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lundi 2 octobre 2023

Witness de Peter Weir (1985) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Réalisateur d'origine australienne, Peter Weir a débuté sa carrière dans son pays natal en travaillant sur un nombre important de projets entre 1968 et 1981 avant de collaborer avec les États-Unis pour la première fois sur le tournage de L'année de tous les dangers. Auteur de quelques œuvres particulièrement appréciées des cinéphiles telles que Les voitures qui ont mangé Paris en 1974, Pique-nique à Hanging Rock l'année suivante et La dernière vague en 1977, Peter Weir quitte l'Australie pour venir s'installer sur le territoire américain où il réalise en 1985, Witness que le studio de production avait cependant à l'origine prévu de confier au canadien David Cronenberg. Devant le refus de ce dernier, le nom de John Badham est ensuite évoqué... lequel décline également l'invitation. Conçu par les scénaristes William Kelley et Earl W. Wallace sur la base d'une histoire qu'ils ont écrite conjointement aux côtés de la compagne de ce dernier, Pamela Wallace, Witness est un thriller qui mêle avec une certaine habileté, policier et romance. Pourtant, cette dernière sera traitée avec un luxe de pudeur. En effet, aucun acte d'amour ou de sexe en dehors d'un baiser volé ne vient interférer avec l'intrigue qui, plus que d'être strictement autocentrée sur la protection d'une femme et de son enfant par un policier originaire de la Ville, s'intéresse en profondeur aux us et coutumes d'une communauté religieuse chrétienne connue dans le monde pour vivre hors de notre temps. Après avoir fait connaissance avec Rachel Lapp et son fils Samuel (l'acteur Lukas Haas alors âgé de huit ans) qui vivent auprès de leur communauté dans le comté de Lancaster en Pennsylvannie, les voici tous les deux en partance pour la ville de Baltimore. Lors du voyage qui doit les emmener jusque chez la sœur de la jeune mère, Samuel est témoin du meurtre d'un officier de police dans les toilettes de la gare de Philadelphie. Afin d'assurer la protection du jeune garçon, lequel est devenu par conséquent la seule personne capable d'identifier l'un des deux meurtriers, le capitaine John Book prend en charge l'enfant et sa mère et décide de les éloigner de la ville en les ramenant chez eux, au sein de leur propre communauté. L'essentiel de Witness, même s'il repose également sur un certain nombre de séquences montrant la détermination de leurs poursuivants, est donc centré sur cette communauté qui voit presque de manière permanente d'un mauvais œil la présence d'un étranger.


Peter Weir, qui notamment avec La dernière vague avait profité du tournage pour inclure d'authentiques aborigènes au récit prouve une nouvelle fois son intérêt pour des populations et des modes de vie qui semblent aller à l'encontre de celles et ceux qui l'on côtoie au quotidien. Sans manichéisme, le réalisateur australien oppose deux modes de vie et donc deux manières de l'aborder. Ici, le sujet est traité de manière proportionnellement inverse à l'image qui nous renvoie cette communauté visiblement harmonieuse et d'une manière générale, très respectueuse de ses propres règles. En optant pour davantage d'implication au sein de la communauté amish et bien moins en ce qui concerne l'enquête elle-même, Peter Weir tape en plein mille et nous offre une aventure sinon anxiogène, du moins doté de séquences très fortes. Comme ces sentiments que n'évoque que très parcimonieusement par la parole le couple admirablement formé par le charismatique Harrisson Ford (dont la carrière vient véritablement d'exploser à travers sa participation aux franchises Indiana Jones et Star Wars) et la sublime Kelly McGillis (laquelle tournera l'année suivante aux côtés de Tom Cruise dans Top Gun de Tony Scott). Quelques gestes, quelques regards suffisent à comprendre qu'entre les deux, la relation ne repose pas exclusivement sur l'affaire consacrée au meurtre d'un flic. La marque des grands imprime littéralement Witness qui même après quasiment quarante ans d'âge se laisser découvrir comme la toute première fois lors de sa sortie dans les salles obscures. L’œuvre brille d'une sensibilité et d'une intelligence rares qui l'éloignent de l'actioner bourrin typiquement américain. La bande musicale est quant à elle confiée au compositeur français Maurice Jarre, grand spécialiste des musiques de films et père de l'illustre créateur de musiques électroniques, Jean-Michel Jarre ! Si le ressentiment lié au dépaysement est quasiment absent du projet, l'on reste forcément ému face à la volonté forcenée d'hommes et de femmes ayant choisi de vivre dans une communauté de biens, loin des ravages et des perversions des grandes villes. D'ailleurs, Witness sonne parfois comme une œuvre à charge face au comportement trouble de ces touristes ou de certains individus (ces crétins d'adolescents) qui agissent connement face à des bêtes qu'ils considèrent probablement comme étant curieuses. Notons que dans l'un des rôles antagonistes, Danny Glover tient celui de l'assassin James McFee deux ans avant d'apparaître pour la première fois sous les traits du sympathique policier Roger Murtaugh (auprès de Mel Gibson) dans le Buddy Movie L'arme fatale de Richard Donner et que l'acteur américano-danois Viggo Mortensen y interprète l'un de ses tout premiers rôles après celui du lieutenant LeBoeuf dans la mini-série George Washington...

 

1 commentaire:

  1. Les Amish ! Ils ont tout compris, eux... Pas "d'applis", de Uber, de Netflix, de paiement "sans contact" et autres billevesées du monde moderne... :-)
    Film un peu frustrant tant l'intrigue policière s'efface pour laisser place au sentimental et au romantisme avec le couple Ford / McGillis. Pour s'accélérer subitement sur la fin, comme si elle n'était qu'un prétexte.

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