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vendredi 1 septembre 2023

Il n'y a pas de fumée sans feu d'André Cayatte (1973) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

L'expression ''Il n'y a pas de fumée sans feu'' sert à merveille le récit de ce long-métrage signé en 1973 par le réalisateur et scénariste français André Cayatte tout en étant contraire aux événements qui y sont relatés. Celle-ci veut que des rumeurs naissent à partir d'un fond de vérité. Pourtant, connaissant l'histoire telle que l'auteur de Il n'y a pas de fumée sans feu la décrite, le spectateur étant le témoin privilégié des événements qui s'y déroulent est le seul à savoir qu'elle n'a, en réalité, pas sa place ici. C'est pourtant ainsi que certains ''observateurs'' loin d'imaginer la machination dont vont être les victimes un médecin généraliste et son épouse, exprimeront leur mécontentement vis à vis de ce couple pourtant irréprochable. Tout commence avec le meurtre d'un jeune colleur d'affiches. Le film débute de la même manière ou presque que l'excellent film que réalisa Pierre-Granier Deferre en 1975, Adieu poulet avec dans les rôles principaux, Lino Ventura, Patrick Dewaere et Victor Lanoux. Si Il n'y a pas de fumée sans feu adapte en partie l'Affaire Marković qui eut lieu à partir du 1er octobre 1968, le fait-divers qui rattache non seulement l’œuvre d'André Cayatte mais aussi celle de Pierre-Granier Deferre est celui qui se déroula en 1971, année durant laquelle lors d'une campagne municipale, un colleur d'affiches socialiste fut tué par arme à feu par des partisans du maire Charles Ceccaldi-Raynaud. Même si l'issue du long-métrage est différente des événements qui se déroulèrent par la suite, il est clair qu'à travers ce film le réalisateur et le scénariste Pierre Dumayet ont choisi de montrer certains aspects de la politique dont certains de ses représentants usent de tous les moyens mis à leur disposition pour arriver à leurs fins. Dans le cas de Il n'y a pas de fumée sans feu, l'impossibilité pour l'adjoint au maire sortant, Morlaix (excellent Michel Bouquet, comme à son habitude), de démontrer que le nouveau candidat aux futures élections (Bernard Fresson dans le rôle du Docteur Peyrac) a des squelettes dans un placard va le contraindre à user de méthodes peu recommandables.


Si Peyrac, avec l'appui d'une partie de la population, est bien décidé à se présenter aux futures élections et ainsi contrer le maire Boussard (André Falcon), c'est parce que tout comme son entourage, il veut combattre celui qu'il considère en partie responsable de la mort du colleur d'affiches. Ainsi que celle d'un autre homme qui fut témoin de son assassinat ! Peyrac étant irréprochable et estimé des habitants de la ville, Morlaix va se servir de Sylvie, l'épouse du docteur, et de ses fréquentations auprès d'Olga et Jérôme Leroy (Mireille Darc et Marc Michel), un couple de libertins qui organise chez lui des partouzes auxquelles n'a pourtant jamais participé Sylvie. Abritant sous leur toit le photographe Ulrich Berl (Mathieu Carrière), lequel a pour habitude de photographier les ébats sexuels des convives, Morlaix parvient à convaincre ce dernier de truquer l'une d'entre elles et d'y apposer le visage de Sylvie afin de les faire chanter, elle et son époux et ainsi contraindre Peyrac à retirer sa candidature... Sur près de deux heures, André Cayatte signe une œuvre sans concession où le doute plane au dessus de la tête de Sylvie, admirablement interprétée par Annie Girardot qui tournera un certain nombre de longs-métrages aux côtés du réalisateur. À ses côtés, Bernard Fresson ne dépareille pas dans cette sobriété qui caractérise son interprétation tandis que le spectateur est lui, seul ou presque à connaître la vérité. Si la tension est réelle pour les différents protagonistes, elle l'est également pour celui qui assiste derrière son écran de télévision à ce spectacle affligeant de politiciens près à détruire l'existence d'un homme et d'une femme (sans oublier leur fils qu'interprète le jeune Frédéric Simon). Bien que le thème sulfureux des parties fines organisées par des nantis figure en toile de fond, André Cayatte n'en n'use qu'avec parcimonie pour se concentrer sur l'essentiel : le combat d'un homme et de sa femme pour que la vérité éclate au grand jour. La mise en scène d'André Cayatte est sobre mais incisive et servie par une interprétation générale absolument remarquable. Une œuvre réaliste qui fait froid dans le dos...

 

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