Le lion est-il un mangeur
d'hommes ou tout ne repose-t-il que sur un mythe ? Le réponse
semble aller dans le sens de la légende puisque chaque recherche
semble invariablement renvoyer à la même histoire. Ce fait-divers
particulièrement effrayant qui prit fin le 29 décembre 1898, date à
laquelle fut abattu un lion de Tsavo après qu'il ait lui-même fait
au moins 28 victimes parmi les ouvriers d'un chantier de chemin de
fer situé à Mombasa au sud du Kenya. Il semblerait donc que ce
genre de fait soit rarissime. Tout comme à l'époque Steven
Spielberg et ses Dents de la mer tentèrent
de nous faire croire que les requins blancs appréciaient la chair
humaine alors qu'en temps normal, lui et tous ceux de son espèce
préfèrent se contenter des proies qu'ils ont l'habitude de chasser.
Passé ce petit détail qui a tout de même son importance, portons
notre attention sur Beast
du réalisateur islandais Baltasar Kormákur. Un artiste qui au grès
de ses désirs aime faire corps avec la nature et ses dangers. Comme
à l'occasion d'Everest
en 2015 ou d’À la dérive
trois ans plus tard. À travers son dernier long-métrage, le
réalisateur quitte les hauteurs ainsi que les profondeurs pour
s'attaquer à un cadre où les températures sont l'un problèmes
généralement essentiels lorsque l'on voyage par exemple en Afrique
du sud où se situe l'action. Une donnée qui va très vite passer au
second plan, voire même au troisième puisque les vacances qu'ont
prévu de passer en Afrique du sud le docteur Nate Samuels (l'acteur
britannico-sierra-léonais Idris Elba) et ses deux filles Norah (Leah
Jeffries) et Meredith (Lyana Halley) vont virer au cauchemar. En
ouverture l'on assiste au massacre d'un groupe de lions et de leurs
femelles auquel un seul spécimen de sexe mâle va réussir à
échapper. Rendu extrêmement dangereux, celui-ci va rôder dans la
savane, attaquer un village entier sans laisser le moindre survivant
et bientôt s'en prendre à Nathanael et sa petite famille ainsi qu'à
Martin, l'oncle des deux gamines. De ce postulat auquel le
réalisateur islandais ajoute un soupçon de drame familial (l'épouse
du héros est morte d'une grave maladie et la plus âgées de ses
deux filles lui reproche de l'avoir quittée), le film va se montrer
mi-figue, mi-raisin.
S'ensuivront
quelques séquences plutôt stériles lors desquelles le réalisateur
et les auteurs du scénario et de l'histoire originale Ryan Engle et
Jaime Primak Sullivan tenteront d'humaniser le docteur et ses deux
filles. Une tentative tuée dans l’œuf puisque au lieu de s'y
prendre de manière classique en créant d'entrée de jeu un
sentiment d'empathie pour les protagonistes, Baltasar Kormákur
choisit d'emblée de les projeter au cœur du danger, entrecoupant
son œuvre de séquences ''émotions'' pour lesquelles nous aurons
bien du mal à nous émouvoir. Tourné à Limpopo dans le nord de
l'ancienne province du Transvaal et à Cap-Nord dont le chef lieu est
Kimberley, Beast
bénéficie donc de décors somptueux, poussière, sueur et sang
bataillant avec l'énergie salvatrice du cinéma d'action. Ainsi que
de saisissants effets-spéciaux numériques (le rendu du lion est
parfois impressionnant). La guerre engagée entre l'homme et la bête
va faire l'objet d'affrontements visuellement incroyables. Et même
si l'on pourra regretter le manque d'hémoglobine (notre lion vengeur
serait-il végétarien?), certaines attaques du fauve s'avèrent
impressionnantes. On pense notamment à celle lors de laquelle
Nathanael est coincé sous une jeep. La traversée nocturne du
docteur dont l'objectif est de récupérer les clés d'un véhicule
appartenant à des braconniers est quant à elle parfaitement tendue.
Beast
offre du contenu pour les passionnés d'attaques animales. Pour
celles et ceux qui rechercheraient davantage de profondeur
psychologique, c'est ailleurs qu'il va falloir la rechercher. Et même
si Idris Elba campe un héros des plus convainquant, même si
certaines séquences peuvent se montrer effrayantes, le long-métrage
s'avère malheureusement scénaristiquement régressif. Mais ne
boudons pas notre plaisir. Et si ce dernier est éphémère puisque
il ne faudra pas plus de vingt-quatre heures pour oublier le film,
Beast
nous offre un ''sympathique'' voyage en Afrique du sud. Pas sûr
après cela que l'on réserve des billets d'avion pour cette
destination ...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire