Réalisateur d'origine
australienne, Peter Weir a débuté sa carrière dans son pays natal
en travaillant sur
un nombre important de projets entre 1968 et 1981 avant de collaborer
avec les États-Unis pour la première fois sur le tournage de
L'année de tous les dangers.
Auteur de quelques œuvres particulièrement appréciées des
cinéphiles telles que Les voitures qui ont mangé
Paris
en 1974, Pique-nique à Hanging Rock
l'année suivante et La dernière vague
en 1977, Peter Weir quitte l'Australie pour venir s'installer sur le
territoire américain où il réalise en 1985, Witness
que le studio de production avait cependant à l'origine prévu de
confier au canadien David Cronenberg. Devant le refus de ce dernier,
le nom de John Badham est ensuite évoqué... lequel décline
également l'invitation. Conçu par les scénaristes William Kelley
et Earl W. Wallace sur la base d'une histoire qu'ils ont écrite
conjointement aux côtés de la compagne de ce dernier, Pamela
Wallace, Witness
est un thriller qui mêle avec une certaine habileté, policier et
romance. Pourtant, cette dernière sera traitée avec un luxe de
pudeur. En effet, aucun acte d'amour ou de sexe en dehors d'un baiser
volé ne vient interférer avec l'intrigue qui, plus que d'être
strictement autocentrée sur la protection d'une femme et de son
enfant par un policier originaire de la Ville, s'intéresse en
profondeur aux us et coutumes d'une communauté religieuse chrétienne
connue dans le monde pour vivre hors de notre temps. Après avoir
fait connaissance avec Rachel Lapp et son fils Samuel (l'acteur Lukas
Haas alors âgé de huit ans) qui vivent auprès de leur communauté
dans le comté de Lancaster en Pennsylvannie, les voici tous les deux
en partance pour la ville de Baltimore. Lors du voyage qui doit les
emmener jusque chez la sœur de la jeune mère, Samuel est témoin du
meurtre d'un officier de police dans les toilettes de la gare de
Philadelphie. Afin d'assurer la protection du jeune garçon, lequel
est devenu par conséquent la seule personne capable d'identifier
l'un des deux meurtriers, le capitaine John Book prend en charge
l'enfant et sa mère et décide de les éloigner de la ville en les
ramenant chez eux, au sein de leur propre communauté. L'essentiel de
Witness,
même s'il repose également sur un certain nombre de séquences
montrant la détermination de leurs poursuivants, est donc centré
sur cette communauté qui voit presque de manière permanente d'un
mauvais œil la présence d'un étranger.
Peter
Weir, qui notamment avec La dernière vague
avait profité du tournage pour inclure d'authentiques aborigènes au
récit prouve une nouvelle fois son intérêt pour des populations et
des modes de vie qui semblent aller à l'encontre de celles et ceux
qui l'on côtoie au quotidien. Sans manichéisme, le réalisateur
australien oppose deux modes de vie et donc deux manières de
l'aborder. Ici, le sujet est traité de manière proportionnellement
inverse à l'image qui nous renvoie cette communauté visiblement
harmonieuse et d'une manière générale, très respectueuse de ses
propres règles. En optant pour davantage d'implication au sein de la
communauté amish et bien moins en ce qui concerne l'enquête
elle-même, Peter Weir tape en plein mille et nous offre une aventure
sinon anxiogène, du moins doté de séquences très fortes. Comme
ces sentiments que n'évoque que très parcimonieusement par la
parole le couple admirablement formé par le charismatique Harrisson
Ford (dont la carrière vient véritablement d'exploser à travers
sa participation aux franchises Indiana Jones et
Star Wars)
et la sublime Kelly McGillis (laquelle tournera l'année suivante aux
côtés de Tom Cruise dans Top Gun
de Tony Scott). Quelques gestes, quelques regards suffisent à
comprendre qu'entre les deux, la relation ne repose pas exclusivement
sur l'affaire consacrée au meurtre d'un flic. La marque des grands
imprime littéralement Witness
qui même après quasiment quarante ans d'âge se laisser découvrir
comme la toute première fois lors de sa sortie dans les salles
obscures. L’œuvre brille d'une sensibilité et d'une intelligence
rares qui l'éloignent de l'actioner
bourrin typiquement américain. La bande musicale est quant à elle
confiée au compositeur français Maurice Jarre, grand spécialiste
des musiques de films et père de l'illustre créateur de musiques
électroniques, Jean-Michel Jarre ! Si le ressentiment lié au
dépaysement est quasiment absent du projet, l'on reste forcément
ému face à la volonté forcenée d'hommes et de femmes ayant choisi
de vivre dans une communauté de biens, loin des ravages et des
perversions des grandes villes. D'ailleurs, Witness
sonne parfois comme une œuvre à charge face au comportement trouble
de ces touristes ou de certains individus (ces crétins
d'adolescents) qui agissent connement face à des bêtes qu'ils
considèrent probablement comme étant curieuses. Notons que dans
l'un des rôles antagonistes, Danny Glover tient celui de l'assassin
James McFee deux ans avant d'apparaître pour la première fois sous
les traits du sympathique policier Roger Murtaugh (auprès de Mel
Gibson) dans le Buddy
Movie
L'arme fatale
de Richard Donner et que l'acteur américano-danois Viggo Mortensen y
interprète l'un de ses tout premiers rôles après celui du
lieutenant LeBoeuf dans la mini-série George
Washington...
Les Amish ! Ils ont tout compris, eux... Pas "d'applis", de Uber, de Netflix, de paiement "sans contact" et autres billevesées du monde moderne... :-)
RépondreSupprimerFilm un peu frustrant tant l'intrigue policière s'efface pour laisser place au sentimental et au romantisme avec le couple Ford / McGillis. Pour s'accélérer subitement sur la fin, comme si elle n'était qu'un prétexte.