Les films de prison sont
légions et parmi eux, certains demeurent anecdotiques quand d'autres
entrent véritablement dans la légende du septième art. Les
évadés
de Frank Darabont fait indéniablement partie de ces derniers. Une
œuvre d'une formidable intensité adaptée d'une nouvelle écrite
par un auteur dont on ne pouvait alors soupçonner à l'époque, la
grande profondeur : L'écrivain Stephen King, roi de l'horreur
et de l'épouvante, qui depuis un demi-siècle étend son univers de
fiction à travers une certaine interconnexion entre des personnages
et l'environnement dans lequel ils évoluent. L'un des axes centraux
de cet univers porte le nom de la ville imaginaire de Castle
Rock.
Une commune des États-Unis située au sud-est de Maine. Une ville
s'intégrant géographiquement dans le comté d'Oxford. Nombre de
romans et nouvelles de l'écrivain firent de cette petite localité,
le cadre de récits horrifiques. Et d'une manière plus large, le
Maine où se situe justement celui des Évadés.
Le titre original The Shawshank Redemption
reprend en partie celui de la nouvelle d'où est extrait le scénario
qu'a alors écrit Frank Darabont à l'attention de son projet
personnel. Publié pour la première fois aux États-Unis en 1982, le
recueil de nouvelles Different
Seasons
est constitué de quatre courts récits qui depuis ont tous été
adaptés sur grand écran. L'un d'entre eux, Rita
Hayworth and Shawshank Redemption,
situe son action dans un centre pénitentiaire imaginaire. La prison
de shawshank qui à l'origine était bien un pénitencier situé à
Mansfield mais qui depuis a été reconverti en musée. Son nom :
L'Ohio State Reformatory. Si depuis, Stephen King nous a habitué à
passer de l'horreur au drame et vice versa, à l'époque, la parution
de Different
Seasons
est du moins dans l'hexagone, un pavé dans la mare pour tous ceux
qui attendent chaque livraison ''horrifique'' de l'écrivain
américain. L'auteur de Simetierre,
du Fléau,
de Carrie
ou de Shining
aurait-il choisi de changer de braquet ? Pas vraiment si l'on
considère qu'il a malgré tout, toujours su développer des univers
qui ne s'attachaient pas strictement à décrire l'horreur du
quotidien mais bien à exploiter la personnalité et le caractère de
tout un tas de personnages bons ou mauvais. Cette faculté de
description qui en épuisa sans doute certains mais qui fait
foncièrement partie de son style narratif...
Les évadés
n'est donc pas un film d'horreur. Ni même une œuvre fantastique en
ce sens où tout repose sur toute une série d'éléments
terriblement concrets. Au départ, un fait-divers presque banal: Nous
sommes en 1948 et le banquier Andy Dufresne (Tim Robbins) est
condamné à deux peines de prison à vie pour le double meurtre de
sa femme et de son amant. Il est ainsi incarcéré à la prison
d'état de Shawshank où les premières années s'avèrent difficiles
puisqu'il est notamment malmené par trois hommes dont un certain
Bogs Diamond (l'acteur Mark Rolston que l'on pu notamment découvrir
en 1986 dans le rôle du deuxième classe Drake dans Aliens,
le retour de
James Cameron) ainsi que le tyrannique capitaine Byron T. Hadley
(Clancy Brown). Fort heureusement, Andy va s'entourer de sympathiques
co-détenus parmi lesquels, Ellis Boyd qu'interprète le formidable
Morgan Freeman. À ce titre, le public français louera la grande
qualité du doublage assuré par l'acteur Benoît Allemane). En
effet, le long-métrage nous est conté à travers la voix de ce
prisonnier condamné lui aussi pour meurtre. Les
évadés
est le premier long-métrage cinématographique de Frank Darabont qui
plus tard signera deux nouvelles adaptations de Stephen King (La
ligne verte en
1999 et The Mist
en 2007) et développera pour la télévision la série The
Walking Dead
dès 2010. Les évadés
est pétri de bons sentiments, de valeurs humanistes qui noient
littéralement les aspects les plus sombres d'une incarcération dans
un établissement où vivent des prisonniers de droit commun. Voleurs
et meurtriers s'y côtoient et c'est dans ce contexte éminemment
dangereux que va naître une réelle amitié entre les protagonistes,
le scénario développant en outre quelques travers à l'image de la
corruption qui gangrène l'autorité jusqu'à son sommet. Accompagné
par la partition du compositeur américain Thomas Newman, Les
évadés
est un formidable témoignage d'humanité et d'entraide, parsemé de
personnages iconiques, déployant des thématiques comme le retour à
la liberté après des décennies d'enfermement. À l'époque, Tim
Robbins est une véritable star du cinéma. Alors qu'il a déjà
tourné pour Adrian Lyne dans le cauchemardesque L'échelle
de Jacob en
1990, pour les frères Coen dans le génial Le
grand Saut
ou The Player
de Robert Altman en 1992 pour lequel il obtint le Prix
d'interprétation masculine à Cannes, le voilà une fois de plus sur
le devant de la scène à armes égales avec l'immense Morgan Freeman
dans cet authentique chef-d’œuvre du septième art....
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