombent un jour sur ce film. Nous ne sommes très clairement pas là pour rigoler mais pour contempler avec quelle maestria Soi Cheang use de sa caméra. Celle-ci virevolte, épouse les contours, s'envole dans les airs, donne le tournis, souligne le caractère des personnages, bref, c'est du grand art. À elle seule la séquence du parking et certaines poursuites dans les bas-fonds sont des monuments. Limbo est un fleuron du cinéma noir, cruel, cauchemardesque, crépusculaire, nihiliste mais formellement sublime. À ne tout de même pas mettre entre toutes les mains...

 

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